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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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heureux sous tous les
rapports, car il ne faisait guère honneur à la famille. C'est une
triste circonstance, Édouard, quand un père se trouve dans la
nécessité de recourir à des mesures si extrêmes.
    – Oui, sans doute, répliqua Édouard, et
c'en est une fort triste aussi quand un fils, offrant à son père
son amour et ses devoirs dans le sens le meilleur et le plus vrai,
se trouve repoussé à tout propos, et forcé de désobéir. Cher père,
ajouta-t-il d'un air plus sérieux encore, quoique d'un ton plus
doux, j'ai souvent réfléchi sur ce qui se passa entre nous lorsque
nous discutâmes ce sujet pour la première fois. Souffrez que nous
ayons ensemble une explication confidentielle, mais je dis une
explication franche et sincère. Écoutez ce que j'ai à vous
dire.
    – Comme je pressens ce qu'elle serait et
que je ne peux manquer de le pressentir, Édouard, répondit
froidement son père, je m'y refuse ; je ne saurais m'y prêter.
Je suis sûr qu'elle me mettrait de mauvaise humeur, ce qui est une
situation d'esprit que je ne peux pas endurer. Si vous vous
proposez de faire obstacle à mes plans pour votre établissement
dans la vie et pour la conservation de cette noblesse de race et de
cet orgueil bienséant que notre famille a si longtemps
soutenus ; en un mot, si vous êtes résolu de suivre la route
que vous vous tracez, suivez-la et emportez avec tous ma
malédiction. J'en suis très fâché, mais il n'y a réellement pas
d'alternative.
    – La malédiction peut traverser vos
lèvres, dit Édouard, mais ce ne sera qu'un vain souffle. Je ne
crois pas qu'un homme ait le pouvoir ici-bas d'en attirer une sur
son semblable, et surtout sur son propre enfant, pas plus que de
faire tomber, par ses conjurations impies, une goutte d'eau ou un
flocon de neige des nuages qui sont au-dessus de nous. Regardez-y à
deux fois, monsieur.
    – Vous êtes si irréligieux, si
irrespectueux, si horriblement profane, répondit son père en se
tournant vers lui avec nonchalance et cassant une autre noisette,
que je dois positivement vous interrompre ici. Il est tout à fait
impossible que notre entretien continue sur ce ton-là. Si vous
voulez, bien sonner, le domestique va vous conduire jusqu'à la
porte. Ne revenez plus sous ce toit, je vous en prie. Allez,
monsieur, puisqu'il ne vous reste aucun sens moral, et allez au
diable, c'est ce que je vous souhaite. Bonjour. »
    Édouard quitta la chambre sans un mot de plus,
sans un regard, et tourna le dos à la maison pour jamais.
    Le visage du père rougit et s'échauffa
légèrement ; mais il n'y eut pas la moindre altération dans
ses manières lorsqu'il sonna derechef et dit à son domestique,
quand il fut entré :
    « Peak, si ce gentleman qui vient de
sortir…
    – Pardon, monsieur ;
M. Édouard ?
    – Y en avait-il donc ici plus d'un,
balourd, que vous me faites cette question ? Si ce gentleman
envoyait prendre sa garde-robe, vous la lui donneriez, vous
entendez ? S'il se présentait lui-même, n'importe quand, je
n'y suis pas. Vous le lui direz comme ça, et vous fermerez la
porte. »
    Ainsi l'on chuchota bientôt à la ronde que
M. Chester était très malheureux d'avoir un fils qui lui
causait beaucoup de peine et de chagrin. Les bonnes gens qui
l'entendirent et le répétèrent s'émerveillèrent d'autant plus de
son égalité d'âme et de sa sérénité. « Quelle aimable nature
il faut avoir, disaient-ils, pour montrer tant de calme après tant
d'épreuves ! » Et, lorsqu'on prononçait le nom d'Édouard,
la société secouait la tête et mettait son doigt sur sa
lèvre ; elle soupirait, elle prenait son air grave ; et
ceux qui avaient des fils de l'âge de ce jeune homme, dans un accès
de pieuse colère et de vertueuse indignation, lui souhaitaient la
mort, comme une expiation due à la piété filiale. Et ce n'est pas
là ce qui empêcha le monde d'aller son petit train pendant cinq ans
dont cette histoire ne parle pas.

Chapitre 33
     
    Un soir d'hiver, dans les premiers mois de
l'an de Notre Seigneur mil sept cent quatre-vingts, un vent perçant
du nord s'éleva vers la brune, et, quand parut la nuit, le ciel
était noir et affreux. Une violente tempête de grésil aigu, épais
et froid comme la glace, balaya les rues humides et retentit sur
les fenêtres tremblantes. Les enseignes, secouées sans pitié dans
leurs cadres gémissants tombèrent avec fracas sur le pavé, de
vieilles cheminées branlantes vacillèrent et

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