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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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longues années de service énergique dans la prison militaire.
    Stabsfeldwebel Gustav Dürer était l’incarnation de la méchanceté humaine. Il ne perdait jamais une occasion de frapper un prisonnier ou un homme de la garde. On le disait en relations directes avec la Gestapo et le commandant lui-même paraissait le craindre. Il était petit, gros, il puait de la gueule même à distance, et avait l’air de ne s’être jamais lavé à fond.
    Lentement, très lentement, il remonta la colonne et s’arrêta devant le feldwebel Lindenberg qu’il montra du doigt
    – Vous, là-bas, venez avec moi.
    Limdenberg devint pâle comme un mort. Il chancela et ses camarades durent le soutenir. Tout le monde, y compris la section de garde crut que Lindenberg allait être mené au poteau au milieu de la matinée, contre tous les règlements. C’était bien dans la manière de Jern Gustav ce genre de numéro, afin de porter à son comble l’angoisse des prisonniers.
    Les yeux fixes et la démarche traînante, Lindenberg suivit Jern Gustav jusqu’au parloir où les attendait une femme en uniforme brun. C’était le type de la femme du Parti, imbue de son importance.
    – Feldwebel Hermann Lindenberg ? demanda-t-elle en rassemblant quelques papiers.
    Muet, Lindenberg acquiesça de îa tête. Il n’avait pas encore surmonté sa peur panique. La femme du Parti qui était blonde comme les blés, avec un chignon dans le cou, répéta sa question d’un ton plus raide.
    – Oui, je suis Hermann Lindenberg.
    – Ravie que vous ayez retrouvé la parole. Je viens de l’Assistance. Voilà quelques papiers qu’il faut signer pour que l’Etat puisse se charger de l’éducation de votre fils. Votre femme n’est pas capable d’élever ce garçon. Une femme allemande qui cache un déserteur et un saboteur est indigne. Signez donc sans faire d’histoires.
    Elle sourit en découvrant une rangée de dents de cheval, et poussa les papiers avec autorité.
    Lindenberg s’essuya le visage. Il brûlait du désir de frapper la femme, mais il se contint et demanda :
    – Et si je ne le fais pas ?
    – C’est un ordre ! coassa la femme nazie. – Le mot « ordre » fut presque crié. Vous êtes un déshonoré, et votre fils doit vous oublier, vous et votre femme qui êtes rayés de la communauté nationale-socialiste. Votre fils sera élevé dans mon institution afin qu’il devienne un bon citoyen du Reich. Mais dépêchez-vous de signer, il faut que je parte, je suis pressée.
    Lindenberg se leva.
    – Je vous emmerde vous et votre Institution. – Il lui cracha en pleine figure.
    La femme poussa un cri de rage et se rejeta en arrière.
    – Ça vous coûtera votre tête, chien ! J’ai un oncle à la Gestapo, vous allez voir !
    Le feldwebel Lindenberg eut un rire moqueur :
    – Vous ne pouvez rien contre moi, seriez-vous la maîtresse de votre grotesque Führer ?
    La matraque de caoutchouc de Jern Gustav s’abattit sur les épaules de Lindenberg qui cria de douleur.
    – Tu signes ?
    – Non ! siffla Lindenberg. Moi, vous ne m’aurez plus.
    – Vraiment ? ricana Jern Gustav. Nous avons des méthodes que tu ne soupçonnes pas. Très gekados.
    Lorsqu’ils refermèrent la porte du parloir, Jern Gustav gronda :
    – Il ne te reste que quelques heures avant l’éternité, mais ce seront des heures désagréables, je te préviens.
    Presque sans bruit, il ouvrit la porte de la section. Personne ne savait ouvrir une porte avec moins de bruit que Jern Gustav ; sa spécialité était d’épier à la porte d’une cellule jusqu’à ce que le prisonnier regardât au judas. En un quart de seconde, Jern Gustav avait fourré sa grosse clef dans la serrure et ouvert la porte. Personne ne pouvait l’imiter. Le prisonnier qui avait regardé au-dehors était fouetté dans la cellule des punitions par le garde-chiourme lui-même.
    – J’ai envie de t’écraser les os ! siffla Jern Gustav. Tu vas désirer la mort.
    Il y  eut un rire mauvais, un rire qui rappelait les aboiements d’un chien enroué.
    Alors Lindenberg perdit la tête. D’un bond, il fut sur le monstre et le saisit à la gorge. L’homme fut tellement surpris qu’il tomba à la renverse avec un bruit sourd. Le trousseau de clefs cliqueta sur le ciment. Les doigts de Lindenberg serraient comme des griffes d’acier. De drôles de râles se firent entendre, les yeux injectés de sang devinrent fous. Il se défendait désespérément, mais Lindenberg

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