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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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« qui est tout
cœur, » ou « qui n'a pas de cœur, » peuh !
voilà ce que je dis qui n'a pas de sens, Ned.
    – Sans doute, monsieur, répliqua son
fils, voyant qu'il faisait une pause pour le laisser parler, sans
doute.
    – Voilà la nièce de Haredale, le dernier
objet de vos feux dit M. Chester, comme s’il prenait le
premier exemple venu pour éclaircir sa pensée. Sans doute elle
était tout cœur dans votre esprit jadis ; maintenant elle n'a
plus du tout de cœur : pourtant c'est la même personne, Ned,
exactement la même !
    – C'est une personne qui a changé,
monsieur, cria Édouard en rougissant, et changé, je le crains, par
des influences odieuses.
    – Vous avez reçu là un congé assez froid,
n'est-ce pas ? Pauvre Ned ! je vous disais l’autre soir
que cela vous arriverait. Puis-je vous demander le casse
noisettes ?
    – Il faut qu’il y ait eu autour d'elle
quelque machination, elle a été trompée de la manière la plus
perfide, cria Édouard en se levant de table. Je ne croirai jamais
que la connaissance de ma véritable position, dont elle recevait de
moi la confidence, ait pu produire ce changement. Je sais qu'elle
est assiégée et torturée, mais, quoique notre engagement soit fini
et rompu sans ressource, quoique je l'accuse d'avoir manqué de
fermeté, de fidélité envers elle-même comme envers moi, je ne crois
pas et je ne croirai jamais qu'aucun motif sordide, ni son propre
mouvement, sa volonté libre et spontanée, lui aient dicté cette
conduite… jamais.
    – Vous me faites rougir, répliqua
gaiement son père, de la folie de votre naturel ou j'espère… mais
il est vrai qu'on ne se connaît jamais soi-même…où j’espère
ardemment qu'il n'y a nul reflet du mien. Quant à ce qui regarde
cette jeune demoiselle, elle a agi très naturellement et très
convenablement, mon cher garçon ; elle a fait ce que vous-même
vous aviez proposé de faire, à ce que m'apprend Haredale, et ce que
je vous avais prédit (il ne fallait pas pour cela grande sagacité)
qu'elle ferait indubitablement. Elle vous supposait riche, ou du
moins assez riche, et elle découvre que vous êtes pauvre. Le
mariage est un contrat civil ; les gens se marient pour
améliorer leur condition en ce monde et pour y faire figure. C'est
une affaire de maison et d'ameublement, de livrées, de domestiques,
d'équipage, et ainsi de suite. La demoiselle étant pauvre, et vous
aussi, tout est dit. Cela ne vous regarde plus, et vous n'avez rien
à voir dans cette cérémonie. Je bois à sa santé, je la respecte et
l'honore à cause de son extrême bon sens ; elle vous donne là
un bon exemple à suivre. Remplissez votre verre, Ned.
    – C'est un exemple, répliqua son fils,
dont j'espère ne jamais profiter ; et, si l'expérience des
années grave de pareilles leçons dans…
    – N'allez pas dire dans le cœur,
interrompit son père.
    – Dans des esprits que le monde et son
hypocrisie ont gâtés, dit Édouard avec chaleur, le ciel me préserve
de les connaître !
    – Allons, monsieur, répondit son père en
se levant un peu sur le sofa et regardant droit vers lui, en voilà
bien assez sur ce sujet. Rappelez-vous, s'il vous plaît, votre
devoir, vos obligations morales, votre affection filiale, et toutes
les choses de ce genre auxquelles il est si délicieux et si
charmant de réfléchir, ou vous vous en repentirez.
    – Je ne me repentirai jamais de conserver
le respect de moi-même, monsieur, dit Édouard. Pardonnez-moi si je
vous déclare que je ne le sacrifierai pas à votre commandement, que
je ne suivrai pas la route que vous voudriez me faire prendre pour
me rendre complice de la part secrète que vous avez eue dans cette
dernière séparation. »
    Le père se leva encore un peu plus, et le
regardant comme par un sentiment de curiosité, pour voir s'il
parlait sérieusement, il se laissa doucement glisser de nouveau en
arrière, et dit de la voix la plus calme, tout en croquant ses
noisettes :
    « Édouard, mon père eut un fils qui,
étant fou comme vous, et comme vous entretenant des sentiments de
désobéissance bas et vulgaires, fut déshérité et maudit un matin
après déjeuner. La circonstance se représente ce soir à mon esprit
avec une précision singulière dans mes souvenirs. Je me rappelle
encore que j'étais en train de manger des petits pains au beurre
avec de la marmelade. Il mena une misérable vie (le fils, bien
entendu), et mourut jeune ; ce fut bien

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