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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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de vos criailleries de femme… marmotta-t-il entre ses
dents, en essayant encore de passer.
    – Non. Je viens pour autre chose, qu'il
faut que vous entendiez. Si ce n'est pas ce soir, c'est demain. Si
ce n'est pas demain, ce sera un autre jour ; mais il faut que
vous l'entendiez. Mon mari, il n'y a point d'espoir pour vous de
vous sauver de là… c'est impossible.
    – Et c'est vous qui venez me dire
ça ? » En même temps il leva sa main chargée de fers et
l'en menaça. « Ah ! c’est vous ?
    – Oui, dit-elle, avec une vivacité
inexprimable, c’est moi. Mais pourquoi ?
    – Sans doute pour me tranquilliser dans
cette prison. Pour me faire passer agréablement le temps d'ici
jusqu'à ma mort. Pour mon bien… oui, pour mon bien sans aucun
doute, dit-il en grinçant des dents et en lui adressant un sourire
avec sa face livide.
    – Non, ce n'est pas pour vous accabler de
reproches, répliqua-t-elle ; non, ce n'est pas pour aggraver
les misères et les tortures de votre situation ; non, ce n'est
pas pour vous dire une seule parole amère : c'est au contraire
pour vous rendre l'espérance et la paix. Mon mari, mon cher mari,
avouez seulement ce crime abominable ; implorez seulement le
pardon du ciel et de ceux que vous avez offensés sur la terre.
Écartez seulement ces vaines pensées qui vous troublent, et qui ne
se réaliseront jamais, pour ne compter que sur votre repentir et
votre sincérité, et je vous promets, au nom suprême du créateur,
dont vous avez détruit l'image, qu'il vous donnera aide et
consolation. Et moi, cria-t-elle en joignant les mains et en levant
les yeux au ciel, je jure devant lui, devant lui qui connaît mon
cœur et qui peut y lire la vérité de mes paroles, je vous promets,
à partir de ce moment-là, de vous aimer tendrement comme autrefois,
de veiller sur vous nuit et jour durant le court intervalle qui
nous reste, de vous prodiguer les témoignages de ma plus fidèle
affection comme je le dois, de joindre mes prières aux vôtres pour
que Dieu suspende le jugement qui menace votre tête, pour qu'il
épargne notre fils et lui permette de bénir ici son saint nom, de
son mieux, le pauvre enfant, à l'air libre et à la clarté du
jour. »
    Il recula et fixa ses yeux sur elle, pendant
qu'elle lui adressait ces prières ardentes, comme s'il était un
moment frappé de respect pour elle, et qu'il ne sût que faire. Mais
la crainte et la colère prirent bientôt le dessus, et il la
repoussa avec mépris.
    « Allez-vous-en ! cria-t-il.
Laissez-moi. Vous complotez contre moi, n'est-ce pas ? Vous
voulez me faire parler, pour aller dire que je suis bien ce qu'on
soupçonne. Malédiction sur vous et votre enfant !
    – Hélas ! elle est déjà tombée sur
lui, la malédiction, répliqua-t-elle en se tordant les mains.
    – Qu'elle y tombe plus lourdement
encore ! Qu'elle tombe sur lui et sur vous tous ! Je vous
déteste tous les deux. Je n'ai plus rien à perdre. La seule
consolation qui puisse me rester et que je me souhaite, c'est de
savoir avant de mourir que la malédiction vous atteint. À présent,
partez. »
    Elle allait encore lui faire de douces
instances, même après cet éclat de fureur ; mais il menaça de
la frapper de sa chaîne.
    « Je vous le répète, partez… je vous le
répète pour la dernière fois. Le gibet me tient dans ses griffes,
et c'est un noir fantôme qui peut me porter encore à d'autres
excès. Allez-vous-en ! Je maudis l'heure où je suis né,
l'homme que j'ai tué, et toutes les créatures vivantes de ce
monde. »
    Dans un paroxysme de rage, de terreur, de
crainte de la mort, il la repoussa, pour se précipiter dans les
ténèbres de sa cellule, où il se jeta pantelant sur le carreau,
qu'il grattait de ses mains enchaînées. Le geôlier revint fermer la
porte du cachot, et emmena ensuite la malheureuse femme.
    Dans cette nuit de juin, chaude et embaumée,
il y avait par toute la ville des visages heureux et des cœurs gais
et légers, qui savouraient doublement la douceur d'un sommeil
depuis plusieurs jours inconnu, au milieu des horreurs qui venaient
d'avoir lieu. Cette nuit-là, chacun chez soi se réjouissait en
famille ; on se félicitait les uns les autres d'avoir échappé
au danger commun ; ceux qui avaient été désignés pour victimes
par l'émeute, s'aventuraient à sortir dans les rues ; ceux qui
avaient été pillés, allaient gagner quelque bon refuge ; même
le pusillanime lord-maire, qui avait été

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