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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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coin où elle venait de se réfugier, ce cri désespéré   :
    – Souillées, souillées   !
    Ah   ! quel effort l’accomplissement de ce devoir ne lui coûtait-il pas   ! Mais aucune joie égoïste ne devait la rendre aveugle aux conséquences de sa libération, maintenant qu’elle y touchait enfin. Son ancienne vie heureuse ne pourrait plus jamais renaître. Si elle se rendait à la porte de la maison qu’elle avait appelée la sienne, ce serait pour s’y arrêter et crier   :
    – Souillées, souillées   !
    Elle devrait imposer silence à son cœur aimant, car jamais personne ne répondrait plus à ses protestations d’affection. Son fils lui-même, ce fils, objet de ses plus tendres pensées, devrait, s’il la rencontrait, demeurer à distance. S’il lui tendait les mains en criant   : « Mère, mère   ! » elle serait obligée par amour pour lui, de répondre   : « Souillée, souillée   ! » Et son autre enfant, devant laquelle elle étendait, faute d’autres voiles, les longues boucles de sa chevelure d’une blancheur surnaturelle, continuerait à être la seule compagne de sa vie dévastée. Et pourtant la vaillante femme poussait ce cri immémorial, seule salutation qu’il lui serait permis désormais d’adresser à ses semblables   : « Souillées, souillées   ! » Le tribun l’entendit avec un frémissement, mais ne recula pas.
    – Qui êtes-vous   ? demanda-t-il.
    – Deux femmes mourant de faim et de soif   ; mais n’approchez pas et ne touchez ni le sol, ni les murailles, nous sommes souillées, souillées   !
    – Raconte-moi ton histoire, femme. Dis-moi ton nom, quand, par qui et pourquoi tu as été enfermée ici.
    – Il y avait autrefois, dans cette ville de Jérusalem, un prince Ben-Hur, l’ami de tous les Romains généreux et de César lui-même. Je suis sa veuve et voici sa fille. Comment pourrais-je te dire pourquoi nous avons été jetées dans ce cachot   ? Je l’ignore moi-même, à moins que ce ne soit parce que nous étions riches. Gratien saurait te dire qui était notre ennemi et quand notre emprisonnement a commencé, moi, je ne le puis pas. Vois à quoi nous avons été réduites et aie pitié de nous   !
    L’air était empesté et la fumée des torches l’alourdissait encore, cependant le Romain fit signe à l’un des hommes qui l’accompagnaient de l’éclairer de plus près et se mit à écrire, mot à mot, la réponse de la prisonnière. Elle contenait tout à la fois, malgré sa brièveté, une histoire, une accusation et une prière. Aucune personne ordinaire n’aurait pu en faire une pareille et il ne pouvait que la croire et la plaindre.
    – Tu seras délivrée, femme, lui dit-il en fermant ses tablettes. Je vais t’envoyer de quoi manger et boire.
    – Et des vêtements, ainsi que de l’eau pour nous laver, nous t’en prions, ô généreux Romain   !
    – Il sera fait selon ton désir, répliqua-t-il.
    – Dieu est bon, s’écria la veuve en sanglotant. Que sa paix demeure avec toi   !
    – Je ne vous reverrai plus, ajouta le tribun. Préparez-vous à sortir d’ici   ; ce soir je vous ferai conduire à la porte de la tour et remettre en liberté. Vous connaissez la loi. Adieu.
    Il adressa quelques paroles à ceux qui l’accompagnaient et disparut sous la porte. Peu d’instants plus tard, des esclaves apportèrent dans la cellule une grande cruche d’eau, un bassin et des linges, un plateau chargé de pain et de viande et quelques vêtements de femmes. Ils déposèrent tout cela par terre, à la portée des prisonnières, après quoi ils s’enfuirent en toute hâte.
    Vers le milieu de la première veille, on les reconduisit à la porte et on les mit à la rue. Les Romains jugeaient que désormais elles ne les concernaient plus   ; elles se retrouvaient encore une fois libres d’aller où bon leur semblait, dans la cité de leurs pères. Elles regardèrent les étoiles qui scintillaient gaîment, comme à l’époque lointaine où elles les contemplaient du haut de la terrasse de leur palais, puis elles se demandèrent   :
    – Où irons-nous maintenant, et que va-t-il advenir de nous   ?

CHAPITRE XXXIV
    Au moment où Gésius faisait sa déposition devant le tribun, dans la tour Antonia, un voyageur gravissait le versant oriental du mont des Oliviers. La route était raboteuse et poussiéreuse et la végétation brûlée tout à l’entour, car la sécheresse régnait en Judée en cette saison.

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