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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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porter les yeux de son côté), et répondit : « Rien
de plus. En avant ! À moins, dit Hugh, jetant avec vivacité un
regard derrière lui, à moins qu'il n'y ait parmi vous quelqu'un qui
ait envie d'un chien, et encore à la condition qu'il le traitera
bien. J'en ai un qui m'appartient dans la maison d'où je viens, et
il serait difficile d'en trouver un meilleur. Il commencera bien
par grogner un peu, mais ça passera… Cela vous étonne que je pense
à un chien dans un moment comme ça, ajouta-t-il presque en
riant ; mais, voyez-vous, si je connaissais un homme qui le
méritât seulement à moitié autant que lui, ce n'est pas au chien
que je penserais. »
    Il n'ajouta plus un mot et alla prendre sa
place, d'un air insouciant, tout en écoutant cependant le service
des morts, avec quelque chose comme une attention sombre ou une
curiosité vivement excitée. Aussitôt qu'il eut passé la porte, on
emporta son misérable compagnon de supplice… et la foule vit le
reste.
    Barnabé aurait volontiers monté les marches en
même temps qu'eux… il avait même voulu les devancer ; mais on
le retint les deux fois, parce que c'était ailleurs qu'il devait
subir sa peine. Quelques minutes après, les shériffs reparurent. La
même procession reprit sa marche à travers un grand nombre de
passages et de corridors, pour passer par une autre porte où la
charrette attendait. Il baissa la tête pour éviter de voir ce qu'il
savait bien que ses yeux ne manqueraient pas de rencontrer sans
cela, et s'assit tristement, quoiqu’avec un certain orgueil et une
certaine joie d'enfant… sur le véhicule. Les aides prirent leurs
places à côté, devant et derrière. Les voitures des shériffs
vinrent après. Un détachement de soldats entoura le tout, et on se
mit lentement en route à travers les rangs pressés de la foule,
pour arriver à la maison en ruines de lord Mansfield.
    C'était bien triste à voir… tout cet appareil,
toute cette force déployée, toutes ces baïonnettes étincelantes
autour d'une créature sans défense… Mais ce qui était plus triste
encore, c'était de remarquer comme tout le long du chemin ses
pensées errantes trouvaient un étrange encouragement dans le
spectacle de ces fenêtres garnies de curieux et de la multitude qui
encombrait les rues ; c’était d'observer comme dans ce
moment-là même il se montrait sensible à l'influence du beau ciel
bleu dont il semblait chercher à pénétrer, le sourire sur les
lèvres, la profondeur impénétrable. Mais on avait déjà vu tant de
scènes pareilles depuis la fin des émeutes ; on en avait vu de
si attendrissantes, de si repoussantes, qu'elles avaient bien
plutôt réussi à éveiller la pitié pour les victimes que le respect
de la Loi, dont le bras rigoureux semblait, dans bien des cas,
s'être appesanti avec autant de barbare plaisir, une fois le danger
passé, qu'elle s'était montrée, lâchement paralysée dans le péril
de la crise.
    Deux boiteux…deux vrais enfants… l'un avec une
jambe de bois, l'autre traînant, à l'aide d'une béquille, ses
membres tout tortillés, furent pendus à cette même place de
Bloomsbury-Square. Quand la charrette fut au moment de glisser sous
leurs pieds pour consommer leur supplice, on s'aperçut qu'ils
tournaient le dos au lieu de tourner la face à la maison qu'ils
avaient aidé à piller, et on prolongea leur angoisse pour réparer
cet oubli. On pendit aussi dans Bowstreet un autre petit
garçon ; d'autres jeunes gars eurent le même sort dans divers
quartiers de la ville ; quatre malheureuses femmes furent
mises à mort : en un mot, ceux qu'on exécuta comme insurgés
n'étaient guère, pour la plupart, que les plus faibles, les plus
vulgaires, les plus misérables d'entre eux. La meilleure satire
qu'on pût faire du fanatisme hypocrite qui avait servi de prétexte
à tous ces maux, c'est qu'un certain nombre de ces malheureux
déclarèrent qu'ils étaient catholiques, et demandèrent des prêtres
de cette religion pour les assister à leurs derniers moments.
    On pendit dans Bishopsgate-Street un jeune
homme dont le vieux père avec sa tête grise attendait son arrivée
au pied de la potence pour l'embrasser, et s'assit là par terre,
jusqu'à ce qu'on eût descendu le corps. On lui aurait bien fait
cadeau du cadavre de son fils ; mais il n'avait ni corbillard,
ni bière, ni rien pour l'emporter : il était trop
pauvre ! il fallut qu'il se contentât de la satisfaction de
marcher tout

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