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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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pour un œil inaccoutumé à des investigations de ce
genre, de distinguer là autre chose que divers outils d'une façon
et d'une forme grossières, de grands paquets de clefs rouillées,
des morceaux de fer, des serrures à moitié finies, et maint objet
de même nature, garnissant les murailles ou pendant en grappes du
plafond.
    Après une longue et patiente contemplation de
la clef d'or, et plusieurs coups d'œil lancés ainsi derrière lui,
Gabriel fit quelques pas dans la rue, et dirigea un regard furtif
vers les fenêtres de l'étage supérieur. L'une d'elles, par hasard,
s'ouvrit toute grande en ce moment, et une figure friponne
rencontra la sienne. C'était une figure illuminée par la plus
aimable paire d'yeux étincelants sur lesquels un serrurier eût
jamais fixé sa vue ; c'était la figure d'une jeune folle,
jolie, rieuse, aux fraîches fossettes pleines de santé, la
véritable personnification de la bonne humeur et de la beauté dans
sa fleur.
    « Chut ! dit elle tout bas, en se
penchant et montrant avec malice la fenêtre d'au-dessous ;
mère dort encore.
    – Encore, ma chérie ! répondit le
serrurier du même ton. Tu en parles à ton aise. Ne dirait-on pas
qu'elle a dormi toute la nuit, quand elle n'a guère eu plus d'une
demi-heure de sommeil ? Mais, Dieu soit loué ! le sommeil
est une bénédiction… il n'y a pas de doute à cela. »
    Le serrurier marmotta ces derniers mots pour
lui seul.
    « C'est bien cruel à vous de nous avoir
tenus sur pied si tard dans la nuit, sans seulement nous dire où
vous étiez, et sans nous envoyer au moins un petit mot pour nous
rassurer, reprit la jeune fille.
    – Ah ! Dolly, Dolly ! répliqua
le serrurier secouant la tête et souriant, c'est bien cruel à vous
d'avoir couru là-haut dans votre chagrin, pour vous mettre au
lit ! Descendez déjeuner, petite folle, et bien doucement, ou
vous réveilleriez votre mère. Elle doit être fatiguée, j'en suis
sûr ; certainement elle doit l'être. »
    Gardant pour lui ces derniers mots, et
répondant au signe de tête de sa fille, il allait entrer dans sa
boutique, la figure encore toute rayonnante du sourire que Dolly y
avait éveillé, lorsqu'il put voir, juste au moment même, le bonnet
de papier goudronné de son apprenti faire un plongeon afin d'éviter
l'œil du maître, et se reculer de la fenêtre, pour retourner en
tapinois à sa première place, où il ne fut pas plutôt qu'il se mit
à jouer vigoureusement du marteau.
    « Encore Simon aux aguets ! se dit
Gabriel ; ça ne vaut rien. Que diable croit-il donc que la
petite va dire ? Toujours je le surprends à écouter
lorsqu'elle parle, jamais à un autre moment. Mauvaise habitude,
Sim, que de se cacher comme ça pour faire ses coups à la sourdine.
Ah ! vous avez beau jouer du marteau, vous ne m'ôterez pas
cela de l'idée, quand vous y travailleriez toute votre
vie. »
    En se parlant ainsi à lui-même et secouant la
tête d'un air grave, il rentra dans l'atelier et toisa l'objet de
ces remarques.
    « En voilà assez pour l'instant, dit le
serrurier. Il est inutile de continuer ce bruit infernal. Le
déjeuner est prêt.
    – Monsieur, dit Sim en levant les yeux
sur son maître avec une politesse étonnante et un petit salut à lui
qui s'arrêtait net au cou, je suis à vous immédiatement.
    – Je suppose, marmotta Gabriel, que c'est
une phase de « la Guirlande de l'Apprenti, » ou des
« Délices de l'Apprenti, » ou du « Chansonnier de
l'Apprenti, » ou du « Guide de l'Apprenti à la
Potence, » ou de quelque autre livre instructif de ce
genre-là. Bon ! ne va-t-il pas maintenant se faire
beau !…un amour de serrurier, ma foi. »
    Sans se douter le moins du monde que son
maître l'observait de la sombre encoignure près de la porte de la
salle à manger, Sim jeta son bonnet de papier, sauta à bas de son
siège, et, en deux pas extraordinaires, quelque chose entre
l'enjambée d'un patineur et celle d'un danseur de menuet, il bondit
jusqu'à une sorte de lavabo à l'autre bout de l'atelier, et là il
fit disparaître de sa figure et de ses mains toutes les traces du
travail de la matinée, exécutant le même pas pendant tout le temps
avec le plus grand sérieux. Cela fait, il tira de quelque endroit
caché un petit morceau de miroir, dont il s'aida pour arranger ses
cheveux et constater l'état exact d'un petit bouton qu'il avait sur
le nez. Ayant alors parachevé sa toilette, il posa le morceau de
miroir sur un

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