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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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faim et de la soif commençant à les torturer depuis que le prisonnier qui les servait avait été emmené, c’est-à-dire depuis la veille.
    Tirzah, serrée contre sa mère, gémissait à fendre le cœur.
    – Sois tranquille, Tirzah, on viendra, Dieu est bon, nous n’avons pas cessé de penser à lui, ou de le prier, chaque fois que nous avons entendu retentir les trompettes là-bas, dans la direction du temple. Vois donc la lumière, elle vit encore, le soleil brille à son midi, il ne peut être guère que la septième heure. Quelqu’un viendra, sois-en sûre. Ayons la foi, Dieu est bon.
    Ainsi parlait la mère, et ces simples paroles atteignirent leur but, bien que Tirzah, depuis que huit années avaient passé sur sa tête, ne fût plus une enfant.
    – Je veux essayer d’être forte, mère, dit-elle. Tes souffrances doivent être aussi cuisantes que les miennes, et je désire tant vivre pour toi et pour mon frère   ! Comme ma langue brûle et comme mes lèvres sont écorchées   ! Je me demande où il est et si jamais il nous retrouvera.
    Leur voix avait un son dur, guttural et métallique   ; aucun de ceux auquel elle était autrefois familière ne l’aurait reconnue. La mère serra sa fille plus étroitement contre elle en disant   :
    – J’ai rêvé de lui, la nuit dernière, Tirzah. Je le voyais aussi clairement que je te vois, maintenant. Nous devons croire aux rêves, car tu sais que nos pères y croyaient, le Seigneur leur a si souvent parlé de cette manière. Je rêvais que nous étions dans le parvis des femmes, devant la porte appelée la Belle   ; il y avait beaucoup de femmes avec nous, et il vint et se tint dans l’ombre de la porte, d’où il nous regardait toutes attentivement. Mon cœur battait à coups précipités, je savais qu’il nous cherchait   ; je tendis mes bras vers lui et m’élançai en avant, en l’appelant. Il m’entendit et me vit, mais ne me reconnut pas et l’instant d’après il avait disparu.
    – En serait-il ainsi, mère, si nous le rencontrions en réalité   ? Sommes-nous donc si changées   ?
    – Peut-être, mais… La tête de la mère retomba sur sa poitrine et son visage se contracta douloureusement, cependant elle se remit et acheva sa phrase   : – Mais nous pourrions nous faire connaître à lui.
    Tirzah se remit à gémir en se tordait les mains.
    – De l’eau, mère, de l’eau, quand ce ne serait qu’une goutte   ?
    La mère regardait autour d’elle d’un air désolé. Elle avait nommé Dieu si souvent, et si souvent elle avait promis la délivrance en son nom, que la répétition de ces paroles commençait à lui faire à elle-même l’effet d’une ironie. Il lui semblait qu’une ombre interceptait la lumière et que c’était celle de la mort, attendant pour pénétrer dans la cellule que sa foi l’eût abandonnée. Sans savoir ce qu’elle disait, et parce qu’elle sentait qu’elle devait parler coûte que coûte, elle murmura   :
    – Aie patience, Tirzah, ils viennent. Ils sont presque arrivés.
    Au même moment il lui sembla qu’elle entendait du bruit dans la direction de la petite trappe, qui était le seul endroit par lequel elles pussent communiquer avec le monde extérieur. Et vraiment elle ne se trompait point, l’instant d’après le cri du condamné pénétrait dans la cellule. Tirzah l’entendit également et elles se levèrent, en se tenant toujours par la main.
    – Bénis soit à jamais l’Éternel   ! s’écria la mère avec la ferveur de sa foi renaissante.
    – Oh   ! ici   ! entendirent-elles, qui êtes-vous   ?
    La voix qui leur parlait était une voix étrangère. Qu’importait   ? Ces paroles étaient les premières et les seules que la veuve eût entendu prononcer, depuis huit ans, par quelqu’un d’autre que par Tirzah. Une révolution puissante s’opéra en elle, il lui semblait qu’elle venait de passer en un clin d’œil de la mort à la vie.
    – Une femme d’Israël, ensevelie ici avec sa fille. Hâtez-vous de nous secourir ou nous mourrons.
    – Prenez courage. Je vais revenir.
    Les deux femmes sanglotaient tout haut. On les avait découvertes, le secours approchait. Leurs désirs s’envolaient bien loin, emportés sur les ailes de l’espoir. On allait les délivrer et leur rendre tout ce qu’elles avaient perdu, leur demeure, leur fortune, leur fils, leur frère   ! La pâle lumière qui les enveloppait leur semblait glorieuse comme celle du jour à son

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