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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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fonçant dans le bois ; des branches nous fouettent au passage, des ronces nous agrippent et laissent des éraflures sanglantes sur nos visages et nos mains, mais nous ne »les sentons pas ; à un certain moment, nous dégringolons tête la première le long d’une pente raide, pour aboutir pêle-mêle au fond d’un ravin. Le « Professeur » se tord le poignet et gémit à haute voix pendant que Porta le lui remet brutalement.
    – Gueule pas comme ça, chèvre de la montagne, sans ça on te laisse. Alors tu auras de quoi chialer quand ils trouveront ton grain de beauté sous le bras, le cadeau de l’oncle Himmler !
    Et tout le monde rigole au souvenir de cette marque du groupe sanguin que seuls portent les SS, la plus idiote des idées.
    Juste avant la ligne russe, nous nous cachâmes dans le bois jusqu’à la nuit suivante, puis, selon le plan de Porta, nous avançâmes tout naturellement, en tant que commando de pionniers, droit dans la position russe. A chaque question, Porta répondait :
    – Commando de mines.
    Personne n’insistait. On nous aidait au contraire à passer le talus des tranchées, et on nous fournissait des outils en nous souhaitant bonne chance. Un vieux sergent-chef espéra que saint Ludmdllan daignerait nous protéger.
    –  Spassibo Pan, répondait Porta avec onction.
    Rapidement, tout le monde rampa à travers le no man’s land, vers les lignes allemandes. Une mitrailleuse lourde crépita soudain ; un projectile arracha le bonnet de Steiner qui jura de fureur et de peur. Juste avant nos lignes, nous nous jetâmes dans des trous de grenades et Alte voulut avancer seul pour prévenir les sentinelles de notre situation. Il fallait éviter qu’on tirât sur des uniformes russes. Au bout d’une éternité, une voix inconnue cria :
    – Arrivez, mais pas de blague ! Un à la fois, sans ça on tire. Vous êtes en joue ; cinq minutes entre chaque homme.
    On craignait un piège, évidemment, car aussitôt que l’un de nous sautait dans la tranchée, une baïonnette s’appuyait contre sa poitrine. Un lieutenant d’infanterie nous interrogea, sceptique. Impossible de croire que nous disions la vérité. Des soldats allemands en uniformes russes derrière les lignes russes ? Quelle blague !
    – Ça ne se fait pas, assura-t-il, en fouettant ses bottes de sa cravache.
    Barcelona Blom, qui se dominait toujours difficilement, ricana :
    – On fait beaucoup plus que ça, mon lieutenant. Vous n’avez même pas idée de ce qu’on peut faire dans l’armée allemande.
    Le lieutenant sursauta ; sa voix s’érailla.
    – Bouclez-la jusqu’à ce que je vous interroge, feldwebel ! Et je ne le fais justement pas. Vous rendez-vous compte que vous êtes maintenant devant un officier allemand ? Mais je vais vous rappeler la discipline. A terre ! Vingt tours sur la boucle de ceinturon.
    Et pour que nous nous remettions la discipline dans l’esprit, nous subîmes tous le même traitement.
    – On est bien de retour, chuchota Steiner, la patrie nous accueille.
    La bienvenue du commandant Lander ne fut pas moins cordiale, mais trois jours plus tard on trouva son corps criblé de balles dans un fourré, et comme toujours les partisans furent accusés.
    Toutefois, quelques soupçons se portèrent sur Petit-Frère et Porta, lesquels, pour prouver leur innocence, furent présents à l’enterrement.
    Il nous était venu de la prison militaire de Glatz. Le conseil de guerre lui avait collé dix ans à faire dans un régiment disciplinaire parce qu’il avait osé dire que la guerre était le moyen pour un mauvais peintre d’être pris pour un grand homme.
    De lieutenant-général, on le rétrograda à commandant. En Afrique, il perdit l’œil gauche, en Finlande un morceau d’estomac. Un excellent officier de chars, capable de conduire une division, mais n’ayant jamais su faire du lèche-cul. A la Gestapo de la Prinz Albert Strasse, on lui en fit voir.
    Le Borgne était le meilleur commandant que nous ayons jamais eu. Debout, sur une caisse d’huile, en bras de chemise et en sabots, il se présenta :
    –  Je suis votre nouveau commandant Karl Ulrich Mercédès. Comme vous, je suis dans la merde jusqu’au cou. J’ai 35 ans et je pèse 236 livres et demie. Je vous conseille de ne pas garder vos doigts dans le trou du cul et de vous servir de vos bras. A part ça, vous ferez ce que vous voudrez, mais pas de farceurs.
    Il salua d’un doigt à la visière. A Lugansk, il fut

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