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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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suspendre sa respiration comme
s'il était en train de se réveiller. Cependant il se roula sur le
côté, laissa pendre son bras négligemment poussa un long soupir et,
murmurant quelques mots inintelligibles, retomba aussitôt dans le
sommeil.
    Légèrement rassuré par ce répit, le bourreau
détourna un moment les yeux de son compagnon endormi, et jeta un
coup d'œil autour du cachot pour voir s'il ne trouverait pas
quelque endroit favorable ou quelque arme propice pour se défendre.
Il n'y avait pas d'autre meuble qu'une mauvaise table, qu'on ne
pouvait déranger sans faire du bruit, et une lourde chaise. Il se
glissa sur la pointe du pied vers ce dernier article de mobilier,
l'emporta dans le coin le plus reculé, et le mettant devant lui
pour s'en faire un rempart, il surveilla de là les mouvements de
l'ennemi avec la plus grande vigilance et une extrême défiance.
    L'homme qui dormait là, c’était Hugh. Et
naturellement Dennis devait se trouver dans un état d'attente assez
pénible, et souhaiter à part lui que l'autre ne se réveillât
jamais. Fatigué de rester debout, il s'accroupit dans son coin au
bout de quelque temps, et finit par s'asseoir sur le pavé glacé.
Cependant, quoique la respiration de Hugh annonçât toujours qu'il
dormait d'un bon somme, il ne pouvait se résoudre à le quitter des
yeux un instant. Il en avait si grand'peur, il redoutait tellement
un assaut subit de sa part, que, non content d'observer ses yeux
fermés au travers des barreaux de la chaise, il se levait en
tapinois de temps en temps sur ses pieds pour le regarder, le cou
tendu, et s'assurer qu'il était réellement bien endormi, et qu'il
n'allait pas profiter d'un moment de surprise pour s'élancer sur
lui.
    Hugh dormit si longtemps et si profondément,
que M. Dennis commença à croire qu'il ne se réveillerait pas
avant la visite du porte-clefs. Déjà il se félicitait de cette
supposition flatteuse, et bénissait son étoile avec ferveur, quand
il se manifesta deux ou trois symptômes assez peu rassurants, comme
par exemple un nouveau mouvement du bras, un nouveau soupir, une
agitation incessante de la tête ; puis, juste au moment où le
dormeur allait tomber lourdement à bas de ce lit étroit, les yeux
de Hugh s'ouvrirent.
    Le hasard voulut que sa figure se trouvât
précisément tournée du côté de son visiteur inattendu, il le
regarda bien une douzaine de secondes tranquillement, sans avoir
l'air d'être surpris ni de le reconnaître. Puis tout à coup il fit
un bond et prononça son nom avec un gros juron.
    « N'approchez pas, camarade, n'approchez
pas, cria Dennis, se cachant derrière la chaise, ne me touchez pas.
Je suis prisonnier comme vous. Je n'ai pas la liberté de mes
membres. Je ne suis qu'un pauvre vieux. Ne me faites pas de
mal. »
    Il prononça les derniers mots d'un air si
câlin et d'un ton si piteux, que Hugh, qui avait saisi la chaise et
la tenait en l'air pour lui en asséner un coup, se retint et lui
dit de se relever.
    « Oui certainement, camarade, je vais me
relever, cria Dennis, prompt à l'apaiser par tous les moyens en son
pouvoir ; je ne demande pas mieux que de faire tout ce qui
peut vous être agréable, bien sûr ; là ! me voici relevé.
Qu'est-ce que je puis faire pour vous ? Vous n'avez qu'un mot
à dire, et je le ferai.
    – Ce que vous pouvez faire pour
moi ! cria Hugh, en l'empoignant par le collet avec ses deux
mains et le secouant aussi rudement que s'il voulait lui couper la
respiration. Et qu'est-ce que vous avez fait pour moi ?
    – J'ai fait de mon mieux, ce que je
pouvais faire de mieux. » répondit le bourreau.
    Hugh, sans répliquer, le secoua dans ses
serres vigoureuses à lui faire branler les dents dans la mâchoire,
le lança par terre, et alla se rejeter lui-même sur son banc.
    « Si ce n'était pas le plaisir que je
ressens au moins de vous voir ici, murmura-t-il entre ses dents, je
vous aurais écrasé la tête contre la muraille ; oh ! oui,
et ça ne serait pas long. »
    Il se passa quelque temps avant que Dennis eût
retrouvé sa respiration pour
pouvoir parler ; mais sitôt qu'il put reprendre son langage
humble et soumis, il n'y manqua pas. « Oui, j'ai fait de mon
mieux, dit-il d'un ton caressant ; savez-vous que j'avais là
deux baïonnettes dans les reins, et je ne sais pas combien de
cartouches à mon service, pour me forcer à aller où vous étiez, et
que, si vous n'aviez pas été pris, vous auriez été tué à coups

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