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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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était pas resté bien longtemps ; on l’avait muté à l’asile où il cognait sur les fous. « Alors, il y a quelque chose à bouffer ? cria le vieux. Où es-tu, vieille sorcière ? Est-ce que tu entends ? Ton maître veut à bouffer. » Il buta dans un seau et devint furieux. Quand les deux salauds m’aperçurent, le vieux me montra d’un doigt qui tremblait et hurla : « Espèce de voleur, je vais te battre dès que cette propre à rien aura levé son derrière ! » Il donna un coup de pied à maman : « Debout, sorcière ! Ne crois pas que c’est dimanche pour rester là à ronfler ! » Il y eut un autre coup de pied. Ça résonnait comme quand on donne des coups dans une outre de peau de chèvre pleine de vin. Vous savez, comme les sacs en peau de chèvre qu’ils avaient en Roumanie et dont on se moquait tellement.
    « Maman est morte », ai-je dit. Le vieux me regardait, la bouche ouverte, et Schmidt le Rouge me regardait aussi, bêtement. Ils me fixaient tous les deux comme si j’étais devenu un cheval. Schmidt le Rouge avait vu des choses bizarres à l’asile. On disait qu’il avait étouffé des furieux qui avaient attaqué le gardien, et sa paire de poings paraissait de taille à le faire. »
    – Qu’est-ce qu’il fabrique maintenant, ce Schmidt le Rouge ? demanda Petit-Frère que l’histoire de Heide rendait haletant.
    – Il est gardien-chef à l’asile et s’occupe des crémations. Car en ce moment, il y a beaucoup de morts à l’asile ; tout le monde en parle, bien que ce soit gekados (secret d’Etat).
    – Comment ça se fait que ce soit un secret s’ils meurent ? il n’y a pas de secret si toi ou moi on crève ?
    – C’est autre chose. A l’asile, on les pique ; ça s’appelle « l’euthanasie ».
    – Bon Dieu ! demanda Barcelona Blom. On tue vraiment les fous ?
    – Oui, et ce sont les médecins qui le font, c’est légal mais strictement gekados . « Les sorcières ne meurent pas comme ça ! » dit Schmidt en riant, et il proposa au vieux de donner une tournée à maman.  Elles font semblant, comme à l’asile. Tape dessus, Cari, fouette-la, cette putain, et tu la verras lever son cul pour nous faire à manger. » Voyez-vous, les gars, depuis ce jour, je hais Schmidt le Rouge, et il faut que je le tue.
    – On te comprend, acquiesça Petit-Frère. Il faut le tuer. Mais comment feras-tu pour mettre la main dessus ? Ce sera plus difficile à faire à Munster.
    – Il va venir chez nous, dit Heide avec un sourire diabolique. Je sais qu’il va venir.
    – Quoi ? demanda Alte avec stupeur.
    Heide rejeta sa tête en arrière et partit d’un rire qui donnait la chair de poule, pendant qu’Alte hochait la tête comme s’il ne comprenait rien à tout cela.
    – Le vieux cochon prit un battoir à linge qui se trouvait dans la lessiveuse. Il titubait, hoquetait et crachouillait. Il sourit à Schmidt le Rouge, puis il se mit à battre. Le corps de ma mère se soulevait presque sous la fureur des coups. Je lui sautai dessus. Il me saisit et me jeta contre le mur. Ça me coûta un bras cassé et une commotion cérébrale. Schmidt me donna un coup de pied dans le dos, et à l’heure actuelle ma colonne vertébrale tordue est là poux m’empêcher d’oublier. Ils se ruèrent tous les deux sur maman et ils la battirent effroyablement. Ensuite, ils retournèrent au bistrot. J’allai chercher la police et je fis comme si je ne me souvenais de rien. On enferma Schmidt le Rouge et le vieux pendant six semaines, et ils n’en sortirent que le jour où j’ai bien voulu expliquer ce qui s’était passé. Mais le vieux fut pris d’une telle fureur à cause de mon long silence que ses coups me valurent une hernie. A ma sortie de l’hôpital, j’allai chercher mes affaires et j’en fis un paquet.
    – Tu avais beaucoup de choses ? demanda Petit-Frère.
    – On a toujours quelque chose même si on n’a que dix ans. J’avais un chandail à qui il ne restait qu’une seule manche, et des culottes courtes bleues, devenues blanches à force d’avoir été lavées. C’était la poule du Gauleiter qui me les avait données parce que je lui ramassais du crottin de cheval pour ses tulipes. J’avais aussi des souliers en toile, bien pour l’été quand les sabots sont trop chauds.
    – Pourquoi la poule du Gauleiter mettait-elle du crottin sur ses tulipes ? demanda encore Petit-Frère étonné.
    – Elle s’imaginait que ça leur donnait

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