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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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cloches des tours
de l'église, marquant la marche… plus lente et plus discrète
pendant le sommeil de la ville endormie, de ce grand Veilleur à
tête grise, qui ne connaît pour lui ni sommeil ni repos. Dans le
court intervalle des ténèbres et du calme dont jouissent les villes
après la fièvre de la journée, tout bruit d'affaires s'éteint, et
ceux qui, par hasard, s'éveillent de leurs songes, restent à
écouter dans leurs lits, à soupirer après l'aube, à regretter que
la fin de la nuit ne soit pas encore écoulée.
    Dans la rue, en dehors du long mur de la
prison, des ouvriers vinrent en flânant à cette heure solennelle,
par groupes de deux ou trois, et, en se rencontrant sur la
chaussée, ils posèrent leurs outils par terre et se mirent à
chuchoter entre eux. D'autres sortirent bientôt de la prison même,
portant sur leur dos des planches et des charpentes. Quand ils
eurent sorti tous ces matériaux, les premiers se mirent à la
besogne à leur tour, et le son lugubre des marteaux commença à
retentir dans les rues jusque-là silencieuses.
    Çà et là, parmi ces ouvriers réunis, on en
voyait un, avec une lanterne ou une torche fumante à la main, se
tenir auprès des autres pour les éclairer dans leur travail ;
et à l'aide de cette lueur douteuse on en entrevoyait quelques-uns
dans l'ombre qui arrachaient des pavés sur le chemin, pendant que
d'autres tenaient tout droits de grands poteaux ou les fixaient
dans des trous préparés d'avance pour les recevoir. D'autres
amenaient lentement à leurs camarades une charrette vide, qui
grondait derrière eux en sortant de la prison ; pendant que
d'autres, enfin, dressaient de longues barricades en travers de la
rue. Ils étaient tous très occupés à leur ouvrage. Leurs figures
sombres, qui se mouvaient de droite et de gauche, à cette heure
inaccoutumée, si actives et si silencieuses, auraient pu passer
pour des ombres de revenants employés, à l'heure de minuit, à
quelque ouvrage fantastique, qui s'évanouirait comme elles au chant
du coq, au premier rayon du jour, ne laissant plus à leur place que
le brouillard et les vapeurs du matin.
    Tant qu'il fit encore noir, il s'amassa sur la
place un petit nombre de curieux, qui étaient venus tout exprès
avec l'intention d'y rester. Ceux même qui ne traversaient la place
qu'en passant pour aller ailleurs, s'arrêtaient là quelque temps
comme par un attrait irrésistible. Cependant le bruit de la scie et
du maillet allait son train gaillardement, mêlé au fracas des
planches qu'on jetait sur le pavé de la chaussée, et de temps en
temps aux voix des ouvriers qui s'appelaient les uns les autres.
Toutes les fois qu'on entendait le carillon de l'église voisine, et
c'était à chaque quart d'heure, une étrange sensation, instantanée
et inexprimable, mais bien visible, courait comme un frisson sur le
corps de tous les assistants.
    Petit à petit on vit apparaître à l'orient une
faible lueur, et l'air, qui était resté chaud toute la nuit, devint
froid et glacé. Ce n'était pas encore le jour, mais l'obscurité
diminuait, et les étoiles pâlissaient. La prison, qui n'avait été
jusque-là qu'une masse noire sans figure et sans forme, prit son
aspect accoutumé, et de temps à autre on put voir sur son toit un
veilleur solitaire s'arrêter pour regarder de là les préparatifs
qu'on faisait dans la rue. Comme cet homme faisait, en quelque
sorte, partie de la prison même, et qu'il savait, ou du moins on
pouvait le supposer, tout ce qui s'y passait, il devenait par cela
même l'objet d'un intérêt particulier, et on regardait sa
silhouette, on se la montrait les uns aux autres avec autant de
vivacité que si c'était un esprit.
    Cependant la faible lueur devint plus
éclatante, et les maisons, avec leurs inscriptions et leurs
enseignes, se détachèrent distinctement sur le fond grisâtre du
matin. De grosses voitures publiques sortirent lourdement de la
cour d'auberge vis-à-vis, avec les voyageurs avançant la tête pour
avoir leur part du coup d'œil ; et en s'en allant cahin-caha,
chacun d'eux jetait en arrière un dernier regard sur la prison.
Puis bientôt les premiers rayons du soleil vinrent éclairer la rue,
et l'œuvre nocturne qui, dans ses divers progrès et surtout dans
l'imagination variée des spectateurs, avait pris cent formes
successives, possédait enfin sa vraie et due forme, … c'était un
échafaud et un gibet.
    Dès que la chaleur d'un jour éclatant commença
à se

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