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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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mêlé maintenant des
cris de : « À bas les chapeaux ! » et de :
« Les pauvres diables ! » et par-ci par-là dans la
foule de quelques cris et de quelques gémissements, éclata avec une
force nouvelle. C'était affreux à voir (si on avait rien pu voir
dans ce moment d'excitation et de terreur) tout ce pêle-mêle d'yeux
avides braqués sur l'échafaud et la potence.
    Le murmure sourd se faisait entendre dans la
prison aussi distinctement qu'au dehors. Pendant qu'il résonnait
dans l'air, on amena les trois prisonniers dans la cour ; ils
savaient bien ce que c'était que tout ce bruit.
    « Entendez-vous ? cria Hugh, sans en
éprouver aucun souci. Ils nous attendent. Je les ai entendus qui
commençaient à se rassembler, quand je me suis éveillé cette nuit,
et je me suis retourné de l'autre côté pour me rendormir tout de
suite. Nous allons voir l'accueil qu'ils vont faire au bourreau, à
présent que c'est son tour. Ha ! ha !
ha ! »
    L'aumônier, qui arrivait justement en ce
moment, le gronda de sa joie indécente et l'avertit de changer de
conduite.
    « Et pourquoi ça, notre maître ? dit
Hugh. Qu'est-ce que je peux faire de mieux que de ne pas m'en
désoler ? Il me semble que vous, vous ne vous en désolez pas
trop non plus. Oh ! vous n'avez pas besoin de me le dire,
cria-t-il au moment où l'autre allait parler, vous n'avez pas
besoin de prendre vos airs tristes et solennels, je sais bien que
vous ne vous en souciez guère. On dit qu'il n'y a personne comme
vous dans Londres pour savoir faire une salade de homards.
Ha ! ha ! je savais ça, comme vous voyez, avant de venir
ici. Allez-vous en avoir une bonne, ce matin ? Avez-vous jeté
un coup d'œil au déjeuner ? J'espère qu'il y en a à gogo pour
toute cette compagnie affamée qui prendra place à table avec vous,
quand la comédie sera finie.
    – Je crains bien, fit observer le
ministre en secouant la tête, que vous ne soyez incorrigible.
    – Vous avez raison. Je le suis, répliqua
Hugh sévèrement. Pas d'hypocrisie, notre maître. Puisque c'est pour
vous un jour de plaisir et de régal tous les mois, laissez-moi me
régaler et prendre du plaisir à ma manière. S'il vous faut
absolument un garçon qui se meure de peur, il y en a là un qui fera
bien votre affaire : vous n'avez qu'à essayer votre pouvoir
sur lui. »
    En même temps il lui montra Dennis que deux
hommes tenaient entre eux, se traînant à peine sur ses jambes et si
tremblant que toutes ses articulations et ses jointures avaient
l'air d'être agitées par des convulsions ; puis détournant la
tête de cet ignoble spectacle, il appela Barnabé qui se tenait à
part.
    « Courage, Barnabé ! ne te laisse
pas abattre mon garçon, c'est bon pour lui.
    – Ma foi ! cria Barnabé, en
s'approchant vers lui d'un pas léger, je n'ai pas peur, Hugh. Je
suis très content. On m'offrirait maintenant de me laisser la vie
que je n'en voudrais pas ; regardez-moi, trouvez-vous que
j'aie l'air d'avoir peur de mourir ? Croyez-vous qu'ils
pourront me voir trembler, moi ? »
    Hugh contempla un moment ses traits, où il y
avait un sourire étrange qui n'était pas de ce monde ; son œil
vif étincela, et se mettant entre lui et l'aumônier, il murmura
rudement quelques mots à l'oreille de ce dernier.
    « Tenez ! notre maître, si j'étais à
votre place, je ne lui en dirais pas bien long. Vous avez beau
avoir l'habitude de ces choses-là, cette fois-ci ça pourrait vous
gâter l'appétit pour votre déjeuner. »
    Barnabé était le seul des trois condamnés qui
se fût levé et eût fait sa toilette le matin. Les autres n'y
avaient pas songé seulement une fois, depuis que leur sentence
avait été prononcée. Il portait encore à son chapeau les débris de
ses plumes de paon, et tous ses atours ordinaires étaient disposés
sur sa personne avec le même soin. Son œil de feu, son pas ferme,
son port fier et résolu, auraient fait honneur à quelque haut
exploit de véritable héroïsme, à quelque acte de sacrifice
volontaire, inspiré par une noble cause et un honnête enthousiasme.
Quel dommage de les voir honorer la mort d'un rebelle !
    Mais tout cela ne faisait encore qu'ajouter à
son crime. C'était le comble de l'audace. Ainsi l'avait déclaré
l'arrêt ; il fallait bien que cela fut. Le bon ministre
lui-même avait été grandement choqué, pas plus tard qu'un quart
d'heure avant, de voir comme il avait fait des adieux à Grip. Un
homme, dans sa

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