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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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serrurier à sa femme,
est-ce que c'est là votre désir ?
    – Mon désir ! répondit-elle. Je suis
étonnée… je suis surprise de son audace. Qu'elle déguerpisse d'ici,
et promptement. »
    Miggs, en entendant cela, laissa tomber
lourdement le bout de sa malle, fit un reniflement bruyant, se
croisa les bras, vissa le coin de sa bouche et cria, sur une gamme
ascendante : « Ho ! miséricorde ! » trois
fois bien distinctes.
    « Vous entendez ce que dit votre
maîtresse, ma belle enfant, reprit le serrurier. Je crois que vous
ferez bien de vous en aller. Tenez ! prenez ça en mémoire de
votre ancien service dans la maison. »
    Mlle Miggs empoigna le billet de banque
qu'il avait pris dans son portefeuille pour le lui donner ;
elle le mit en dépôt dans sa petite bourse de cuir rouge, qu'elle
enfonça dans sa poche (mettant à découvert, par la même occasion,
une portion considérable de quelque vêtement de dessous, en
flanelle, et montrant plus de bas de coton noir qu'on n'a
l'habitude d'en laisser voir en public), puis elle remua la tête en
regardant Mme Varden et en répétant :
    « Ho ! miséricorde !
    – Voici, ma chère, la seconde fois, si je
se me trompe, que vous nous avez dit ça, fit observer le
serrurier.
    – Les temps sont changés, à ce qu'il
paraît, ma'ame, s'écria Miggs en redressant la tête. Il paraît que
vous pouvez vous passer de moi, maintenant. Vous n'avez plus besoin
de moi pour les tenir en bride. Il ne vous faut plus personne à
gronder, ou à vous servir de souffre-douleur, ma'ame, à ce que je
vois. Je suis charmée de vous voir devenue si indépendante. Je vous
en fais mon compliment, bien sûr. »
    Là-dessus elle fit une belle révérence, et
tenant sa tête bien droite, l'oreille tournée du côté de
Mme Varden, et l'œil sur le reste de la compagnie, à mesure
qu'elle adressait à l'un ou à l'autre quelque allusion spéciale
dans ses réflexions, elle continua ainsi :
    « Oui, bien sûr, je suis enchantée de
vous voir tant d'indépendance pour le quart d'heure, quoique je ne
puisse pas m'empêcher en même temps de vous plaindre, ma'ame,
d'avoir été réduite à tant de soumission, faute d'avoir là
quelqu'un pour vous soutenir… hé ! hé ! hé ! vous
devez joliment souffrir (surtout quand on pense à tout le mal que
vous disiez toujours de M. Joe), de finir par l'avoir pour
gendre. Et je m'étonne que Mlle Dolly aussi puisse se remettre
avec lui, après toutes ses allées et venues avec le carrossier. Il
est vrai que j'ai entendu dire que le carrossier a réfléchi à la
chose… hé ! hé ! hé !… et qu'il a confié à un jeune
homme de ses amis, qu'il n'était pas si bête que de se laisser
mettre dedans, malgré les efforts extraordinaires qu'elle et toute
sa famille faisaient pour l'attirer. »
    Ici elle s'arrêta pour attendre une réplique,
et, n'en recevant pas, elle reprit sa course :
    « J'ai aussi entendu dire, ma'ame, qu'il
y avait des dames dont toutes les maladies n'étaient que des
simagrées, et qu'elles savent tomber évanouies, roides comme
mortes, toutes les fois que la fantaisie leur en prend. Vous pensez
bien que ce n'est pas moi qui ai jamais rien vu de pareil de mes
propres yeux… non, non. Hé ! Hé ! hé ! ni les
bourgeois non plus… non, non. Hé ! hé ! hé ! J'ai
encore entendu des voisins faire la remarque qu'il y a quelqu'un de
leur connaissance, une bonne pâte de pauvre nigaud d'homme, qui est
allé un jour à la pêche pour en rapporter une femme, et qui n'a
attrapé qu'un pied de nez. Vous pensez bien que moi,
personnellement, je n'ai jamais, que je sache, rencontré cette
personne-là, ni vous non plus, ma'ame… non, non ! Je me
demande qui ce peut être… qu'en dites-vous, ma'ame ? Je suis
sûre que vous n'en savez pas plus long que moi. Oh ! peut-être
que si. Hé ! Hé ! hé ! »
    Autre pause de Miggs, attendant encore une
réplique. La réplique ne vient pas, et alors elle est tellement
gonflée de dépit et de douleur qu'elle se sent prête à éclater.
    « Cela me fait bien plaisir de voir rire
Mlle Dolly, cria-t-elle en riant elle-même du bout des dents.
J'aime beaucoup à voir rire les gens… et vous aussi, n'est-ce pas,
ma’ame ! Cela vous a toujours fait plaisir de voir les gens de
bonne humeur, n'est-ce pas, ma’ame ? Aussi avez-vous toujours
fait tout ce que vous pouviez pour entretenir ces dispositions
folâtres, n'est-ce pas, ma'ame ? Ce n'est pourtant pas

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