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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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l'espérance du vol et
du pillage.
    Il est encore à remarquer que, à partir du
moment de leur première explosion à Westminster, tout symptôme
d'ordre arrêté d'avance ou de plan concerté entre eux avait
disparu. Quand ils se divisaient par bandes pour courir dans les
différents quartiers de la ville, c'était d'après une inspiration
soudaine et spontanée. Chacune d'elles se grossissait sur son
chemin, comme les rivières à mesure qu'elles coulent vers la
mer ; chaque fois qu'il leur fallait un chef, il s'en
présentait un, qui disparaissait sitôt que l'on n'en avait plus
besoin, pour reparaître encore à la première nécessité. Le tumulte
prenait chaque fois une forme nouvelle et inattendue, selon les
circonstances du moment : on voyait de braves ouvriers
retournant chez eux, après une journée de travail, jeter là leurs
outils pour se mêler activement à l'émeute, en un instant ;
des saute-ruisseaux en faisaient autant, laissant là les
commissions dont ils étaient chargés en ville. En un mot, c'était
comme une peste morale qui était tombée sur Londres. Le bruit, le
tumulte, l'agitation, avaient pour eux un attrait irrésistible qui
les séduisait par centaines. La contagion s'étendait comme le
typhus. Le mal, encore à l'état d'incubation, infectait à chaque
heure de nouvelles victimes, et la Société commençait à s'alarmer
sérieusement de leurs fureurs.
    Il était à peu près deux ou trois heures après
midi, lorsque Gashford vint dans le repaire que nous avons décrit
au dernier chapitre, et, n'y trouvant que Dennis et Barnabé,
s'informa de ce qu'était devenu Hugh.
    Il était sorti, à ce que lui dit Barnabé, il y
avait bien une heure, et n'était pas encore revenu.
    « Dennis, dit le souriant secrétaire, de
sa voix la plus doucereuse, en se tenant les jambes croisées sur un
baril ; Dennis ! »
    Le bourreau, se réveillant en sursaut, se mit
sur son séant, et le regarda les yeux tout grands ouverts.
    « Comment ça va-t-il, Dennis ? dit
Gashford, le saluant d'un signe de tête. J'espère que vous n'avez
pas eu à vous plaindre de vos dernières expéditions,
Dennis ?
    – Maître Gashford, répondit le bourreau,
fixant sur lui les yeux, vous avez une manière si tranquille de
vous dire les choses, qu'il y a de quoi faire sauter au plancher.
Nom d'un chien, ajouta-t-il entre ses dents, sans détourner les
yeux, et d'un air pensif ; vous avez quelque chose de si
rusé !
    – De si distingué, vous voulez dire,
Dennis.
    – De si distingué, reprit l'autre en se
grattant la tête, toujours sans quitter des yeux les traits du
secrétaire, que, quand vous me parlez, je crois entendre chacun de
vos mots jusque dans la moelle de mes os.
    – Je suis charmé de vous voir l'ouïe si
subtile, et je m'applaudis de savoir me rendre pour vous si
intelligible, dit Gashford, de son ton uniforme et invariable. Où
est votre ami ? »
    M. Dennis se retourna comme s'il
s'attendait à le trouver endormi sur son lit de paille ; puis,
se rappelant qu'il l'avait vu sortir :
    « Je ne peux pas vous dire, maître
Gashford. Je croyais qu'il devait rentrer plus tôt que ça. J'espère
que ce n'est pas encore le moment de nous mettre à la besogne,
maître Gashford ?
    – Mais, dit le secrétaire, je vous le
demande, comment voulez-vous que je vous dise ça, Dennis ?
Vous êtes parfaitement maître de vos actions, vous savez, et vous
n'en devez compte à personne, si ce n'est à la justice de temps à
autre, n'est-ce pas ? »
    Dennis, tout dérouté par le sang-froid de
manières et de langage de son patron, reprit pourtant son assiette
en lui entendant faire cette allusion à sa profession, et lui
montra Barnabé en secouant la tête et en fronçant le sourcil.
    « Chut ! cria Barnabé.
    – Ah ! motus là-dessus, maître
Gashford, dit le bourreau à voix basse. Les préjugés populaires…
vous n'y pensez jamais… Eh bien ! quoi, Barnabé ?
qu'est-ce qu'il y a ? mon garçon.
    – Je l'entends qui vient, répondit-il.
Écoutez. Remarquez-vous ça ? c'est son pied. N'ayez pas peur,
je reconnais bien son pas, et celui de son chien aussi. Tramp,
tramp, pitt, patt, c'est bien ça, ils s'en viennent tous les deux,
et, tenez ! Ha ! ha ! ha ! ha ! les
voici. » Il criait joyeusement, saluant à deux mains la venue
de son camarade, auquel il donna de petites tapes d'amitié sur le
dos, comme si ce rude compagnon était le plus aimable des hommes.
« Le voici, et il

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