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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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savoir comment ils se consolaient. Nous avons donc été comme bien souvent dans le parc, et nous nous sommes assis devant le monument du Kaiser. Un beau monument du Kaiser en cuirassier, sur un énorme cheval. Je portais ma petite sœur qui avait un an et ne savait pas encore marcher. Cette semaine-là, ils avaient emmené Bertha dans une ambulance Mercédès à cause d’une carie osseuse ; elle est morte cinq jours après. Le vieux trouva que c’était bien parce que nous pouvions nous servir de ses frusques. Bertha était l’aînée et ses habits assez grands pour tout le monde ; on lui en avait donné beaucoup à l’hôpital, toujours à cause de cette carie osseuse. J’ai eu son tricot de laine, un tricot tout neuf. Seigneur ! que c’était bon et chaud. Je me rappelle que j’ai remercié Dieu parce que Bertha était au ciel où elle était bien, et parce que j’avais reçu ce tricot bien chaud. Je ne savais guère qui il fallait remercier d’autre.
    » L’hiver était terrible et je n’avais jamais eu de veste. C’est-à-dire qu’une fois j’en ai volé une, mais ça a fait une histoire. Le professeur m’a battu, l’inspecteur aussi ; le pasteur, qui était président de l’infirmerie et de la commission de surveillance des enfants, me donna une paire de gifles si forte que je roulai sous l’armoire vitrée où se trouvait la porcelaine fine ; trois tasses se cassèrent et à cause de cela on me battit de nouveau. Dieu ! qu’il était en colère, d’abord à cause de la veste mais surtout à cause des tasses. Il disait « que c’était du vrai » – Heide se mit à rire – comme si toutes les tasses n’étaient pas vraies ! Sans ça, ce ne seraient pas des tasses. Faut être toqué ! Donc, tout ce monde fit tant d’histoires à cause de cette veste que je me suis dit qu’il valait mieux s’en passer.
    »  Un de mes frères se sauva et aboutit dans l’armée ; il écrivit une seule fois en envoyant une photo : cavalier quelque part dans une garnison frontière. Je n’en ai plus jamais entendu parler, mais je pense qu’il a dû finir dans un camp de concentration ; il était communiste et ne savait pas tenir sa langue. Il criait toujours à la victoire du prolétariat et tout le tremblement
    – Heide rit encore en pensant à la naïveté de son frère. – Ensuite, il y avait mon frère Guillaume qui sauta de ce tramway de la ligne 4 quand le conducteur découvrit qu’il était monté en fraude. On le faisait si souvent ! C’était drôle de sauter en criant au conducteur qu’il n’était qu’un cochon ; lui ne pouvait pas descendre pour vous courir après. Mais ce jour-là, Guillaume sauta de travers et il glissa sur les rails. Les gens crièrent de terreur, mais avant que le tramway ait pu s arrêter, Guillaume n’était plus que de la bouillie.
    » On en fit un tas. J’avais espéré avoir ses sabots neufs mais ils étaient trop petits ; mon talon dépassait. Guillaume était très frêle, ce fut Ruth qui prit ses affaires. Pour Ruth, tout alla bien ; elle fut achetée  – adoptée à ce qu’on dit – par des gens chics de Linz. Le vieux la battait parce qu’elle pleurait de nous quitter ; elle fut tellement battue qu’à la fin elle souriait en tremblant, le jour où ils sont venus la chercher ; elle n’osait rien faire d’autre. Le vieux lui avait dit :  « Ecoute, ma fille, si tu n’es pas à la hauteur quand ces cochons de capitalistes s’amèneront, je te suspends à un séchoir et je te pile qu’il ne restera plus rien de toi. »
    » Le vieux reçut cinquante marks du chic monsieur de Linz qui était venu avec un notaire et un officier de schupos, sans compter deux poules élégantes avec plumes d’autruche ; elles devaient être témoins que Ruth ne nous appartenait plus. Le vieux dit encore : «  C’est du cinéma pour une fille comme ça ! S’ils le veulent, je veux bien leur en donner d’autres pardessus le marché ! » Il se mit à rire mais l’élégante société n’y comprit rien.
    »  Les cinquante marks, il les dépensa à boire. Il revint saoul comme un furieux. Cari et moi, on s’est cachés dans le grenier de Schultze jusqu’à ce qu’il ait cuvé son vin. Ce qu’il pouvait crier ! Il essayait de nous faire descendre avec des promesses, mais on. se méfiait, et on est restés là, tout à fait en haut sous la girouette, d’où nous pouvions le voir marcher, fou de rage, autour du jardin, pax un

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