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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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sous la cape de Heide. Il ressemblait à un ours qui hiberne.
    Le sous-officier Julius Heide était un enfant de prolétaire. Toute sa vie n’avait été qu’une longue suite de brimades. A l’école, les maîtres ne pouvaient pas le sentir, le prêtre lui donnait le fouet, son père le maltraitait.
    Sa journée commençait à quatre heures du matin chez un boulanger où il faisait le ménage. En classe, il arrivait en général un quart d’heure après les autres. Le professeur qui était « Führer SS » en profitait quotidiennement pour a faire un exemple ».
    Ces brutalités continuelles le rendirent dur. Il n’avait confiance en personne. De nous tous, c’était le mieux habillé ; même au cours des plus terribles combats, il était peigné, briqué ; des heures sous le casque ne dérangeaient pas ses cheveux ; son uniforme était aussi réglementaire en première ligne qu’à la caserne.
    L’élégance apporte la sécurité et la considération », disait-il.
    –  Tu adores la guerre, s’esclaffait Porta en se mouchant dans ses doigts.
    –  Non, répondit Heide, c’est de la tactique. Même en prison, on respecte un soldat soigné. On fusille plus facilement quelqu’un de négligé.
    Le récit de sa vie nous stupéfiait. Alte le regarda et dit :
    –  Tu es le plus dangereux de nous tous, Julius. Tu ne vis que pour la vengeance.
     

SCHMIDT LE ROUGE
     
    C’ETAIT la halte. Les chiens fourbus soufflaient bruyamment, des nuages de vapeur sortant de leurs gueules ouvertes.
    Barcelona essayait de mâcher un morceau de pain gelé. Le Vieux, assis sur un des patins du traîneau, fumait en silence. Et, tout à coup, Julius Heide se mit à parler.
    Il parlait intarissablement, et au début personne n’écoutait. C’était une chose si fréquente de voir quelqu’un parler sans que nul soit censé écouter ! On pouvait bien, de temps à autre, avoir besoin de dire quelque chose à soi-même sans s’adresser à personne. Tout cela à cause de la neige, de la peur, de la mort. Nous n’étions jamais seuls. Nous dormions ensemble, mangions ensemble, attrapions ensemble nos poux, tuions épaule contre épaule, mourions ensemble.
    Nous faisions tout les uns devant les autres sans en rougir. C’était ainsi que Julius Heide, soudain, parlait tout seul. Il parlait à la steppe, aux épines aiguës dressant leurs branches mortes ; il ne tenait aucun compte de nous. Tout simplement, nous n’étions plus là.
     – Mon vieux était un ivrogne, dit-il en crachant d’une manière idiote contre la tempête. Il buvait comme un seau percé. Seigneur ! ce qu’il pouvait boire. Le Vieux porc avait une ceinture dont la boucle représentait une fille nue et un nègre, une ceinture diablement large ; le vieux la bouclait en accrochant la fille au nègre. Je me suis souvent demandé où il avait bien pu se procurer cette boucle qui était dure comme de l’acier.
    Heide regarda vers l’ouest. Ses yeux étaient extraordinairement clairs et bleus ; ils voyaient une ville de Westphalie, noire de charbon, et un affreux taudis.
    – Mon vieux tapait sur nous avec cette ceinture, comme une brute, quand A était ivre. Et comme il l’était presque toujours, nous étions toujours battus. Ma mère priait beaucoup ; je crois que c’étaient ses seuls moments de joie. Je n’ai jamais pu comprendre ce qu’elle demandait, car elle murmurait ses prières d’une façon bizarre.
    « Vous croyez que c’est la boisson qui me fait vous battre ? criait le vieux. Mais vous vous trompez. C’est le devoir envers notre grande Allemagne ; la nécessité de la discipline. C’est en mortifiant la chair pécheresse que ça s’apprend le mieux. » Alors il éclatait de « rire et répétait chair pécheresse » cent fois.
    » Un jour les shupos sont venus le chercher et vous pouvez croire qu’ils mortifièrent sa chair pécheresse. Ma mère l’a ramené à la maison. En quel état ! 11 avait le corps tout Meu et tout vert, et il pleurait sur les genoux de ma mère. Elle était assise sur notre seule chaise qui n’avait que trois pieds, le quatrième était une caisse trop courte que nous avions calée avec des journaux ; sans ça, la chaise basculait.
    » Ma mère caressait les cheveux de notre vieux et le consolait des coups qu’il avait reçus chez les schupos ; ensuite ils se sont couchés et ont continué à se consoler. On nous a « mis dehors, bien qu’il fût tard. Ça ne nous regardait pas de

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