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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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fallait absolument que Dolly dînât avec elle. Dolly s'était
d'avance proposé de le faire ; il n'y eut donc pas besoin de
la presser extrêmement, et ce point réglé, les deux amies sortirent
pour se promener dans le jardin.
    Elles flânèrent en tous sens le long des
allées de la terrasse, parlant continuellement (Dolly, du moins, ne
déparla pas une minute), et donnant à ce quartier de la lugubre
maison une gaieté complète : non qu'on les entendît parler
haut ni qu'on les vît rire beaucoup ; mais elles étaient
toutes les deux si bien tournées, et il faisait une si douce brise
ce jour-là, et leurs légers vêtements, et les brunes boucles de
leur chevelure paraissaient si libres et si joyeuses dans leur
abandon, et Emma était si belle, et Dolly avait un teint si rosé,
et Emma avait une taille si délicate, et Dolly était si rondelette,
et en un mot il n'y a pas de fleurs dans aucun jardin comme ces
fleurs-là, quoi qu'en disent les horticulteurs ; la maison et
le jardin semblaient bien aussi le savoir : il n'y avait qu'à
voir la mine radieuse qu'ils avaient.
    Après la promenade vint le dîner, puis la
lettre fut écrite, puis il y eut encore quelque petite causerie,
dans le cours de laquelle Mlle Haredale saisit l'occasion
d'accuser Dolly de certaines tendances coquettes et volages ;
on aurait cru que Dolly prenait ces accusations pour des
compliments, et qu'elle s'en amusait extrêmement. La trouvant tout
à fait incorrigible, Emma consentit à son départ, mais non sans lui
avoir confié auparavant cette importante réponse dont jamais on ne
pouvait avoir assez de soin ; et elle la gratifia, en outre,
d'un joli petit bracelet pour lui servir de souvenir. L'ayant
agrafé au bras de sa sœur de lait, et lui ayant derechef, moitié
plaisamment moitié sérieusement, conseillé de s'amender dans ses
friponnes coquetteries, car Emma savait que Dolly aimait Joe au
fond du cœur (ce que Dolly niait avec force en multipliant
d'altières protestations, et qu'elle espérait bien rencontrer mieux
que cela en vérité ! et ainsi de suite), Mlle Haredale
lui dit adieu ; et après l'avoir rappelée, elle lui donna pour
Édouard quelques messages supplémentaires, qu'une personne dix fois
plus grave que Dolly aurait eu de la peine à retenir, et elle la
congédia enfin.
    Dolly lui dit adieu, et, sautant avec légèreté
les marches de l'escalier, elle arriva à la porte de la terrible
bibliothèque, devant laquelle elle allait repasser sur la pointe du
pied, lorsque cette porte s'ouvrit, et tout à coup parut
M. Haredale. Or, Dolly avait dès son enfance associé avec
l'idée de ce gentleman celle de quelque chose d'affreux comme un
fantôme, sa conscience étant d'ailleurs au même moment agitée de
remords, la vue de l'oncle d'Emma la jeta dans un tel désordre
d'esprit qu'elle ne put ni le saluer ni s'échapper ; elle
éprouva un grand tressaillement, et puis elle resta là, les yeux
baissés, immobile et tremblante.
    « Venez ici, petite fille, dit
M. Haredale en la prenant par la main. J'ai à vous parler.
    – S'il vous plaît, monsieur, il faut que
je me dépêche, balbutia Dolly, et… et vous m'avez effrayée en
m'abordant d'une manière si soudaine, monsieur. J'aimerais mieux
m'en aller, monsieur, si vous étiez assez bon pour me le
permettre.
    – Immédiatement, dit M. Haredale,
qui pendant ce temps l'avait conduite dans la bibliothèque. dont il
avait fermé la porte. Vous vous en irez tout de suite. Vous venez
de quitter Emma ?
    – Oui, monsieur, il n'y a qu'une
minute ; mon père m'attend, monsieur ; ayez la bonté,
s'il vous plaît…
    – Je sais, je sais, dit M. Haredale.
Répondez à cette question. Qu'avez-vous apporté ici
aujourd'hui ?
    – Apporté ici, monsieur ? balbutia
Dolly.
    – Vous me direz la vérité, j'en suis sûr.
N'est-ce pas ? »
    Dolly hésita un instant, et quelque peu
enhardie par le ton de M. Haredale, elle dit enfin :
« Eh bien, monsieur, c'était une lettre.
    – De M. Édouard Chester,
naturellement. Et vous remportez la réponse ? »
    Dolly hésita de nouveau, et, faute de mieux,
elle fondit en larmes.
    « Vous vous alarmez sans motif, dit
M. Haredale. Pourquoi ces enfantillages ? Assurément vous
pouvez me répondre. Vous savez que je n'aurais qu'à poser la
question à Emma, pour connaître aussitôt la vérité. Avez-vous la
réponse sur vous ? »
    Dolly avait, comme on dit, son petit
caractère, et, se voyant alors

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