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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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négligé,
oublié, laissé de côté, pendant que son fils et une demoiselle
causaient ensemble d'une manière si passionnée, s'embrassaient l'un
l'autre, et ne se gênaient pas plus que s'ils étaient chez
eux ! c'était vraiment une position si monstrueuse, si
inexplicable, qui passait si bien ses plus vastes facultés de
compréhension, qu'il en tomba dans une léthargie d'ébahissement
dont il ne pouvait pas plus se réveiller qu'un dormeur enchanté
dans la première année de son bail emphytéotique avec les fées.
    « Père, dit Joe en lui présentant Dolly,
vous voyez de quoi il s'agit ? »
    M. Willet regarda d'abord la jeune fille,
puis son fils, puis encore Dolly, et alors il fit un effort inutile
pour tirer une bouffée de sa pipe, qui était éteinte depuis
longtemps.
    « Dites seulement un mot, quand ce ne
serait que… comment vous portez-vous ? insista Joe.
    – Certainement, Joseph, répondit
M. Willet, oui, sans doute. Pourquoi pas ?
    – Vous avez raison, dit Joe. Pourquoi
pas ?
    – Oh ! répliqua le père, pourquoi
pas ? »
    Et en faisant cette réflexion à voix basse,
comme s'il discutait en lui-même quelque grave question, il se
servit de son petit doigt… si toutefois il en avait un sur les dix
qui méritât cette qualification ; il se servit du petit doigt
de sa main droite comme d'un bourre-pipe, et retomba dans son
silence.
    Et il resta là assis au moins une demi-heure,
quoique Dolly, du ton le plus caressant, lui exprimât plus d'une
douzaine de fois l'espérance qu'il n'était pas fâché contre elle.
Il resta là assis une demi-heure, comme pétrifié, sans remuer, ni
plus ni moins qu'une grosse quille. À l'expiration de cette
période, tout à coup, et sans la moindre préparation, il poussa, au
grand saisissement des deux jeunes gens, un éclat de rire bruyant
et court, en répétant :
    « Certainement, Joseph. Oui, sans doute.
Pourquoi pas ? »
    Et il sortit pour faire un petit tour.

Chapitre 37
     
    Ce n'est pas du côté de la
Clef d'or
que le vieux John alla faire son petit tour de promenade : car
entre la
Clef d'or
et le
Lion Noir
il y a tout un
voyage de rues à la file, comme le savent bien ceux qui connaissent
les distances respectives de Clerkenwell et de White-Chapel, et
M. Willet était connu pour n'être pas un fameux piéton. Mais
la
Clef d'or
se trouve sur notre chemin, si elle n'était
pas sur le sien ; ce chapitre va donc nous suivre, s'il vous
plaît, à la
Clef d'or
.
    La
Clef d'or
en personne, cet emblème
naturel de l'état de serrurier, avait été jetée à bas par les
émeutiers, et foulée injurieusement sous leurs pieds. Mais, en ce
moment, on l'avait remontée à sa place, dans toute la gloire d'une
nouvelle couche de peinture, et jamais elle n'avait eu si bonne
mine.
    Elle n'était pas la seule. Toute la façade de
la maison était élégante et coquette : on l'avait si bien
rafraîchie du haut en bas, que, s'il restait encore quelques-uns
des perturbateurs, qui étaient venus l'attaquer, la vue de ce bon
vieux logis, rajeuni et prospère, devait être pour eux un ver
rongeur, un vrai crève-cœur.
    Cependant les volets de la boutique étaient
clos ; les jalousies du premier étage étaient toutes
abaissées, et, au lieu de la gaieté qui régnait d'ordinaire dans la
maison, on lui voyait un extérieur triste et comme un air de deuil,
que les voisins, accoutumés à voir autrefois entrer et sortir le
pauvre Barnabé, n'avaient pas de peine à comprendre. La porte était
entre-bâillée, mais on n'entendait pas le marteau sur
l'enclume ; le chat était ronflant accroupi sur les cendres de
la forge : tout était désert, sombre et silencieux.
    M. Haredale et Édouard Chester se
rencontrèrent sur le seuil de la porte. Le jeune homme céda le pas
à l'autre, et, après être entrés tous les deux d'un air de
familiarité qui semblait indiquer qu’ils attendaient là quelque
chose, et qu'on était accoutumé à les laisser entrer et sortir sans
les questionner, ils fermèrent la porte derrière eux.
    Ils entrèrent dans l'ancien parloir, montèrent
l'escalier à pic, façonné à l'ancienne mode, et tournèrent à droite
dans la belle salle, l'orgueil et la gloire de Mme Varden,
autrefois le théâtre des labeurs domestiques de Miggs.
    « D'après ce que m'a appris Varden, dit
M. Haredale, il a amené la mère ici hier au soir.
    – Oui, répondit Édouard ; elle est à
présent au second, dans la chambre au-dessus. On

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