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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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Petit-Frère.
    –  2e genre d’horreur doit se prouver.
    – Bien dommage, grommelle le légionnaire en sortant trois marihuanas.
    – Je peux jouer à crédit ? implore Heide.
    – Pas moins de quatre-vingts pour cent.
    – Si c’est pas honteux ! gémit Heide qui s’empare du gobelet.
    – Personne t’oblige, mangeur de Juifs.
    – Tu sais bien que je peux pas m’en empêcher, grogne Julius.
    Pendant un temps, ils jouèrent en silence ; on n’entendait que le bruit des dés contre l’acier, puis un cri de Petit-Frère qui avait reçu un coup de baïonnette sur des doigts, alors qu’il tentait de subtiliser le tas grandissant de Porta.
    – C’est pas une manière de traiter un camarade ! protesta le géant en massant ses jointures douloureuses.
    – T’es pas assez malin pour faire un voleur, mon garçon. Pas étonnant que tu aies ramassé autant de taule.
    – Dis donc, toi aussi tu voles !
    – Oui, mais je me fais pas prendre, c’est toute la différence.
    Un coup de canon, sec, rageur, retentit très près. Tout le monde sursauta.
    – T 34, dit Alte. Les collègues cognent à la porte.
    Il grimpa dans le char.
    – Froussard ! rigola Porta en même temps qu’il jetait un coup gagnant, lequel, l’espace d’une seconde, coupa le souffle aux autres.
    – Moteurs en marche ! ordonna une voix.
    Dans l’émoi général, Porta n’arrivait pas à faire rentrer ses gains et jurait.
    – Tigres ! Marche, marche !
    A l’intérieur du bois, sonnent les fusils mitrailleurs. Les grenades à main explosent sèchement.
    – Casse-pieds ! crie Barcelona de la tourelle de son char en nous faisant des signes.
    Des balles traçantes blanches et vertes montent vers le ciel ; c’est l’attaque. Automatiquement, nos mains glissent sur nos uniformes. Sommes-nous parés ? Revolver, avec la courroie d’attache fixée aux épaules, tout pTêt à être tiré de la poche intérieure, couteau de tranchée, grenades à main dans la poche du pantalon et, à côté du siège, le tas des longues grenades à manche ; près de l’optique, le fusil mitrailleur, dix chargeurs fixés dans la ceinture ; dans les bottes, encore un revolver et un couteau. Tout est en place. Pas réglementaire, bien sûr, mais au bon endroit ; au front, dans un char, le règlement issu d’un cerveau de scribe ne vaut rien ; ici, c’est l’expérience ; on apprend tous les jours quelque chose de nouveau, quelque chose qu’on ne saura jamais à la caserne ; nos connaissances en anatomie étonneraient un chirurgien, du moins lorsqu’il s’agit de tuer. Nos couteaux ne frappent jamais de travers.
    Lentement, nous nous faufilons dans le sous-bois épais ; les sapins craquent comme des allumettes. Nos 10,5 pètent avec des abois brefs. Un T34 saute en éclatant ; des morceaux d’acier rougis jaillissent pardessus les arbres ; des grenades PAK sifflent au-dessus de nous et retombent dans le bois trempé de pluie. Chaque fois qu’on les entend, on rentre d’instinct sa tête dans les épaules. Nous connaissons les éclats secs et durs des canons antichars et nous en avons peur. Nous tirons à toute volée à coups de grenade explosives ; de temps en temps, on attrape un canon antichars au hasard, et les servants sautent en l’air comme des poupées de son.
    Tout à coup, le feu de l’artillerie s’arrête, les armes automatiques crépitent. Des « Hourras ! » rauques nous apprennent que l’infanterie est passée à l’attaque.
    – Tigres, en avant !
    Nous avançons avec un grondement lourd ; les arbres éclatent dans le bruit d’un troupeau d’éléphants sauvages fonçant à travers un bois de bambous. On s’arrête une seconde pour permettre aux grenadiers de passer ; les lourds moteurs ronflent sur une note caverneuse, l’air vibre, les chenilles se mettent en branle par secousses, la boue gicle.
    La colonne de Tigres avance en formation contre les colonnes russes, et elle monte, la fièvre, la vieille fièvre bien connue, la fièvre de la chasse. Mais maintenant, la question se pose : sommes-nous chasseurs ou chassés ? Personne n’en sait rien.
    Par bonds, on approche d’une petite ville, un point de jonction ferroviaire que l’infanterie investit. Feu nourri. Des lance-flammes crachent une lueur mortelle qui s’éteint dans une fumée noire d’encre. Les grenades à main explosent par douzaines. Cris et appels, en allemand, en russe ; de lourdes volutes de fumée étouffante

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