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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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dessaoulé, c’est bien pour ça que je suis là.
    – Quel rapport ? s’écria Barcelona. Si ton vieux était toujours saoul, ça n’a rien à voir avec le fait que tu te trouves au 27 e chars ?
    – Crétin ! Tu t’imagines que mon vieux aurait sauté dans le lit de la mère Creutzfeld s’il avait été à jeun ? Il était noir, oui.
    – Comment était-il, ton vieux ?
    – Le pire bandit de la Reeperbahn. On lui a coupé la tête pour deux assassinats, à Fuhlsbüttel, en 37. Il paraît qu’ils étaient cinq à le traîner et que le bourreau en a perdu son chapeau haut de forme.
    – Ton vieux s’est fait faire la barbe avec le grand couteau ? s’enquit Heide, très étonné. C’est vrai ? Y en a beaucoup à qui c’est arrivé.
    Il fit un geste de la main qui simulait le coup de hache.
    Soudain, un bruit d’outils et d’armes… Une section d’infanterie passe en silence. D’autres apparaissent dans un crissement de vêtements de cuir. Chuchotements… Ils disparaissent dans le bois. Compagnie après compagnie, bataillon après bataillon, des colonnes interminables. Des batteries d’artillerie lourde et légère montent le long du chemin sablonneux. Les ordres assourdis se mêlent aux souffles et aux hennissements des chevaux.
    – Malheur ! V’là qu’on va remettre ça, gémit Barcelona qui jette un regard à travers les arbres. Et par-dessus le marché, v’là aussi que ça pleut.
    Un ordre dans la nuit :
    – Préparez le départ. Moteurs en route !
    On entend ronronner les premiers moteurs. De longues flammes sortent des tuyaux d’échappement.
    – Grouille-toi ! crie Alte à Porta qui jouait de la flûte avec indifférence.
    – Doucement. Ça te presse, la mort du héros ?
    Lentement, il déplie sa longue carcasse et secoue la
    poussière de ses culottes noires maculées d’huile, puis il grimpe dans le char ; le moteur vrombit.
    – En route ! commande le lieutenant Ohlsen.
    Le commandant Mercédès surgit devant nous. Il est en nage et salue de deux doigts au bonnet de fourrure. Il monte sur une souche d’arbre et son regard tombe sur Porta.
    – Par le diable ! jure-t-il en voyant le chapeau jaune. J’en ai la chair de poule quand je vois ce galurin ; ça brille comme une lanterne et ça attire les coups de fusil ! – Il crache. – Maintenant, tiens-toi tranquille, Porta, pas de conneries. Le commandant de la division a la gratte et veut en finir ; ainsi, sortez vos doigts du trou du cul.
    Il saute à bas de la souche et disparaît dans la nuit. Personne ne sait ce qu’il cherchait, mais Le Borgne est comme ça. Une terreur pour ceux qui ne le connaissent pas.
    – Chars en avant ! commanda le lieutenant.
    Le bois silencieux grouille d’activité. Sur le chemin, les véhicules s’arrêtent les uns derrière les autres ; il y a de tout, depuis les Volkswagen amphibies jusqu’aux plus lourds camions. Les colonnes défilent vers l’est, la pluie augmente, mais il n’y a pas une seconde d’interruption dans le fleuve des chars, de l’infanterie, des pionniers lance-flammes.
    – Quelle ménagerie ! murmure Heide.
    Nous arrivons à destination, c’est-à-dire à la pointe de la formation de chars. Porta se penche au panneau.
    – Excusez, copains, crie-t-il aux fantassins, soyez gentils et dites-moi si c’est ici qu’il y a la guerre ? On doit en faire partie.
    – Tu le sauras bientôt, répond une voix.
    – Merci pour le tuyau. – Porta salue de son chapeau jaune. – On se croyait gouré dans la Conférence de la Paix.
    Au loin roulent des explorons ; ce sont des ponts et des dépôts qui sautent. Une lueur violette monte au-dessus des arbres ; des balles traçantes filèrent, entremêlées des perles de la flak qui font de grands dessins dans le ciel noir.
    Nous attendons. Une longue ligne de chars Tigres.
    Porta et Petit-Frère se sont glissés entre les arbres, ainsi que le légionnaire et Julius Heide. Ils jouent aux dés, avec un verre à boire comme gobelet.
    – Cameron ! jubile Porta, et ça s’entend au loin. Amène les sèches, espèce de cul.
    Petit-Frère, en grommelant, sort trois marihuanas. La voix tonitruante retentie de nouveau :
    – Merde ! J’ai la veine, encore cameron. Blédard, amène les sèches.
    Preste comme un singe, le légionnaire s’est emparé des dés et les examine soigneusement. Porta le regarde en rigolant.
    – Monsieur croit peut-être que je triche ?
    – Justement, dit sèchement

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