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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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Petit-Frère. Il y eut devant un poulailler une bataille vive mais courte, et tous deux rampèrent enlacés dans le poulailler malgré les protestations des volailles hérissées. La femme gémit. On entendit des ailes battre, des jurons, des malédictions ; on vit une poule blanche jaillir hors de l’abri, puis trois noires et enfin un coq rouge. Alors un silence remarquable descendit sur le poulailler et la porte fut claquée de l’intérieur.
    Le commissaire, devenu soudain mauvais, criait tout ce qu’il savait, et Porta agacé se leva, pas très sûr de lui.
    – Tu vas nous parler gentiment et pas gueuler comme ça. Ce ton que vous employez, monsieur, on n’y est pas habitué. On est des gentlemen. Savez-vous ce que c’est, un gentleman ? C’est un type qui a du crédit chez une kirva-putain. Donne-moi donc un bout du saucisson que ce monsieur a dans son havresac, ordonna Porta à Barcelona, en montrant le sac du commissaire.
    Barcelona ouvrit le sac et en vida le contenu dans la neige.
    – Coupe au milieu, précisa Porta, là où c’est mollet, surtout pas au bout.
    – Il y a des boîtes de foie d’oie.
    – Donne la moitié et partage le reste entre les nécessiteux méritants. As^tu aussi du caviar ? demandât-il au commissaire qui regardait, en secouant la tête, ses possessions changer de maître.
    Le Russe opina sans parler et aida Barcelona à trouver deux boîtes de caviar qu’il tendit à Porta.
    – Si on n’est pas habitué à manger ce genre de choses on attrape une courante qui diminue les capacités de service, assura Porta. Aussi, il vaut mieux que tu me donnes tout de suite les deux boîtes pour que ce retard dans la conduite de la guerre nous soit épargné. – Il avait déjà ouvert les boîtes et en grattait le contenu avec sa baïonnette. – Un peu trop salé, confia-t-il au commissaire en s’essuyant la bouche.
    Il se déclara tout de même satisfait et regretta seulement le petit nombre des boîtes.
    – Autrefois, quand la guerre n’était considérée que comme une plaisanterie, continua-t-il en jetant des regards meurtriers sur une poule caqueteuse qui se laissait courtiser par le coq rouge, on était reçu aux gares par des N. F. S. (Association des femmes nazies) idiotes qui distribuaient des douceurs aux héros. Un jour, à la gare de l’Est de Berlin, on a attrapé une telle indigestion de boudin et de gâteaux au fromage que chaque compagnie a rempli trente-sept cabinets jusqu’au bord. Ceux qui sont venus après ont vidé les récipients entre les rails. Le capitaine d’infanterie qui était chargé de la gare fut tellement engueulé à cause de cette merde qu’il se retrouva comme un chef volontaire d’un bataillon spécial, en route pour le front. Un type qui se trouvait dans le secteur où opérait le spécial m’a raconté que le capitaine fut fusillé peu après pour haute trahison.
    – Comment ça ? fit Alte étonné en allumant sa vieille pipe à couvercle.
    – Pas difficile à comprendre. Le capitaine eut à répondre à un colonel qui lui demandait pourquoi il avait été envoyé dans le spécial, et il dit avec sincérité : « A cause de la merde. » Cette merde s’étala en cent quatre-vingt-quatre pages de rapport qui se terminaient ainsi : « Au capitaine Kowski a été refusé tout honneur et tout droit à la vie par suite de discours subversifs contre le Gouvernement de la Plus Grande Allemagne. » !  ; Porta sourit bénignement, écarta les bras, et termina ;
    – Vous avez là une preuve flagrante de la façon y dont tout le monde considère la Plus Grande Allemagne. Dès qu’on prononce le mot merde, il y a rapport immédiat avec ce pour quoi nous nous battons !
    Il montra le commissaire qui affichait cet air tout décontenancé que l’on ne voit, en général, qu’aux gens sur le point d’être pendus.
    – Tovaritch, ne prends pas cet air misérable. Nous sommes chez toi, et s’il devait vraiment t’arriver quelque chose, je te promets que ce serait tout à fait par hasard !
    Soudain, Fjodor s’approcha d’Alte, et nous les vîmes échanger quelques mots à voix basse. Fjodor montrait l’est et paraissait très nerveux. Alte se tourna vers moi.
    – Sven, debout, vite ! Il faut filer. Fjodor dit qu’une patrouille N. K. V. D. est en route.
    – Bon, je prépare le traîneau.
    D’une manière incompréhensible et plus rapidement que par le télégraphe, tout le village savait la nouvelle. Celle-ci

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