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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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donner… la fuite
ailée des minutes qui formaient des heures, comme par enchantement…
la venue rapide de la nuit solennelle… l'ombre de la mort planant
toujours sur eux, dont cependant l'obscurité ténébreuse n'empêchait
pas les détails les plus communs et les plus triviaux de surgir au
milieu de l'horreur dont ils étaient frappés, pour les forcer à les
contempler… l'impossibilité de conserver leur esprit, quand ils y
eussent été disposés, dans un état de pénitence et de préparation
dernière, ou même de le tenir fixé sur toute autre chose que
l'image hideuse qui fascinait toutes leurs facultés, voilà ce
qu'ils avaient tous de commun ; il n'y avait de différence que
dans les signes extérieurs.
    « Allez nous chercher le livre que j'ai
laissé là dedans… sur votre lit, dit-elle à Barnabé en entendant
sonner l'heure. Embrassez-moi d'abord. »
    Il regarda son visage et vit bien dans ses
traits que le moment était venu. Après s'être tenus longtemps dans
les bras l'un de l'autre, il s'arracha de ceux de sa mère, en lui
recommandant de ne pas bouger avant son retour. Il ne fut pas long
à revenir, car il avait été rappelé par un cri déchirant… Mais elle
était partie.
    Il courut à la porte de la cour, pour regarder
au travers. Il vit qu'on l'emportait. Elle lui avait dit que son
cœur se briserait. Hélas ! plût à Dieu !
    « Ne croyez-vous pas, lui dit Dennis en
pleurnichant et en se traînant jusqu'à lui, pendant qu'il était là
debout, le pied enraciné dans le sol, à regarder la muraille nue et
vide ; ne croyez-vous pas qu'il me reste encore quelque
chance ? C'est une fin si terrible ! une fin si terrible
pour un homme comme moi ! Ne croyez-vous pas qu'il se trouvera
quelque chance, je ne dis pas pour vous, mais pour moi ?
Parlez bas, que celui-là (montrant Hugh) ne nous entende pas :
c'est un tel garnement !
    – Allons, dit le gardien, qui venait de
faire sa ronde en dedans et en dehors avec les mains dans ses
poches, et qui bâillait comme s'il s'ennuyait à mourir, allons, mes
gars, il est temps de rentrer !
    – Non, pas encore, cria Dennis ; pas
encore : il s'en faut d'une heure.
    – Dites donc… il parait que votre montre
a bien changé d'allure, reprit le gardien ; j'ai vu le temps
où elle avançait : elle a maintenant le défaut contraire.
    – Mon ami, criait la misérable créature
en tombant à genoux, mon cher ami, car vous avez toujours été mon
cher ami, il faut qu'il y ait quelque méprise. Il y a, j'en suis
sûr, quelque lettre égarée, quelque messager qui aura été arrêté en
route. Qui sait s'il n'est pas tombé de mort subite ? J'ai vu
comme cela, une fois, un homme tomber roide mort dans la rue ;
je l'ai vu de mes yeux, et même il avait des papiers dans sa poche.
Envoyez demander. Que quelqu'un aille aux informations. Il n'est
pas possible qu'ils veuillent me pendre ; c'est tout à fait
impossible… Mais si, j'y pense, ils veulent me pendre, reprit-il en
se relevant sur ses pieds avec un cri d'angoisse. Ils veulent me
pendre par surprise, et c'est pour cela qu'ils retiennent la grâce
qu'on m'a faite. C'est un complot contre ma vie, ils veulent que je
la perde. »
    Et poussant un autre hurlement, il tomba par
terre dans une crise de nerfs.
    « Voyez-vous le bourreau, quand c'est son
tour ! répéta Hugh, pendant qu'on emportait son camarade.
Ha ! ha ! ha ! Courage, brave Barnabé ! ça ne
nous fait rien à nous. Votre main. D'ailleurs ils font bien de nous
retirer du monde : car, s'ils nous relâchaient, nous ne les
tiendrions pas quittes à si bon marché, hein ? Encore une
poignée de main ; on ne meurt qu'une fois. Si vous vous
réveillez la nuit, vous n'avez qu'à vous bercer avec ce gai
refrain, et vous retomberez tout de suite la tête sur l'oreiller,
Ha ! ha ! ha ! »
    Barnabé jeta encore un coup d'œil par la
grille de la cour, qui était vide maintenant. Puis il regarda Hugh
enjamber hardiment le pas qui conduisait à son cachot. Il
l'entendit crier bravo ! et partir d'un grand éclat de rire en
faisant tourner son chapeau au-dessus de sa tête. Alors, il s'en
alla lui-même, comme un somnambule, aussi insensible à la crainte
ou au chagrin, et se jeta sur sa paillasse, écoutant l'heure
qu'allait sonner l'horloge.

Chapitre 35
     
    Le temps suivait son cours. Le tapage des rues
devenait moins fréquent petit à petit, jusqu'à ce qu'enfin le
silence ne fut plus guère interrompu que par les

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