Bataillon de marche
magistral.
D’innombrables trous, sortent des masses humaines en uniformes bruns ; elles avancent, puis reculent.
– Aujourd’hui, Ivan met les voiles, gronde Porta. – Il se penche au panneau et hurle : – Rendez-vous à Moscou, les copains ! – Une salve de balles lui encadre la tête. – Mal élevés ! marmonne-t-il en se rejetant en arrière.
Un commissaire, au milieu de soldats pris de panique, rage et brandit son fusil mitrailleur. Il abat quelques-uns des siens ; des fuyards hésitent, puis détalent de plus belle. Alors, le commissaire se retourne contre nous ; un instant plus tard, une balle le transperce, il tombe. Un sergent russe qui fuit lui donne en passant un coup de pied.
L’artillerie russe commence à tonner. Nos fantassins se jettent à terre, mais sont envoyés en l’air les uns après les autres. Les éclats de grenades portés au rouge creusent dans la chair de terribles blessures ; des cris fusent de partout.
Mes yeux se pressent contre le caoutchouc de l’optique ; le moteur bourdonne. C’est un film qui passe dans le viseur. Le ventilateur s’arrête dans un grincement à vous arracher les nerfs. Heide – PAK ennemie à droite, dit Alte en montrant le danger.
La tourelle vire, île moteur ronronne, le long canon regarde, menaçant, la ferme où les canons de la PAK se mettent en batterie. Les petits véhicules adroits disparaissent derrière le mur ; les servants reculent avec les canons bas, nos plus féroces ennemis. Trois ou quatre Tigres les prennent sous un feu concentré. Des éclairs jaillissent derrière les buissons. Le duel dure quelques minutes, puis les Tigres se balancent par-dessus les batteries et les écrasent. Les servants fuient et sont fauchés par les mitrailleuses.
Le char du lieutenant Ohlsen reçoit quatre grenades en même temps et saute avec deux hommes ; le chargeur, sous-officier Keller, brûle en hurlant et reste accroché à la porte latérale. Quatre autres Tigres brûlent ; personne n’en réchappe. Un commandant apparaît, mais retombe dans son char sous une pluie de feu. Les coups au but pleuvent. La première compagnie, à l’exception de six chars, est détruite, la quatrième en totalité.
Cette fois, pris de panique, nous fuyons sous les injures de l’infanterie.
– Lâches ! crie un lieutenant avant de mourir sous une salve de mitraille.
Arrêt quelques kilomètres plus loin, où nous nous reformons en position d’attaque. Le commandant de la division, lieutenant-général Keller, passe devant nous dans ure voiture ouverte et, en un instant, refait d’une débandade une formation tactique. De l’arrière arrivent d’autres sections blindées appartenant à d’autres formations. Les moteurs ronflent, et en avant !
La terre tremble sous la canonnade, le gaz que dégage la poudre nous prend à la gorge. Heide flanche ; il s’appuie un instant contre l’affût de canon et tombe évanoui.
– Fillette ! crie Petit-Frère qui rampe en avant pour prendre la place de Heide. – Il me donne une bourrade. – Maintenant, tous les coups au but, panjemajo ?
Tout à fait à gauche, près des peupliers qui bordent la route, sort une longue file de monstres noirs.
Je crie : « T 34 ! » et je sens une sueur froide me couler le long du dos.
– C’est complet, murmure le Vieux en évaluant la distance.
– Soirée délicieuse, dit Porta, sarcastique. Si on rentrait ?
Rapidement, la tourelle vire.
– Mille deux cents mètres, chuchote le Vieux. Tu l’as ? Si tu rates, on est foutu.
J’ose à peine respirer… Les pointes dans l’optique se rencontrent. Au centre, on voit le char ennemi, l’image devient claire. Avant de le savoir, j’ai tiré…
Un hurlement. Un geyser de flammes. Le grand canon recule. Porta se tape les cuisses.
– Pas possible ! Coup au but. Tous les types y sont !
Au suivant ! Toute la colonne s’est arrêtée. Ils ne savent évidemment pas d’où vient la grenade meurtrière, et ils tournent leurs canons dans la direction qui nous est opposée. Ils croient que c’est la PAK enterrée.
Les pointes dansent, l’image devient claire. Les chiffres tournent et s’arrêtent à 1 200.
– Feu ! dit Alte qui se mord les lèvres.
La grenade file dans un hurlement. Le char luisant soulève son avant
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