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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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pieds de Petit-Frère.
    – Con ! hurla le géant. Tu vas savoir qui je suis ! Moi. Petit-Frère de Saint-Paul. Compris, gars de Staline ? Compris ? Soldat Germanski ! Tankist ! Boum, boum ! Et je t’emmerde, toi et Staline ! – Il désigna Porta qui marchait vers eux. – Ce soûlard qui vient là, c’est Joseph Porta, de Berlin Wedding, et il pourrait te couper ce qui dépasse avant que tu t’en aperçoives !
    Porta riait. Il heurta le commissaire avec le manche d’une grenade à main :
    – Ce garçon-là est tout à fait candide, mais maintenant que c’est dit, tu peux connaître le reste. – Il saisit le commissaire à la poitrine. – Toi Russki, moi Germanski, donc ennemis, c’est compris ? Moi, caporal de l’autre côté, colonne vertébrale de l’armée allemande.
    – Il montra le légionnaire. – Et celui-là, ni Russki, no Germanski, mais Franzouski, tu piges ?
    Le discours de Porta ne sembla pas faire sur le commissaire la moindre impression. Il buvait énergiquement au bidon de matsje. Porta tira son couteau de tranchée et le lui mit sous le nez.
    – Je te préviens, ça coupe. Si tu es malpoli, le nez s’envole. Panjemajo ?
    Le commissaire riait. Debout dans le tas de neige, ses jambes écartées, il visait de biais la terre.
    Au même instant, et sans que personne s’en aperçoive, Heide entra en action. Le matsje faisait son effet. Il arrivait en courant le long de la rue du village, une grenade dans chaque  main. On vit Alte tenter de l’arrêter, mais il fut poussé de côté ; Heide courait droit sur le commissaire.
    Cette fois, le N. K. V. D. leva sa mitraillette. Les yeux, dans le visage cuivré, se plissèrent, observateurs. Tout le corps rayonnait « service ». Ce n’était plus un soldat ivre, mais un policier aux ficelles vertes dont la seule vue faisait frémir un village entier.
    Petit-Frère et Porta dansaient bras dessus, bras dessous, comme s’ils étaient en dehors du coup, leurs armes jetées dans la neige. Le commissaire tira ses coups les uns après les autres, chaque projectile claquant dans la neige à quelques centimètres de Heide qui arrivait en courant. Puis ça devint sérieux. Le Russe porta l’arme à son épaule et visa exactement le ventre de Julius. Nous voyions le doigt pousser la sûreté sur l’automatique. Alte saisit son revolver et appuya sa main sur l’épaule du légionnaire, retenant sa respiration… Ce devait être un coup au but. Mortel. Entre les deux yeux.
    A la même seconde, Heide se cogna dans le commissaire. La mitraillette du Russe décrivit un grand cercle devant le légionnaire qui l’envoya d’un coup de pied dans les buissons.
    – Tire I chuchotait Fjodor, pâle comme la mort.
    Tue-le ! C’est un Satan. Dernièrement, il en a pris trois et les a emmenés…
    Alte abaissa son revolver. Comment tirer dans cette mêlée de bras et de jambes ? Des cris à moitié étouffés, des appels sortaient du tas de neige.
    –  Job Tvojemadj ! Chien ! Viens à Cologne chez Schwabing et tu verras ce qu’on fait à un salaud de ton espèce !
    Heide avait saisi l’homme à la gorge et cherchait à l’étrangler. Il était costaud, mais le Russe également, et ce fut ce qui lui sauva la vie. Un effort surhumain et un coup de pied bien dirigé l’arrachèrent des doigts de Heide ; il chercha des yeux son arme, mais elle n’était plus là.
    – Pourceaux ! cria-t-il. Ça vous coûtera la tête de lever la main sur Piotr Yanow, lieutenant dans la N. K. V. D. Qui sont ces cochons d’étrangers ? Amenez vos papiers ! Vous entendez, tas de fumiers, moi, lieutenant Yanow, je veux vos papiers !
    – Tu veux aussi mon couteau dans le cul, pou infect ? cria Heide qui ricanait en maniant sa kandra. Moi, je suis du front de l’Est et non un embusqué comme toi, et j’ai une furieuse envie de te couper la gorge !
    Il fit tourbillonner la kandra au-dessus de sa tête avec un sifflement tel que l’arme aurait fait sauter celle du commissaire si elle l’avait touchée :
    – Nous ne sommes pas tes voina plennys (prisonniers de guerre), tovaritch.
    Le commissaire, qui n’y comprenait plus rien, regarda nos uniformes russes. Il hocha la tête et écarta ses bras en signe d’incompréhension.
    –  Njet russki ? demanda-t-il avec un air comiquement stupéfait.
    Alte s’avança, le revolver au poing, tandis que les habitants du village s’assemblaient autour de nous ; n’ayant jamais vu le commissaire

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