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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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ainsi. C'est un assassinat. »
    On lui mit le pied sur l'enclume : mais
là même on entendait ses vociférations au-dessus du fracas des
marteaux entre les mains des serruriers, et de la rage enrouée de
la foule ; il criait qu'il connaissait la naissance de Hugh…
que son père était vivant, et que c’était un gentilhomme d'une
naissance et d'un rang distingués… qu'il possédait des secrets de
famille importants ; qu'il ne pouvait les révéler si on ne lui
en donnait pas le temps, et qu'on le forcerait à mourir en les
ayant sur la conscience. Enfin il ne cessa de déraisonner que
lorsque la voix lui manqua, et qu'il tomba comme un paquet de linge
sale entre les mains de ses deux gardiens.
    C'est à ce moment que l'horloge frappa le
premier coup de midi, et que la cloche de la prison commença à
tinter. Les différents employés de la prison, avec deux shériffs à
leur tête, se mirent en marche vers la porte. Tout était prêt quand
le dernier coup de l'heure frappa les oreilles.
    On en avertit Hugh en lui demandant s'il
n'avait pas quelque chose à dire.
    « À dire ! s'écria-t-il ; moi,
non ; je suis tout prêt… Ah ! mais si, ajouta-t-il en
jetant les yeux sur Barnabé ; j'ai un mot à dire en effet.
Viens ici, mon garçon. »
    Il y avait en ce moment quelque chose de bon,
même de tendre, en désaccord avec son visage farouche, quand il
saisit son pauvre camarade par la main.
    « Voilà ce que j'ai à dire, cria-t-il en
regardant d'un œil ferme autour de lui ; c'est que quand
j'aurais dix vies à perdre, et que la perte de chacune d'elles
devrait me donner dix fois l'agonie de la mort la plus douloureuse,
je les donnerais toutes… oui, messieurs là-bas qui avez l'air de ne
pas me croire… je les donnerais toutes les dix pour sauver
seulement celle-là… seulement celle-là, répéta-t-il en serrant
encore la main de Barnabé… celle qu'il va perdre par ma faute.
    – Ce n'est pas par votre faute, dit
l'idiot avec douceur, ne dites pas ça ; il n'y a pas de
reproche à vous faire : vous avez toujours été très bon pour
moi… Hugh, nous allons enfin savoir qu'est-ce qui fait briller les
étoiles, à présent.
    – Je l'ai enlevé à sa mère par surprise,
sans savoir qu'il dût en résulter tant de mal, dit Hugh, lui posant
la main sur la tête et parlant d'un ton de voix moins élevé ;
je la prie de me pardonner, et toi aussi, Barnabé… Tenez,
ajouta-t-il avec énergie, regardez ! voyez-vous bien ce
garçon-là ?
    – Oui, oui, murmura-t-on de tous côtés,
sans trop savoir pourquoi cette question.
    – Le gentleman de là-bas… il montra
l'aumônier… m'a souvent entretenu ces jours derniers de foi et de
ferme croyance. Vous voyez tous ce que je suis… plutôt une brute
qu'un homme : on me l'a dit assez de fois… Eh bien ! avec
tout cela j'avais assez de foi pour croire, et je l'ai cru aussi
fortement que pas un de vous, messieurs, peut croire quelque chose,
que cette vie-là, du moins, serait épargnée. Voyez-le !
regardez-le ! »
    Barnabé avait fait un pas vers la porte, où il
se tenait debout en lui faisant signe de le suivre.
    « Si ce n'était pas là de la foi, si ce
n'était pas là une ferme croyance, cria Hugh, tenant son bras
étendu en avant et levant les yeux au ciel dans l'attitude d'un
prophète sauvage que l'approche de la mort a rempli d'une
inspiration fatidique, alors c'est qu'il n'y en a pas. Quel autre
sentiment pouvait m'apprendre… avec une naissance comme la mienne
et une éducation comme celle que j'ai reçue, à espérer encore de la
pitié dans ce lieu barbare, cruel, impitoyable ? Moi qui n'ai
jamais joint les mains pour prier, j'invoque sur cette boucherie
humaine la colère de Dieu ; sur cet arbre de deuil, dont je
vais être le fruit mûr suspendu à la branche qui m'attend,
j'appelle la malédiction de toutes ses victimes, passées, présentes
et à venir, sur la tête de l'homme qui, dans sa conscience, sait
bien que je suis son fils, je dépose le vœu qu'il ne meure pas dans
son lit de duvet, mais de mort violente comme moi, et qu'il n'ait
pas d'autre pleureur à ses funérailles que le vent de la nuit. Et
là-dessus, ainsi soit-il ! ainsi soit-il ! »
    Son bras retomba à son côté ; il se
retourna et se dirigea vers eux d'un pas assuré. Il était redevenu
le même homme qu'auparavant.
    « Vous n'avez rien de plus à
dire ? » reprit le gouverneur.
    Hugh fit signe à Barnabé de ne pas l'approcher
(sans

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