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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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ils eurent atteint la cour intérieure.
    – Maintenant, dit Ben-Hur, dont l’autorité était tacitement reconnue, ne vous séparez pas et suivez-moi.
    Il s’élança au milieu des assaillants, suivi de toute sa troupe, et bientôt Romains et Galiléens en vinrent aux mains. Ils combattaient à armes égales, mais la force surprenante de Ben-Hur, la longueur de ses bras, lui donnaient un avantage incontestable et les encouragements qu’il adressait à ses compagnons servaient en même temps à stimuler leur ardeur et à étonner ses ennemis. Bientôt il se fit dans les rangs des Romains un mouvement de recul   ; un instant plus tard ils lâchaient prise et se réfugiaient sous le portique. Les Galiléens se préparaient à les suivre, quand Ben-Hur les arrêta.
    – Restons ici, leur dit-il, je vois là-bas le centurion qui s’avance avec ses hommes   ; ils ont des épées et des boucliers, nous ne saurions nous mesurer avec eux. Nous avons fait notre devoir   ; retirons-nous pendant que nous le pouvons encore.
    Ils obéirent, mais lentement, car il leur fallait fréquemment passer sur les corps de leurs compatriotes étendus sur le sol   ; les uns poussaient des cris et des gémissements, les autres imploraient du secours, plusieurs étaient déjà morts   ; il se trouvait aussi des Romains parmi eux et cela consolait les Galiléens. Le centurion les héla au moment où ils passaient sous la porte   ; Ben-Hur se retourna en riant et lui cria dans sa propre langue   :
    – Si nous sommes des chiens d’Israélites, vous êtes des chacals, vous Romains. Ne crains rien, nous reviendrons.
    Les Galiléens l’acclamèrent et ils continuaient leur chemin. Ils se trouvèrent, au-delà de la porte, en face d’une foule si nombreuse que Ben-Hur ne se souvenait pas d’en avoir jamais vu de pareille, pas même dans le cirque d’Antioche. Les terrasses des maisons, les rues, les pentes de la colline leur apparaissaient couvertes d’une multitude innombrable de personnes pleurant, priant, remplissant l’air de leurs imprécations. À peine la petite troupe avait-elle gagné la rue, que le centurion que Ben-Hur avait apostrophé le rejoignit.
    – Arrête, insolent   ! lui cria-t-il, es-tu Juif ou Romain   ?
    – Je suis un fils de Juda, né ici même. Que veux-tu   ?
    – Me battre avec toi.
    – En combat singulier   ?
    – Comme tu voudras   !
    – Ô brave Romain   ! s’écria Ben-Hur avec ironie, digne fils de Jupiter, ton Dieu bâtard, ne vois-tu pas que je suis sans armes   ?
    – Tu auras les miennes, répondit le centurion, et j’emprunterai celles d’un des gardes.
    Ceux qui avaient entendu ce colloque firent silence, mais le bruit s’en était vite répandu bien loin à l’alentour, et Ben-Hur se disait que si après avoir battu un Romain à Antioche, aux yeux de l’extrême Orient, il pouvait en battre un autre à la vue de toute la population de Jérusalem, l’honneur qui en résulterait pour lui serait grandement profitable à la cause du nouveau roi. Il n’hésita pas à répondre au centurion   :
    – J’accepte. Prête-moi ton épée et ton bouclier.
    – Ne veux-tu pas aussi le casque et le plastron   ? demanda le Romain.
    – Garde-les, il se pourrait qu’ils ne fussent pas faits pour moi.
    Le centurion lui remit ses armes et s’en procura d’autres sans retard. Pendant ce temps, les soldats échelonnés près de la porte ne bougeaient pas, ils se contentaient de regarder ce qui allait se passer, comme s’il se fût agi d’une chose toute simple. Quant aux innombrables Juifs, ce ne fut qu’au moment où les deux combattants s’avancèrent l’un vers l’autre qu’ils se demandèrent   : « Qui donc est celui-ci   ? » et personne ne pouvait répondre à cette question.
    La supériorité des soldats romains consistait en grande partie dans la manière particulière dont ils maniaient leurs courtes épées. Dans les combats ils ne s’en servaient jamais pour frapper ou tailler, mais ils la poussaient toujours en avant pour transpercer l’ennemi   ; généralement ils visaient au visage. Ben-Hur, qui le savait, s’arrêta au dernier moment pour dire à son adversaire   :
    – Je t’ai dit que je suis un fils de Juda, mais je ne t’avais pas dit que j’ai appris à me battre en Romain, défends-toi.
    En disant cela, il se trouva face à face avec son antagoniste. Un instant ils se regardèrent par-dessus le bord de leurs boucliers en bronze, puis

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