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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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avec
eux, que la perdre, à présent, c'était recommencer la vie. Où
trouverait-il, pour cet essai nouveau, l'espérance et l'élasticité
de la jeunesse pour triompher des doutes, de la défiance, des
découragements de l'âge ?
    L'effort qu'il avait fait de montrer, en se
séparant d'elle, un faux-semblant de gaieté et d'espérance… et
c'était la veille seulement qu'ils s'étaient fait leurs adieux…
l'avait encore accablé davantage. C'est sous l'empire de ces
sentiments qu'il allait revoir Londres pour la dernière fois :
il voulait jeter encore les yeux sur les murs de leur vieux logis
avant de lui tourner le dos pour toujours.
    C'était un voyage qui ne ressemblait guère
alors à ce que nous voyons aujourd'hui. Pourtant Haredale en vit la
fin, les plus longs voyages en ont une, et il se retrouva sur ses
pieds dans les rues de la métropole. Il prit une chambre à
l'auberge où arrêtait la malle, et résolut, avant d'aller se
coucher, de ne faire savoir à personne son arrivée, de ne plus
passer après qu'une nuit à Londres, et de s'épargner la tristesse
d'un adieu même avec l'honnête serrurier.
    Les dispositions d'esprit auxquelles il était
en proie en se couchant ne prêtent que trop aux écarts de
l'imagination, aux visions désordonnées. Il le sentait à l'horreur
même qu'il éprouva en se réveillant en sursaut de son premier
sommeil, et il courut à la fenêtre pour dissiper son trouble par la
présence de quelque objet hors de sa chambre, qui n'eût pas été,
pour ainsi dire, témoin de son rêve. Cependant ce n'était pas une
terreur née de son sommeil cette nuit-là même ; elle s'était
déjà bien des fois présentée à ses sens, sous mille formes. Elle
l'avait hanté souvent au temps jadis ; elle était venue le
chercher sur son oreiller, toujours et toujours. Si ce n'avait été
qu'un objet hideux, un spectre fantastique qui le poursuivît dans
son sommeil, le retour de ce cauchemar sous son ancienne forme
n'aurait éveillé chez lui qu'une sensation de crainte momentanée,
qui aurait passé sitôt qu'il aurait ouvert les yeux. Mais cette
vision était impitoyable ; elle ne voulait pas le quitter,
elle résistait à tout. Quand il refermait les paupières, il la
sentait voltiger près de lui. À mesure qu'il s'enfonçait tout
doucement dans le sommeil, il savait qu'elle prenait de la force et
de la consistance, et qu'elle revenait graduellement à sa forme
récente ; quand il sautait à bas de son lit, le même fantôme,
en s'évanouissant de son cerveau enflammé, le laissait plein d'une
crainte contre laquelle le raisonnement et la réflexion dans l'état
de veille étaient impuissants.
    Le soleil avait déjà paru, avant que
M. Haredale eût pu secouer ces impressions. Il se leva tard,
mais fatigué, et resta renfermé tout le jour. Il avait envie
d'aller ce soir-là rendre sa dernière visite à son vieux manoir,
parce que c’était le temps où il avait l'habitude d'y faire une
petite tournée, et qu'il était bien aise de le revoir sous l'aspect
qui lui était le plus familier. À l'heure qui lui permettait d'y
arriver avant le coucher du soleil, il quitta donc l'auberge et se
trouva au détour de la grande rue.
    Il n'avait encore fait que quelques pas, et
marchait tout pensif au travers de la foule bruyante, quand il
sentit une main sur son épaule, et reconnut, en se retournant, un
des garçons de l'auberge, qui lui dit : « Pardon,
monsieur, mais vous avez oublié votre épée.
    – Pourquoi me la rapportez-vous ?
demanda-t-il en étendant la main, sans reprendre encore son arme au
domestique, mais en le regardant d'un air troublé et agité.
    – Je suis bien fâché, dit l'homme,
d'avoir désobligé monsieur, je vais la remporter. Monsieur avait
dit qu'il allait faire un petit tour à la campagne, et qu'il ne
reviendrait pas de bonne heure ; or, comme les routes ne sont
pas trop sûres pour un voyageur seul attardé après la brune, et
que, depuis les troubles, ces messieurs prennent encore plus
qu'auparavant la précaution de ne pas se hasarder sans armes dans
des endroits écartés, nous avons pensé, monsieur, qu'étranger à ce
pays, vous aviez cru peut-être nos routes plus sûres qu'elles ne
sont ; mais après cela, peut-être qu'au contraire vous les
connaissiez bien et que vous avez sur vous des armes à
feu… »
    Il prit l'épée, et l'attachant à son côté, il
remercia le domestique et continua son chemin.
    On se rappela longtemps après

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