Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
Vom Netzwerk:
de
leurs propres excès, le nombre en était inconnu.
    Cependant il est certain qu'il y avait
beaucoup de ces misérables qui avaient trouvé une horrible
sépulture dans la cendre brûlante des feux qu'ils avaient allumés,
ou qui s'étant glissés dans des caves et des celliers, soit pour y
boire en secret, soit pour y panser leurs blessures, ne revirent
jamais le jour. Bien des semaines après que le foyer de l'incendie
ne contenait plus qu'une cendre noire et froide, la bêche du
fossoyeur, mise en réquisition, ne laissa point de doute à cet
égard.
    Pendant les quatre grands jours de
l'insurrection, soixante-dix maisons particulières et quatre
prisons considérables avaient été détruites. La perte totale des
objets mobiliers, d'après l'estimation de ceux qui l'avaient subie,
était de cent cinquante mille livres sterling. À l'estimer au plus
bas, d'après l'évaluation plus impartiale de personnes
désintéressées, elle montait toujours bien à plus de cent
vingt-cinq mille livres. Cette perte immense fut bientôt après
couverte par une indemnité sur la fortune publique, en exécution
d'un vote de la chambre des Communes, la somme ayant été prélevée
sur les différents quartiers de Londres, et sur le comté et le
bourg de Southwark. Toutefois, lord Mansfield et lord Saville ne
voulurent ni l'un ni l'autre recevoir d'indemnité d'aucun
genre.
    La chambre des Communes dans sa séance du
mardi, avec ses portes fermées et bien gardées, avait émis une
résolution à l'effet de procéder, immédiatement après la fin des
émeutes, à l'examen des pétitions présentées par un grand nombre
des sujets protestants de Sa Majesté, et à leur prise en sérieuse
considération. Pendant qu'on débattait cette question,
M. Herbert, l'un des membres présents, se leva indigné et pria
la chambre de remarquer que lord Georges Gordon était là sur son
banc, au-dessous de la galerie, avec la cocarde bleue, signe de
ralliement de la rébellion, attachée à son chapeau. Non seulement
ceux qui siégeaient auprès de lui l'obligèrent de l'ôter ;
mais, quand il s'offrit à aller dans les rues pacifier l'émeute,
rien qu'avec la vague assurance que la chambre était disposée à
leur donner « la satisfaction qu'ils voulaient, »
plusieurs membres se réunirent pour le retenir de force sur son
banc. Bref, le désordre et la violence qui régnaient en vainqueurs
au dehors, pénétrèrent aussi dans le sénat, et là, comme ailleurs,
l'alarme et la terreur étaient à l'ordre du jour, et les formes
régulières furent un moment oubliées.
    Le mardi, les deux chambres s'étaient
ajournées au lundi suivant, déclarant impossible de continuer le
cours de leurs délibérations avec la gravité et la liberté
nécessaires, tant qu'elles seraient entourées par la troupe armée.
Mais, à présent que les révoltés étaient dispersés, les citoyens
furent assaillis par une autre crainte. En effet, en voyant les
places publiques et leurs lieux ordinaires de réunion remplis de
soldats autorisés à faire usage à discrétion de leurs fusils et de
leurs sabres, ils commencèrent à prêter une oreille avide au bruit
qui circulait de la proclamation d'une loi martiale et à des contes
effrayants de prisonniers qu'on aurait vus pendus aux lanternes de
Cheapside et de Fleet-Street. Ces terreurs ayant été promptement
dissipées par une proclamation déclarant que tous les perturbateurs
seraient jugés par une commission spéciale, constituée conformément
à la loi, on eut une autre alerte. Il se disait tout bas, d'un bout
de la ville à l'autre, qu'on avait trouvé de l'argent français sur
quelques insurgés, et que ces troubles avaient été soudoyés par les
puissances étrangères, pour arriver au renversement et à la ruine
de l'Angleterre. Cette sourde rumeur, entretenue par des placards
anonymes semés avec profusion, quoique dénués probablement de tout
fondement, tenait sans doute à la découverte de quelques pièces de
monnaie qui n'étaient point de fabrication anglaise, trouvées, avec
d'autres objets volés, en fouillant les poches des rebelles, ou sur
les prisonniers arrêtés et les cadavres des victimes. Cela
n'empêcha pas que ce bruit, une fois répandu, produisit une grande
sensation, et, au milieu de cette excitation générale qui dispose
les gens à saisir avidement toute nouvelle alarmante, il fut
colporté avec une merveilleuse activité.
    Cependant, comme la tranquillité ne se
démentit pas

Weitere Kostenlose Bücher