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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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personne, quelle que fût
sa misère. Il ajouta qu’elle avait tenu parole jusqu'au dernier
moment, et que le rencontrant dans les rues, même lui, qui, à ce
qu'il paraît, l'avait autrefois tendrement aimée, elle avait fait
un détour pour échapper à sa vue, et qu'il ne l'avait plus revue
depuis, que le jour où, se trouvant dans un des fréquents
rassemblements de Tyburn, avec quelques-uns de ses rudes
compagnons, il était devenu presque fou, en la voyant, mais sous un
autre nom, parmi les criminels dont il était venu contempler la
mort. Là donc, debout sur la même planche où elle avait figuré
avant lui, il raconta tout cela au bourreau, et lui dit le vrai nom
de la femme, qui n'était connu que de sa tribu et du gentleman pour
l'amour duquel elle avait abandonné les siens… Ce nom, sir John, il
ne veut plus le dire qu'à vous.
    – Qu'à
moi ! s'écria le chevalier s'arrêtant dans le geste de porter
sa tasse à ses lèvres, d'une main ferme comme un roc, et courbant
en l'air son petit doigt, pour déployer à son avantage la splendeur
d'une bague de diamant dont il était orné. Qu'à moi !… mon
cher monsieur Varden. À quoi bon, je vous prie, me choisir tout
exprès pour me faire cette confidence, quand il avait sous sa main
un homme aussi digne que vous de toute sa
confiance ?
    – Sir John,
sir John, répondit le serrurier, demain à midi ces hommes-là seront
morts, Écoutez le peu de mots que j'ai encore à vous dire, et
n'espérez pas me tromper. Car je ne suis, il est vrai, qu'un homme
simple et humble de condition, tandis que vous, vous êtes un
gentleman de haut rang et de grand savoir ; mais la vérité
m'élève à votre niveau, et je sais que vous devinez où j'en veux
venir, et que vous êtes convaincu que Hugh le condamné est votre
fils.
    – Par
exemple ! dit sir John, en le raillant d'un ton badin ;
je ne suppose pas que ce gentleman sauvage, qui est mort si
subitement, soit allé jusque-là.
    – C'est vrai,
reprit le serrurier, car elle lui avait fait prêter serment,
d'après un rite connu seulement de ces gens-là, et que les plus
détestables parmi eux respectent comme sacré, de ne point dire
votre nom ; seulement, il avait sculpté sur sa canne un dessin
fantastique où l'on voyait quelques lettres, et quand le bourreau
la reçut de ses mains, l'autre lui recommanda particulièrement,
s'il devait jamais rencontrer plus tard le fils de la Bohémienne,
de ne pas oublier l'endroit désigné par ces lettres.
    – Quel
endroit ?
    – Chester. »
    Le chevalier
acheva sa tasse de chocolat avec l'air d'y trouver un plaisir
infini, et s'essuya soigneusement les lèvres sur son
mouchoir.
    « Sir John,
dit le serrurier, voilà tout ce qu'il m'a dit ; mais, depuis
que ces deux hommes ont été laissés ensemble, en attendant la mort,
ils ont conféré ensemble très intimement. Allez les voir, allez
entendre ce qu'ils peuvent vous dire de plus. Voyez ce Dennis. il
vous apprendra ce qu'il n'a pas voulu me confier à moi-même. Vous
qui tenez maintenant le fil dans les mains, si vous voulez quelque
confirmation de tous ces faits, rien ne vous est plus
aisé.
    – Ah çà,
qu'est-ce donc, mon cher, mon bon, mon estimable monsieur
Varden ? car, en vérité, malgré moi, je ne puis pas me fâcher
contre vous, dit sir John Chester en se relevant de son oreiller et
s'appuyant sur son coude ; qu'est-ce donc que tout cela
signifie ?
    – Je vous
prends pour un homme, sir John, et je suppose que cela signifie
qu'il faut réveiller quelque affection naturelle dans votre
cœur ; qu'il faut tendre tous vos nerfs e t déployer toutes les facultés et l'influence
dont vous pouvez jouir en faveur de votre misérable fils et de
l'homme qui vous a révélé son existence. Au moins devez-vous, je
suppose, aller voir votre fils, pour lui inspirer l'horreur de son
crime et le sentiment du danger qui le menace : car pour le
moment il y est insensible. Jugez de ce qu'a dû être sa vie, par ce
que je lui ai entendu dire, que si je réussissais à vous déranger
le moins du monde, ce ne serait que pour faire hâter sa mort, si
vous en aviez le pouvoir, parce qu'elle vous répondrait de son
silence ! – Et est-il possible, mon bon monsieur Varden,
dit sir John d'un ton de doux reproche, est-il réellement possible
que vous ayez vécu jusqu'à l'âge que vous avez, et que vous soyez
resté assez simple et assez crédule pour venir trouver un gentleman
d'un caractère bien connu, avec

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