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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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à voir un de
ces jours réformer même cette égalité. Ma foi ! oui, je m'y
attends. »
    Ce sujet de conversation sentait trop son
bourreau pour intéresser un profane comme Hugh, qui ne devait pas
avoir la même partialité pour la profession ; mais,
d'ailleurs, Dennis n'eut pas le temps de continuer ses
doléances : car, à l'instant même, M. Tappertit entra
précipitamment, et sa vue arracha un cri de joie à Dolly, qui se
jeta de bonne foi dans ses bras.
    « Je le savais bien, j'en étais sûre,
cria-t-elle. Mon cher père est à la porte. Merci, ô merci, grand
Dieu ! Qu'il vous bénisse, Simon ! Que le ciel vous
bénisse d'être venu ici ! »
    Simon Tappertit, qui s'était d'abord imaginé
dans son for intérieur que la fille du serrurier, ne pouvant plus
réprimer sa passion pour lui, allait y donner un libre cours, et
déclarer qu'elle était à lui pour toujours, parut déconcerté en
entendant cette méprise ; d'autant plus que Hugh et Dennis
l’accueillirent par un grand éclat de rire qui la fit reculer, et
porter sur son prétendu libérateur un regard fixe et inquiet.
    « Miss Haredale, dit Simon après un
silence plein d'embarras, j'espère que vous êtes aussi bien ici que
le permettent les circonstances. Dolly Varden, ma chérie, mon
tendre et délicieux amour, j'espère que vous n'êtes pas mal non
plus. »
    Pauvre petite Dolly ! elle vit tout de
suite ce qu'il en était, se cacha la face dans ses mains, et se mit
à pousser encore des sanglots plus amers que jamais.
    « Vous voyez en moi, miss Varden, dit
Simon, la main sur le cœur, vous voyez en moi non pas un apprenti,
un ouvrier, un esclave, la victime du joug tyrannique de votre
père ; mais le chef d'un grand peuple, le capitaine d'une
noble troupe dont ces messieurs sont, comme qui dirait, les
caporaux et les sergents. Vous voyez en moi, non pas un individu
comme tout le monde, mais un homme public ; non pas un
rapiéceur de serrures, mais un médecin des plaies vives de sa
malheureuse patrie. Dolly Varden, charmante Dolly Varden, combien y
a-t-il d'années que j'attends cette rencontre d'aujourd'hui !
Combien y a-t-il d'années que j'aspire à vous relever et vous
ennoblir par mon choix ! Mais me voici payé de mes peines.
Voyez en moi désormais… votre mari. Oui, belle Dolly, charmante
enchanteresse, Simon Tappertit est à vous pour toujours. »
    En disant ces mots il s'avança vers elle.
Dolly recula jusqu'au pied de la muraille ; et là, ne pouvant
aller plus loin, elle tomba par terre. Persuadé que ce n'était
qu'une frime pudique, Simon essaya de la relever. Mais alors Dolly,
poussée au désespoir, lui saisit la crinière à deux mains, et,
s'écriant tout en larmes que ce n'était qu'un misérable petit
polisson, et qu'il n'avait jamais été que ça, le secoua, le tira,
le battit si bien, que c’était plaisir de la voir, et d'entendre le
malheureux appeler au secours. Jamais elle n'avait paru si belle à
Hugh que dans ce moment.
    « Il faut qu'elle ait les nerfs bien
agacés ce soir, dit Simon en rajustant ses plumes toutes
fripées ; elle ne sait pas ce qu'elle fait. Il faut la laisser
seule jusqu'à demain matin, cela va la remettre un peu. Emportez-la
dans la maison voisine. »
    À l'instant, Hugh la prit dans ses bras. Mais,
soit que M. Tappertit se sentit réellement attendrir le cœur à
la vue de sa douleur, soit qu'il ne trouvât pas bienséant qu'on vit
sa future se débattre dans les bras d'un autre homme, il ordonna à
Hugh, réflexion faite, de la déposer là, et la regarda de mauvais
œil, pendant qu'elle allait bien vite se réfugier auprès de miss
Haredale, s'attachant après son amie, et cachant dans les plis de
sa robe la rougeur de son front.
    « Elles vont rester ensemble ici jusqu'à
demain matin, dit Simon, qui avait eu le temps de reprendre toute
sa dignité… jusqu'à demain matin. Partez.
    – Bah ! cria Hugh, comment,
capitaine ? Partez ! Ha ! ha ! ha !
    – Qu'est-ce qui vous fait rire ?
demanda Simon d'un air sévère.
    – Rien, capitaine, rien, » répondit
Hugh ; et en même temps il tapait de sa main l'épaule du petit
homme et recommençait à rire dix fois plus fort sans en expliquer
la raison.
    M. Tappertit le toisa des pieds à la tête
avec une expression de dédain suprême (ce qui fit rire l'autre de
plus belle), et se tournant vers les belles captives :
    « Mesdames, leur dit-il, vous n'oublierez
pas que cette maison est surveillée de tous

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