Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
Vom Netzwerk:
rangs
de la troupe, on amena une autre charrette (celle dont nous avons
déjà parlé servait à la construction de l'échafaud), et on la roula
jusqu'à la porte de la prison. Après ces préparatifs, les soldats
purent mettre l'arme au pied : les officiers se promenaient de
long en large dans le passage qu'ils avaient pratiqué, ou causaient
ensemble au pied de l'échafaud. Quant à la foule qui s'était
rapidement accrue depuis quelques heures, et qui recevait encore de
nouveaux renforts à chaque minute, elle attendait midi avec une
impatience que redoublait chaque carillon de l'horloge du
Saint-Sépulcre.
    Jusqu'à ce moment la foule était restée
tranquille, et même, vu les circonstances, comparativement
silencieuse, excepté quand l'arrivée de quelque nouvelle société à
une fenêtre encore inoccupée fournissait l'occasion de regarder par
là et de faire quelques observations. Mais, à mesure que l'heure
approchait, il s'éleva un bourdonnement, un murmure qui, croissant
de moment en moment, finit par devenir un tumulte assez fort pour
remplir l'air d'alentour.
    Il n'y avait pas moyen d'entendre
distinctement des mots ni même des voix dans cette clameur, et
d'ailleurs on ne se parlait guère les uns aux autres : si ce
n'est que, par exemple, ceux qui se prétendaient mieux informés,
disaient peut-être à leurs voisins qu'ils reconnaîtraient bien le
bourreau quand il paraîtrait, parce qu'il était plus petit que
l'autre ; ou bien que l'homme qui devait être pendu avec lui
s'appelait Hugh, et que c'était Barnabé Rudge qu'on pendrait à
Bloomsbury-Square.
    À l'approche du moment fatal, le bourdonnement
devint si fort, que ceux qui étaient aux fenêtres ne pouvaient pas
entendre sonner l'heure à l'horloge de l'église, quoiqu'elle fût
tout près d'eux. Il est vrai qu'ils n'avaient pas besoin de
l'entendre, ils pouvaient bien la voir sur le visage des gens. Il
n'y avait pas plus tôt un nouveau quart de sonné, qu'il se faisait
un mouvement dans la foule… comme s'il venait de leur passer
quelque chose sur la tête… comme s'il y avait un changement subit
dans la température… et dans ce mouvement on pouvait lire le fait
comme sur un cadran d'airain avec le bras d'un géant pour
aiguille.
    Onze heures trois quarts ! le murmure
devient étourdissant, et cependant chacun a l'air d'être muet.
Regardez partout où vous voudrez dans la foule, et vous ne voyez
que des yeux tendus, des lèvres serrées. L'observateur le plus
vigilant aurait eu bien de la peine à vous montrer tel point ou tel
autre, et à vous dire : « Tenez, c'est l'homme de là-bas
qui vient de crier. » Il serait aussi facile de voir une
huître remuer les lèvres dans son écaille.
    Onze heures trois quarts ! Bon nombre de
spectateurs, qui s'étaient retirés de leurs fenêtres, reviennent
restaurés, comme si c'était l'heure juste où ils doivent reprendre
leur faction. Ceux qui s'étaient endormis se réveillent, et chacun
dans la foule fait un dernier effort pour se ménager une meilleure
place, ce qui occasionne une presse effrayante contre les
balustrades, et les fait céder et ployer sous le poids comme de
simples roseaux. Les officiers, qui jusque-là s'étaient tenus en
groupes, vont reprendre leurs positions respectives, et commander
la manœuvre, le sabre en main : « Portez armes !
« et l'acier poli, en circulant à travers la foule, brille et
s'agite au soleil comme les eaux d'un fleuve. Au milieu de cette
traînée éclatante, deux hommes amènent vivement un cheval qu'on se
dépêche d'atteler à la charrette qui est à la porte de la
prison ; puis un profond silence remplace le tumulte qui
n'avait fait jusque-là que s'accroître, et après cela un moment de
calme pendant lequel tout le monde retient sa respiration. Pour le
coup, chaque croisée était bouchée par les têtes etagées les unes
sur les autres : les toits grouillaient de gens, qui
s'attachaient aux cheminées, qui avançaient le corps par-dessus les
gouttières, qui se tenaient n'importe où, au risque de se voir
entraînés sur le pavé de la rue par la première tuile qui viendrait
à leur manquer dans la main. La tour de l'église, le toit de
l'église, le cimetière de l'église, les plombs de la prison,
jusqu'aux tuyaux de descente et aux poteaux de réverbères, il n'y a
pas un pouce de terrain qui ne fourmille de créatures humaines.
    Au premier coup de midi, la cloche de la
prison commença à tinter. Alors le tumulte,

Weitere Kostenlose Bücher