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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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de la main une croûte sèche, une chose de minime importance, qu’elle essaya de faire disparaître en la lavant. Elle adhérait à la peau, d’une manière persistante, cependant elle ne s’en inquiéta guère, jusqu’au moment où Tirzah se plaignit d’en avoir aussi sur la main. Elles n’avaient à leur disposition que bien peu d’eau, mais de ce moment elles en burent le moins possible, afin de pouvoir en employer davantage à se nettoyer. Malgré leurs efforts toute la main fut bientôt attaquée   ; chez l’une et chez l’autre, la peau se fendait, les ongles se détachaient de la chair. Elles n’éprouvaient pas de grandes douleurs, mais plutôt un malaise, sans cesse grandissant. Plus tard, leurs lèvres commencèrent à devenir sèches et à se coller contre leurs dents. Un jour la mère, qui luttait contre toutes les impuretés de leur cachot, prise du soupçon que l’ennemi s’emparait du visage de Tirzah, la conduisit devant le rayon de lumière qui filtrait à travers l’ouverture de la muraille et la regarda attentivement. Hélas   ! ses craintes ne la trompaient point   : les sourcils de la jeune fille étaient blancs comme la neige. Comment exprimer l’angoisse qui s’empara d’elle à cette vue. Elle restait là sans prononcer une parole, immobile, l’âme comme paralysée, incapable d’une autre pensée que de celle-ci   : la lèpre, la lèpre   !
    Lorsqu’elle se reprit à réfléchir, ce ne fut pas à elle-même qu’elle songea, mais à sa fille, et sa tendresse se changea en un de ces héroïsmes dont seule une mère est capable. Elle ensevelit son effroyable secret au plus profond de son cœur   ; bien qu’elle n’eût plus aucun espoir, elle redoubla de sollicitude envers Tirzah et s’ingénia à lui cacher la nature de leur mal, à lui persuader même qu’il n’avait aucune gravité. Elle s’efforçait de la distraire en inventant quelque jeu, en lui répétant d’anciennes histoires et en imaginant de nouvelles. Elle éprouvait un plaisir mélancolique à entendre Tirzah chanter, tandis que ses propres lèvres sèches et brûlantes murmuraient les psaumes du royal chantre de son peuple, ces psaumes, qui les calmaient, leur faisaient oublier un moment leur triste sort et leur rappelaient le souvenir du Dieu qui semblait les avoir complètement abandonnées.
    Lentement, régulièrement, avec une inexorable persévérance, la maladie suivait son cours, blanchissant leurs têtes, faisant tomber en lambeaux leurs lèvres et leurs paupières, écaillant leur peau. Bientôt elle s’attaqua à leur gosier et leur voix devint dure et rauque, et à leurs jointures qui se durcissaient peu à peu sans qu’il y eût de remède, la mère ne l’ignorait pas   ; le mal horrible gagnerait leurs poumons, leurs artères, leurs os. L’existence leur devenait toujours plus pénible et seule la mort, qui pouvait tarder bien des années encore, mettrait un jour un terme à cet excès de souffrance.
    Le moment vint, moment longtemps redouté, où la mère, obéissant à ce qui lui paraissait un devoir, dut dire à Tirzah de quel nom s’appelait leur maladie, et toutes deux prièrent avec le désespoir de l’agonie, afin que la fin ne fût pas trop lente à venir.
    Et cependant, si grande est la puissance de l’habitude, qu’avec le temps les deux affligées apprirent à parler avec calme de leur mal. Elles s’accoutumèrent à la hideuse transformation que subissait leur personne et reprirent quelque goût à l’existence. Un lien les rattachait encore à la terre, et oubliant leur isolement, elles soutenaient leur courage en rêvant à Ben-Hur et en parlant de lui. La mère promettait à la sœur qu’elle le reverrait, et celle-ci lui en réitérait, à son tour, l’assurance, et ni l’une ni l’autre ne doutait qu’il ne fût également heureux de les retrouver. Ce revoir improbable, incertain, mais auquel elles songeaient toujours, était le thème sur lequel elles se plaisaient à improviser sans cesse de nouvelles variations, l’espoir qui les excusait, à leurs propres yeux, de ne point encore être mortes.
    Un instant, au moment où la lumière entrait dans la cellule, comme l’aurore de la liberté, la veuve avait tout oublié.
    – Dieu est bon, criait-elle, mais cela n’avait pas duré, et quand le tribun s’était montré sur le seuil de la porte, le sentiment du devoir, s’emparant d’elle avec une force irrésistible, lui avait fait pousser, du

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