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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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pendillaient à des chevilles, inclinés à peu près
d'avance dans la position voulue pour qu'un homme altéré les portât
à ses lèvres ; il y avait de si solides barillets de Hollande
rangés sur des tablettes ; un si grand nombre de citrons
suspendus par des filets séparés, formant l'odorant bosquet dont il
a déjà été question dans cette chronique, et suggérant, avec des
pains de sucre d'un blanc de neige, amoncelés auprès, l'idée d'un
punch exquis au delà de toute connaissance humaine ; il y
avait de tels cabinets, de telles armoires, de tels tiroirs pleins
de pipes, de telles places pour serrer une foule de choses dans
l'embrasure des fenêtres, le tout bourré jusqu'à la gorge de
comestibles, de liquides ou d'assaisonnements savoureux ;
enfin, et pour couronner tout cela, comme symbole des immenses
ressources de l'établissement et de son défi aux consommateurs de
pouvoir en venir à bout, il y avait un si monstrueux
fromage !
    C’aurait été un pauvre cœur, incapable de
jamais se réjouir… le cœur le plus pauvre, le plus faible, le plus
aqueux qui battit jamais, que celui qui ne se serait pas senti
réchauffé devant le comptoir du Maypole. Ce n'est toujours pas
celui de Mme Varden, car il prit feu à l'instant. Il ne lui
eût pas été plus possible de faire des reproches à John Willet
parmi ces dieux domestiques, les barillets et les bouteilles, les
citrons et les pipes, et le fromage, que de lui prendre son propre
couteau à découper, si luisant, pour le poignarder du coup. Le menu
du dîner aussi avait de quoi attendrir un sauvage. « Un peu de
poisson, dit John à la cuisinière, et quelques côtelettes de mouton
panées, avec beaucoup de ketchup [20] et une
bonne salade, et un jeune poulet rôti, et un plat de saucisses à la
purée de pommes de terre, ou quelque chose de ce genre. »
Quelque chose de ce genre ! Voyez donc les ressources de ces
auberges ! Indiquer négligemment des plats qui étaient en
eux-mêmes une espèce de dîner de première classe et de jour de
fête, et qui convenaient à un repas de noce, les appeler
« quelque chose de ce genre » n'était-ce pas comme s'il
avait dit : « Si vous n'avez pas un jeune poulet, vous
nous servirez, en fait de volaille, quelque autre bagatelle, par
exemple un faisan, peut-être ! » Et la cuisine donc, avec
sa cheminée large comme une caverne, en voilà une cuisine où il ne
semblait pas que l'art de cuisiner eût des limites, où vous pouviez
croire à n'importe quoi de tout ce qu'on aurait pu vous raconter
des choses qui se mangent ! Mme Varden revint au comptoir
après avoir contemplé ces merveilles, la tête tout étourdie de
ravissement. Sa capacité comme ménagère n'était pas assez vaste
pour les embrasser toutes. Elle fut contrainte d'aller dormir. Cela
faisait mal de rester les yeux ouverts au milieu d'une telle
immensité. Durant ce sommeil, Dolly, dont le cœur et la tête
couraient gaiement sur d'autres sujets, passa la porte du jardin,
et regardant de temps en temps derrière elle (mais ce n'était pas,
croyez-le bien, pour voir si Joe l'avait aperçue), d'un pied léger
suivit dans les champs, pour remplir sa mission à la Garenne, un
petit sentier de traverse qu'elle connaissait fort bien ; et,
moi qui vous parle, j'ai été informé, et je le crois dur comme fer,
que vous auriez vu peu d'objets aussi agréables que la mante et les
rubans couleur cerise, lorsqu'ils voltigeaient le long des vertes
prairies, à la brillante lumière du jour, comme de petits étourdis
qu'ils étaient.

Chapitre 20
     
    L’orgueil qu'elle ressentait de la mission
confiée à son adresse, et la grande importance qu'elle en tirait
naturellement, l'eussent trahie aux yeux de toute la maison, s'il
lui avait fallu essuyer les regards de ses habitants ; mais,
comme Dolly avait joué mainte et mainte fois dans chaque passage et
chaque sombre pièce, au temps de son enfance, et que, depuis, elle
avait été l'humble amie de Mlle Haredale, dont elle était la
sœur de lait, elle en connaissait aussi bien les êtres que cette
jeune personne elle-même. Ne prenant donc pas d'autres précautions
que de retenir son haleine et de marcher sur la pointe du pied
devant la porte de la bibliothèque, elle alla droit à la chambre
d'Emma, comme une visiteuse privilégiée.
    C'était la chambre la plus gaie de l'édifice.
La pièce était sans doute sombre comme le reste ; mais la
jeunesse et la beauté rendent une prison

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