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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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plusieurs reprises, en mettant toute son âme dans ses baisers.
    Il fit un mouvement et ferma sa main. Elles se retirèrent en arrière et l’entendirent murmurer en rêve   : – Mère   ! Amrah   ! Où est… – Un frisson de tendresse secouait Tirzah, et sa mère inclina son front dans la poussière de la rue, pour étouffer le bruit de ses sanglots. Elle se prenait à souhaiter qu’il s’éveillât et pourtant n’était-ce point assez que de savoir qu’il l’appelait, qu’il ne l’avait point oubliée, que dans son sommeil il pensait à elle   !
    Enfin elle se leva en faisant signe à Tirzah de la suivre. Après avoir jeté un dernier regard sur ce visage bien-aimé, comme pour le graver dans sa mémoire, elle se retira de l’autre côté de la rue, et à l’ombre d’une muraille, elles s’agenouillèrent de nouveau, le regardant de loin, attendant son réveil, afin de savoir au moins de quel côté il se rendait.
    Tout à coup elles virent une autre femme paraître au coin du palais. De leur coin obscur elles distinguaient clairement ses contours. C’était une petite vieille courbée par l’âge, au teint basané, aux cheveux blancs, vêtue comme une servante et portant une corbeille de légumes. Elle s’arrêta à la vue de l’homme endormi sur les dalles tout près de la porte, puis elle reprit sa course, en prenant soin de ne pas l’éveiller. Quand elle l’eut contourné, elle vint à la porte, poussa, sans aucune peine apparente, le guichet de son côté et passa son bras à l’intérieur. Aussitôt une des planches du battant gauche s’ouvrit sans bruit. Elle fit passer son panier par cette ouverture et s’apprêtait à le suivre, quand la curiosité la poussa à revenir en arrière pour regarder l’étranger dont le visage était tourné de son côté.
    De leur poste d’observation, les deux femmes entendirent la vieille servante pousser une exclamation. Elle frottait ses yeux comme si elle ne se fiait pas à leur témoignage, puis elle se pencha et enfin elle prit la main du dormeur dans les siennes et l’embrassa avec passion, comme les pauvres lépreuses auraient tant aimé le faire elles-mêmes. Éveillé par ce baiser, Ben-Hur retira instinctivement sa main et ses yeux rencontrèrent ceux de la vieille femme.
    – Amrah   ! Ô Amrah   ! est-ce toi   ? s’écria-t-il.
    Incapable de répondre, elle jeta ses bras autour de son cou et se mit à pleurer de joie. Doucement il se dégagea et la força à relever la tête, puis il embrassa son pauvre visage noir et ridé, avec une joie à peine moins vive que celle dont elle faisait preuve.
    – Dis-moi quelque chose de ma mère et de Tirzah, Amrah   ! Parle, parle, je t’en supplie.
    Pour toute réponse, Amrah se remit à pleurer.
    – Tu les a vues, Amrah. Tu sais où elles sont. Dis-moi qu’elles sont là, à la maison.
    Tirzah fit un mouvement, mais sa mère devinant son intention la retint par le bras en murmurant   :
    – N’y va pas   ! Ne sommes-nous pas souillées, souillées   !
    Son amour était tyrannique. Quand bien même leurs deux cœurs se seraient brisés, elles n’auraient pas voulu qu’il devînt ce qu’elles étaient. Amrah pleurait toujours et Ben-Hur reprit en voyant qu’il y avait une ouverture dans la porte   :
    – Allais-tu rentrer   ? Viens donc, j’irai avec toi, car ces Romains maudits ont menti, cette maison m’appartient toujours.
    L’instant d’après ils avaient disparu, laissant les deux femmes que l’ombre avait dérobées à leur vue, seules en face de cette porte fermée, qui ne se rouvrirait jamais pour elles. Elles avaient fait leur devoir et donné à Ben-Hur, sans qu’il s’en doutât, une preuve suprême de leur amour. Au matin on les découvrit et on les chassa de la ville, en leur jetant des pierres   : « Allez-vous-en   ! Vous appartenez aux morts, allez vers les morts. » Et les deux malheureuses s’enfuirent, poursuivies par ces inexorables paroles.

CHAPITRE XXXV
    Le surlendemain, dès le grand matin, Amrah descendit la vallée du Cédron jusqu’au puits d’Enrogel, près duquel elle s’assit sur une pierre. Un habitant de Jérusalem, s’il l’avait regardée, n’aurait pas manqué de dire qu’elle devait être la servante favorite d’une famille aisée. Elle avait avec elle une cruche vide et une corbeille, dont un linge blanc comme la neige recouvrait le contenu. Elle les déposa à côté d’elle, détacha le châle qui recouvrait sa

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