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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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lèpre. De cette manière il ne les mettait pas seulement en lieu sûr, il les exposait encore à une mort certaine. Il les y fit conduire de nuit par quelques esclaves, qui complétèrent leur sinistre mandat en murant la porte, après quoi ils furent séparés les uns des autres et envoyés assez loin de Jérusalem, pour que l’on entendît plus parler d’eux. Pour se soustraire à l’accusation possible d’avoir commis un double meurtre, et non puni des coupables, Gratien jugeait prudent de jeter ses victimes dans un cachot où une mort lente mais certaine les attendait. Afin de ne pas abréger cette existence misérable, il choisit un condamné que l’on avait préalablement rendu aveugle et muet, et le plaça dans l’unique cellule adjacente, pour qu’il leur fît passer leur nourriture. Jamais le pauvre hère ne pourrait raconter son histoire et rétablir son identité, ni celle de ses compagnons de captivité. C’est ainsi que le Romain suivait un plan, dû en grande partie à Messala, et destiné à le débarrasser de tous les obstacles qui auraient pu s’opposer à la confiscation des biens des Hur, ces biens dont jamais la moindre parcelle n’avait grossi le trésor impérial.
    Le dernier soin de Gratien fut de renvoyer sommairement le vieux geôlier de la prison, parce qu’il aurait été impossible de lui cacher ce qui venait de se passer, vu sa connaissance de la disposition des cellules. Nommer Gésius à la place du gardien congédié, faire établir un nouveau plan et le lui confier, avec les instructions qu’il venait de raconter au tribun, avait été pour le procurateur l’affaire de quelques heures, après quoi il s’était dit, sans un remords, que personne n’entendrait plus parler des malheureuses, enfermées dans la cellule dont le nouveau geôlier ignorait l’existence.
    Les deux femmes étaient assises près d’une étroite ouverture, creusée dans l’épaisse muraille, afin de laisser un peu d’air pénétrer dans la cellule. La lumière passant au travers de cette ouverture projetait sur elles un reflet blafard, qui leur donnait des airs de fantômes. Elles n’avaient ni vêtements, ni couvertures et se tenaient embrassées   : si la richesse a des ailes, si le confort s’évanouit, si l’espoir s’éteint, l’amour demeure, et Dieu est amour. Le sol, à l’endroit où elles se trouvaient, était poli comme du marbre.
    Combien d’heures, durant ces huit années, n’avaient-elles pas passées devant cette ouverture, nourrissant un vague espoir de délivrance, auprès de ce rayon de lumière qui, si mince fût-il, leur faisait l’effet d’un ami   ! Lorsqu’elles commençaient à l’apercevoir, glissant lentement sur les pierres, elles savaient que c’était le matin   ; quand il disparaissait, elles se disaient que le monde allait être plongé dans la nuit, qu’elle ne serait nulle part aussi longue et aussi profonde qu’autour d’elles. Le monde   ! Leurs pensées y retournaient sans cesse. Elles se voyaient passant au travers de cette étroite ouverture comme au travers d’une porte royale et parcourant l’univers en demandant à chacun, l’une son fils, l’autre son frère. Elles employaient leurs interminables loisir à le chercher en esprit sur les mers et dans les îles   ; aujourd’hui, se disaient-elles, il est dans telle ville, demain il sera dans telle autre. Elles le voyaient toujours fuyant d’un endroit à un autre, car elles étaient certaines que puisqu’elles vivaient pour l’attendre, lui vivait pour les retrouver. Combien souvent leurs pensées ne se croisèrent-elles pas, sans qu’ils s’en doutassent, à travers l’espace   ! Il leur était doux de se répéter l’une et l’autre   : « Tant qu’il vivra il ne nous oubliera pas   ; tant qu’il se souviendra de nous, nous pouvons conserver de l’espoir   ! » Et cela suffisait pour soutenir leurs forces au sein de la terrible épreuve à laquelle elles auraient peut-être succombé sans cela.
    Il s’était opéré en elles un changement que ni les années, ni la captivité n’auraient suffi à produire. La mère était belle autrefois, et sa fille aussi   : personne, même l’ami le plus tendre, n’aurait pu en dire autant à cette heure. Leurs cheveux étaient longs, emmêlés et extrêmement blancs   ; tout leur aspect avait quelque chose de repoussant   ; peut-être n’était-ce que l’effet de la lumière blafarde qui les éclairait, ou bien de la

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