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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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sable du Sahara, elles vous asphyxient en moins de deux, mais celle-là sera pire, il y a quarante-huit degrés sous zéro. Dépêchons !
    – Tu ne vas tout de même pas croire ce que raconte ce fumier ? dit Porta.
    – Suffit ! cria Alte. Montez la tente et en vitesse.
    – Gare ! gronda Porta. Même si on t’aime bien, les poignards peuvent nous démanger.
    Lentement, très lentement, on déballe le chargement pendant que Heide engueule le chien jaune comme s’il était responsable de tout. Un coup de vent file avec un hurlement sur la steppe ; sa force est telle qu’il nous projette à terre.
    – Bon Dieu ! crie Porta, j’ai comme une idée que le fumier a raison !
    Maintenant, personne ne disait plus rien ; tout le monde s’affairait à dresser la tente gelée, et on arrachait à la pioche de gros morceaux de glace pour lui faire une sorte de rempart.
    Il se fit un long silence, un silence palpable, et tous, nous nous endormîmes sous la garde du « Professeur » dont c’était toujours le tour de veiller.
    – Tu es volontaire SS, lui avait expliqué Porta, donc tu dois aimer ça. Si tu rouspètes, tu passes en conseil de discipline, c’est notre droit. Petit-Frère servira de potence et te tiendra en l’air jusqu’à ce que tu en crèves. Bonne garde !
    Ce fut la tempête qui nous réveilla. Une tempête d’une puissance ignorée jusqu’à ce jour, un cyclone de neige comme il n’y en a qu’au pôle ou en Russie. Durant quatre ou cinq heures, il fallut s’accrocher à la tente de toutes nos forces pour la retenir, puis les coups de vent se firent un peu moins terrifiants. Le commissaire se jeta par terre.
    – Maintenant on peut dormir.
    – Dormir ? dit Alte, mais il va bientôt faire jour, il faut continuer.
    – Impossible, rétorqua le commissaire avec un rire las. On en a pour au moins trois jours, et avant que ça soit fini, pas moyen de bouger, sinon on meurt gelé.
    – Le type charrie, gronda Porta ; il calcule que ses collègues vont nous repérer s’il réussit à nous faire rester ici.
    – Je ne crois pas, intervint le légionnaire. On ne peut pas se déplacer dans une tempête comme celle-là. Il n’y a qu’à ouvrir l’œil et à tirer sur une ombre.
    – Moi je peux me déplacer, cria Petit-Frère, ce n’est pas ce bout de vent qui m’empêchera de rentrer chez moi.
    Il rampa sous la toile de la tente, et se redressa dans la tornade de neige qui l’empoigna et le jeta par terre ; il mordit la neige de rage, fut roulé, rua, se démena, et enfin rentra furieux, et blanc des pieds à la tête, ce qui fit sourire aimablement Porta.
    – Je croyais que tu rentrais à la Reeperbahn ? C’est cette petite brise qui t’en empêche ?
    Le commissaire avait raison : la tempête dura trois jours. Il fallait crier à tue-tête pour se faire entendre et dominer ses mugissements ; de temps à autre, l’un de nous se glissait dehors pour aller voir les chiens roulés en boule du côté abrité par la tente. Toute la plaine n’était qu’un mur de neige en marche ; la neige fouettait par en haut, elle fouettait par en bas, c’était un océan soulevé par un typhon. A mesure que passaient is heures, nous devenions méchants. Petit-Frère battit Steiner comme plâtre pour une histoire de fille, et Steiner battit le « Professeur » de telle manière qu’il faillit le tuer ; le malheureux fut sauvé par Heide qui se battit ensuite contre Petit-Frère, parce que celui-ci l’accusait de défendre le SS. Heide renvoya donc un coup de poing dans la figure du « Professeur » qu’il venait de sauver, ce qui étendit le Nordique pour vingt bonnes minutes, puis il s’en prit à la tête de Petit-Frère qu’il traita de « cloaque de la troupe ».
    Nous fîmes cesser les combats à coups de crosse de fusil, et la tranquillité revint jusqu’à ce que Porta se mît à critiquer la Légion qu’il traita « d’asile ambulant ». Le petit légionnaire le prit très mal, et il s’ensuivit un de ces combats longs et silencieux qui, en général, se terminent par un meurtre. Il fallut toute l’autorité d’Alte pour calmer ces furieux. Nous tombâmes enfin d’accord pour rendre le commissaire responsable d’avoir provoqué la guerre, et tout se serait terminé par un procès de criminel de guerre, si la tempête ne s’était définitivement calmée.
    On ouvre la tente. Tout le monde court dans la neige qui forme de véritables montagnes ; on se

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