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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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Chigwell, Joe ?
    – Toujours comme à l'ordinaire,
monsieur ; nous nous entendons, eux et moi, aussi bien que par
le passé.
    – Bon, bon ! dit le serrurier. Il
nous faut être patients, Joe, et endurer les faibles des vieilles
gens. Comment va la jument, Joe ? Elle fait toujours ses
quatre milles à l'heure aussi aisément que jamais ? Ha, ha,
ha ! n'est-ce pas, Joe ? Tiens ! qu'est-ce que nous
avons là Joe, un bouquet ?
    – De bien pauvres fleurs, monsieur ;
je pensais que Mlle Dolly …
    – Non, non, dit Gabriel, baissant la voix
et secouant la tête, pas Dolly. Donnez-les à sa mère, Joe. Il vaut
beaucoup mieux les donner à sa mère. Ça ne vous contrarie pas de
les donner à Mme Varden, Joe ?
    – Oh ! non, monsieur, répliqua Joe
en cherchant, mais sans beaucoup de succès, à cacher son
désappointement. J'en serais charmé, je vous assure.
    – Très bien, dit le serrurier en le
frappant doucement sur le dos. Peu vous importe qui les aura,
n'est-ce pas, Joe ?
    – Oh ! oui, monsieur. »
    Cher cœur, comme ces mots s'attachèrent à sa
gorge !
    « Entrez, dit Gabriel, on vient justement
de m’appeler pour le thé. Elle est dans la salle à manger.
    – Elle ! pensa Joe. Laquelle des
deux, je ne sais, madame ou mademoiselle ? » Le serrurier
éclaircit son doute avec autant d'à-propos que s'il l'eût entendu
formuler à haute voix, en le menant à la porte et disant :
« Ma chère Marthe, voici M. Willet fils. »
    Mme Varden, regardant le Maypole comme
une espèce de souricière humaine, ou de traquenard pour les maris,
considérant son propriétaire, et tous ses aides et suppôts, comme
autant de braconniers à l’affût des chrétiens, et croyant
d'ailleurs que les publicains accouplés avec les pécheurs dans
l'Écriture sainte étaient de véritables aubergistes patentés, parce
qu'ils tenaient des maisons publiques, était loin d'être disposée
favorablement à l'égard du jeune homme qui lui rendait visite.
Aussi fut-elle sur-le-champ prise d'une faiblesse, et, lorsque les
crocus et les perce-neige lui eurent été dûment présentés, elle
devina, en y réfléchissant, que c'étaient eux qui étaient la cause
de cette pâmoison qui avait accablé ses sens. « Je craindrais
de ne pouvoir supporter l’atmosphère de la salle une minute de
plus, dit la bonne dame, s'ils demeuraient ici. Voulez-vous bien
m'excuser de les mettre en dehors de la fenêtre ? »
    Joe la pria de vouloir bien se dispenser de
toute excuse, et sourit faiblement lorsqu'il vit ses fleurs mises
sur l'allège extérieure. Jamais personne ne saura les peines qu'il
s'était données pour composer ce bouquet voué maintenant au dédain
et traité si cavalièrement.
    « Ah ! comme cela me fait du bien
d'en être débarrassée ! dit Mme Varden. Je me sens déjà
beaucoup mieux. » Et en vérité elle semblait avoir recouvré
ses sens.
    Joe exprima sa gratitude envers la Providence
d'une faveur si précieuse, et il n'eut seulement pas l'air de
songer où pouvait être Dolly.
    « Vous êtes de vilaines gens à Chigwell,
monsieur Joseph, dit Mme Varden.
    – Mais non, madame, je l'espère, répliqua
Joe.
    – Vous êtes les gens les plus cruellement
irréfléchis qu'il y ait au monde, dit Mme Varden en se
rengorgeant. Je m'étonne que M. Willet père, ayant été
lui-même un homme marié, ne sache pas mieux se conduire qu'il ne
fait. Je sais bien qu'il y trouve son profit, mais ce n'est pas une
excuse ; j'aimerais mieux payer vingt fois plus, et que Varden
revînt à la maison comme un respectable et sobre commerçant. S'il y
a un défaut au monde qui me blesse et me dégoûte, plus que tout
autre, c'est l'ivrognerie.
    – Allons, ma chère Marthe, dit le
serrurier d'un air jovial, faites-nous servir le thé, et ne parlons
pas d'ivrognes. Il n'y en pas ici, et Joe ne se soucie guère d'en
parler, à coup sûr. »
    En ce moment critique, Miggs parut avec les
rôties.
    « À coup sûr, il ne s'en soucie guère,
dit Mme Varden, ni vous non plus, Varden, à coup sûr. C'est un
sujet fort désagréable, je n'en doute pas, bien que je ne veuille
pas dire qu'il soit personnel… Miggs toussa… quoiqu'on ne soit pas
maîtresse de ce qu'on pense. Vous ne saurez jamais, Varden, et
personne à l'âge de M. Willet fils (excusez-moi, monsieur) ne
peut naturellement savoir ce que souffre une femme qui attend chez
elle dans de pareilles circonstances. Si vous ne me croyez pas,
comme je n'en

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