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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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reconnaissait dans sa
voix l'écho affaibli d'une voix qu'elle connaissait si bien et
qu'elle aimait tant à entendre ? Elle inclina la tête,
s'arrêta, et jeta les yeux sur le sol.
    « Un peu plus à l'écart, entre ces
arbres. C'est la main d'un vieillard que je vous offre,
mademoiselle Haredale ; une main loyale et honnête, croyez-le
bien. »
    Elle y mit la sienne comme il disait ces mots,
et se laissa conduire vers un siège voisin.
    « Vous m'alarmez, monsieur, dit-elle à
voix basse. Vous n'êtes pas porteur de quelque mauvaise nouvelle,
j'espère ?
    – D'aucune que vous puissiez craindre
avant de m'entendre, répondit-il en s'asseyant près d'elle. Édouard
va bien, tout à fait bien. C'est de lui que je désire vous parler,
certainement ; mais je n'ai pas de malheur à vous
annoncer.
    Elle inclina la tête de nouveau, comme pour le
prier de poursuivre, mais sans rien dire elle-même.
    « Je sais que j'ai tout contre moi dans
ce que je vais avoir à vous dire, chère mademoiselle Haredale.
Croyez-moi, je n'ai pas oublié les sentiments de ma jeunesse au
point de ne pas savoir que vous êtes peu disposée à me regarder
d'un œil favorable. Vous m'avez entendu dépeindre comme un homme au
cœur froid, positif, égoïste.
    – Je n'ai jamais, monsieur,
interrompit-elle d'un air mécontent et d'une voix ferme, je n'ai
jamais entendu parler de vous en termes durs ou incivils. Vous ne
rendez pas justice au naturel d'Édouard, si vous croyez votre fils
capable de sentiments si bas et si vulgaires.
    – Pardonnez-moi, ma douce jeune
demoiselle, mais votre oncle…
    – Ce n'est pas non plus dans le caractère
de mon oncle, répliqua-t-elle, et sa joue se colora
davantage ; il n'est pas dans son caractère de frapper dans
l'ombre, pas plus que dans le mien d'aimer de pareils actes.
    À ces mots elle se leva et voulait le
quitter ; mais il la retint doucement de sa main, et il la
supplia d'un accent persuasif de l'entendre encore une
minute : elle se laissa calmer et consentit à se rasseoir.
    « Et c'est, dit M. Chester en levant
les yeux au ciel et en apostrophant l'air, c'est ce cœur si franc,
si ingénu, si noble, que vous pouvez, Ned, blesser si
légèrement ! C'est honteux, honteux pour vous, jeune
homme ! »
    Elle se tourna vite vers lui, avec un regard
de dédain et des éclairs dans les yeux. Dans les yeux de
M. Chester il y avait des larmes ; mais il les essuya
précipitamment, comme s'il lui eût répugné qu'elle vît cette
faiblesse, et il la regarda d'un œil où l'admiration se mêlait à la
compassion.
    « Je n'aurais jamais cru jusqu'à présent,
dit-il, que la conduite frivole d'un jeune homme pût m'émouvoir
comme vient de le faire celle de mon propre fils. Je n'avais jamais
connu comme en ce moment ce que vaut le cœur d'une femme que ces
jeunes garçons se font un jeu de prendre et de quitter avec tant de
légèreté. Croyez, chère demoiselle, que jamais, jusqu'à présent, je
n'avais connu votre mérite ; et quoique je n'aie fait, en
venant vous trouver, que céder à mon horreur pour tout ce qui est
tromperie et mensonge, car je l'eusse fait également pour la plus
pauvre et la moins douée de votre sexe, je n'aurais pas eu le
courage d'affronter cette conversation, si j'avais pu vous peindre
à mon esprit telle que vous m'apparaissez réellement. »
    Oh ! si Mme Varden avait pu voir le
vertueux gentleman quand il prononça ces paroles, avec ses yeux
étincelants d'indignation… si elle avait pu entendre sa voix
entrecoupée, tremblotante… si elle avait pu le contempler quand,
debout et nu-tête au soleil, il épanchait son éloquence avec une
énergie inaccoutumée !
    La figure altière, mais pâle et tremblante
aussi, Emma le regardait en silence. Elle ne parlait ni ne
bougeait, mais elle le considérait comme si elle eût voulu lire
dans son cœur.
    « Je secoue, dit M. Chester, la
contrainte que l'affection naturelle imposerait à quelques hommes,
et je brise tous autres liens que ceux de la vérité et du devoir
Mademoiselle Haredale, vous êtes trompée, vous êtes trompée par
votre indigne amant, par mon indigne fils !
    Elle le regarda fixement et ne dit pas encore
un seul mot. « J'ai toujours été opposé à l’amour dont il a
fait profession envers vous, vous serez assez juste, chère
mademoiselle Haredale, pour vous le rappeler, votre oncle et moi
fûmes ennemis dans notre jeunesse, et, si j’avais cherché des
représailles, j'aurais pu en

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