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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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promettre,
répliqua-t-il en s'asseyant à la table. Rien que ceci :
j'exécuterai ma menace si vous me trahissez. »
    Elle se leva enfin, et, allant à un cabinet
attenant à la chambre, elle apporta quelques restes de viande
froide et du pain, et mit le tout sur la table. Il demanda un grog
à l'eau-de-vie, il but et mangea avec la voracité d’un chien de
chasse affamé. Tout le temps qu'il fut occupé à apaiser sa faim,
elle se tint dans la partie la plus reculée de la chambre, assise
et frissonnante, sa figure tournée vers lui. Jamais elle ne lui
tourna le dos, et quand elle avait à passer près de lui pour aller
au buffet par exemple, et pour en revenir, elle ramassait les bords
de ses vêtements autour d'elle, comme si elle eût frémi de l'idée
qu’ils pussent le toucher même par hasard, mais, au milieu de sa
frayeur, de sa terreur profonde, elle gardait toujours sa figure
dirigée vers celle de son épouvantail, et surveillait chacun de ses
mouvements.
    Son repas terminé, si l'on peut appeler repas
ce qui n'était que la satisfaction dévorante des exigences de la
faim, il approcha de nouveau sa chaise du feu, et, en se
réchauffant devant la flamme qui jaillissait à présent toute
brillante, il lui adressa encore la parole.
    « Je suis un paria pour lequel un toit
sur sa tête est souvent une jouissance extraordinaire, et les
aliments que rejetterait un mendiant une nourriture délicate. Vous
vivez ici dans l’aisance. Êtes-vous seule ?
    – Je ne suis pas seule, répondit-elle
avec un effort.
    – Qui est ce donc qui demeure avec
vous ?
    – Quelqu’un… ça ne vous regarde pas. Vous
ferez bien de partir pour qu’il ne vous trouve pas là.
Qu’attendez-vous ?
    – Que je sois réchauffé, répliqua-t-il en
étendant ses mains devant le feu. Je me réchauffe. Vous êtes riche
peut être ?
    – Oh !oui, dit elle d'une voix
faible. Très riche. Il n'y a pas de doute, je suis très riche.
    – Du moins vous n’êtes pas sans le sou.
Vous avez quelque argent, vous faisiez des emplettes ce soir.
    – Il me reste peu de chose. Quelques
schellings.
    – Donnez-moi votre bourse. Vous l’aviez
dans votre main à la porte. Donnez-la-moi. »
    Elle alla vers la table, et mit sa bourse
dessus. Il étendit son bras sur la table, prit la bourse, et en
compta le contenu dans la main. Comme il était à compter, elle
écouta un moment, et s'élança vers lui.
    « Prenez ce qu'il y a, prenez tout,
prenez plus s'il y avait plus, mais allez-vous-en avant qu'il soit
trop tard. Je viens d'entendre dehors un pas étrange que je connais
bien. Ce pas va revenir tout de suite. Allez-vous-en.
    – Que voulez-vous dire ?
    – Ne vous arrêtez pas à le
demander ; je ne vous répondrais pas. Quelque horreur que
j'aie à vous toucher, je vous traînerais à la porte, si j'en avais
la force, plutôt que de vous laisser perdre un instant. Misérable,
fuyez de ce lieu.
    – S'il y a des espions dehors, je suis
plus en sûreté ici, répliqua l'homme debout et effaré. Je resterai
ici, et je ne fuirai pas que le danger ne soit passé.
    – Il est trop tard ! cria la veuve
qui avait écouté ce pas. sans faire attention à ce qu'il
disait ; entendez-vous ce pas sur le sol ? Est-ce qu'il
ne vous fait pas trembler ? C'est mon fils, mon fils
idiot ! »
    Comme elle disait cela d'un air égaré, on
frappa pesamment à la porte. Ils s'entre-regardèrent elle et
lui.
    « Faites-le entrer, dit l'homme d'une
voix rauque ; je le crains moins que la nuit noire, sans
asile. Le voilà qui frappe encore. Faites-le entrer.
    – L'effroi de cette heure, répliqua la
veuve, a été sur moi toute ma vie. Je n'ouvrirai pas. Le crime
tombera sur lui, si vous vous trouvez face à face. Mon pauvre fils
a la raison brûlée dans sa fleur ! Vous tous, bons anges qui
savez la vérité, exaucez la prière d'une mère, et préservez mon
fils de reconnaître cet homme !
    – Il agite avec bruit les volets !
cria l'homme. Il vous appelle. Cette voix, ce cri ! c'est lui
qui m'a saisi à bras-le-corps sur la route. Est-ce
lui ? »
    Elle s'était affaissée sur ses genoux, et elle
demeura agenouillée, remuant ses lèvres sans proférer aucun son.
Comme il la considérait, incertain de ce qu'il devait faire pour
s'éclipser, les volets s'ouvrirent tout grands. Attraper un couteau
sur la table, lui donner pour gaine la large manche de son habit,
se cacher dans le cabinet, tout cela fut fait avec la vitesse

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