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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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moi. Je vois, Simonide, et toi cheik généreux, à quoi tendent vos propositions. Si je me charge de la tâche que vous m’imposez, je devrai dire adieu au repos et à tout espoir d’une vie paisible, car les portes qui y conduisent sont entre les mains de Rome, et le jour où je mettrai le pied sur le chemin que vous m’indiquez, elles se refermeront derrière moi. Je serai poursuivi et pourchassé, je devrai manger mon pain et reposer ma tête dans les tombeaux, près des villes, et dans les cavernes, aux flancs des collines…
    Un bruit de sanglots l’interrompit. Il tourna la tête   : Esther pleurait, la tête cachée sur l’épaule de son père.
    – Je t’avais oubliée, Esther, fit doucement Simonide, que l’émotion gagnait aussi.
    – Laisse-la pleurer, dit Ben-Hur, il est plus aisé à un homme de porter un pesant fardeau lorsqu’il sait que quelqu’un a pitié de lui. Mais j’allais te dire que je n’ai autre chose à faire que d’accepter la tâche que tu m’assignes. Rester ici serait m’exposer à une mort ignoble   ; je me mettrai à l’œuvre immédiatement.
    – Écrirons-nous notre engagement   ? demanda Simonide, toujours dominé par ses habitudes de négociant.
    – Je me contente de ta parole, dit Ben-Hur.
    – Et moi aussi, répondit Ilderim.
    C’est ainsi que fut conclu le traité qui devait changer la vie de Ben-Hur.
    – C’en est donc fait   ! s’écria-t-il.
    – Que le Dieu d’Abraham soit avec nous   ! ajouta Simonide.
    – Un mot encore, mes amis, reprit Ben-Hur d’un ton plus léger. Avec votre permission, je réserve ma liberté jusqu’au jour des courses. Il n’est pas probable que Messala me tende un piège avant d’avoir reçu la réponse de Gratien, c’est-à-dire avant une semaine. Ma rencontre avec lui, dans le cirque, sera pour moi un plaisir auquel je ne renoncerais à aucun prix.
    Ilderim l’assura immédiatement qu’il était pleinement d’accord avec lui, tandis que Simonide, toujours pratique, lui disait   :
    – Cela me convient tout à fait   ; ce délai me permettra de mettre en ordre bien des choses urgentes. J’ai compris, d’après tes récits, qu’Arrius t’avait institué son héritier. T’a-t-il laissé des immeubles   ?
    – Une villa à Misène et des maisons à Rome.
    – Je te conseille de les vendre et d’en mettre le produit en sûreté. Donne-moi tes pleins pouvoirs et j’enverrai un agent qui s’acquittera en toute diligence de cette mission. Nous préviendrons, au moins cette fois, les voleurs impériaux.
    – Tu auras demain tous les actes nécessaires.
    – Alors, il ne nous reste plus rien à faire ce soir. Notre tâche est accomplie.

CHAPITRE XXVIII
    Le lendemain soir, Ben-Hur était debout avec Esther sur la terrasse de l’entrepôt. Au-dessous d’eux, sur le quai, il y avait un grand va-et-vient d’hommes qui chargeaient un navire en partance, à la lueur vacillante des torches. Simonide n’était pas encore revenu de son comptoir, où il attendait le moment de délivrer au capitaine de la galère qui appareillait, ses dernières instructions, à savoir qu’il devait se rendre à Ostie, le port de Rome, pour y déposer un passager, et de là continuer sa route vers Valence, sur la côte d’Espagne.
    Ce passager était l’agent qui s’en allait disposer des propriétés d’Arrius, le duumvir, dont Ben-Hur avait hérité. Quand on aurait levé les ancres, le jeune homme serait lié irrévocablement à la tâche qu’il avait librement acceptée la nuit précédente   ; s’il éprouvait quelque repentir, il n’était pas encore trop tard pour le dire. Il était le maître, il pouvait faire ce que bon lui semblait…
    Tout cela Ben-Hur se le disait peut-être, tandis que, les bras croisés, il regardait la scène qui se déroulait à ses pieds. Jeune, riche, beau, habitué à la société des patriciens de Rome, il entendait une voix murmurer à ses oreilles qu’il serait fou de se sacrifier à un devoir pénible et à une cause perdue d’avance. N’était-ce pas folie que de vouloir lutter contre César   ? D’un côté il voyait la figure vague, voilée de mystère, du roi   ; il se rappelait le peu de certitude qu’il possédait au sujet de la nature de son royaume, de l’autre toutes les joies, tous les honneurs que sa fortune lui procurerait   ; il songeait à la possibilité, si nouvellement entrevue, d’avoir un foyer à lui et des amis pour l’égayer. Et le monde

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