Ben-Hur
Jérusalem pour les grandes fêtes, marchant et campant comme une armée, mais ils n’en étaient pas moins animés de sentiments libéraux et même tolérants envers les païens. Ils étaient fiers des splendides cités élevées par Hérode, surtout de Sepporis et de Tibériade, et ils l’avaient loyalement aidé de leurs contributions.
Une histoire comme celle du roi dont Ben-Hur annonçait la prochaine venue, devait tout naturellement exercer un attrait sans pareil sur ce peuple brave, fier, doué d’une imagination puissante. Il leur eût suffi pour s’enrôler parmi ses partisans, de savoir qu’il briserait le joug de Rome, et lorsque Ben-Hur les assura qu’il dominerait sur toute la terre et qu’il serait plus grand que César et plus riche que Salomon, ils ne résistèrent plus à son appel et se vouèrent corps et âme à sa cause. Ils s’informèrent cependant de l’autorité sur laquelle il fondait sa croyance. Il leur répondit en citant les prophètes et en leur parlant de Balthasar, qui attendait à Antioche l’avènement du roi. Ils se déclarèrent satisfaits, tout cela leur paraissant être la réalisation de cette légende d’un Messie à venir, qu’ils aimaient depuis longtemps, et qui leur était presque aussi familière que le nom de l’Éternel lui-même.
Un soir que Ben-Hur était, avec quelques-uns de ses Galiléens, devant la caserne où ils avaient établi leurs quartiers dans la Trachonite, un Arabe, à cheval, lui remit une lettre. Il l’ouvrit précipitamment et la lut d’un trait :
« Jérusalem, le 4 du mois de Nisan.
« Un prophète vient de paraître que les gens disent être Élie. Il a passé des années au désert, à nos yeux il est un vrai prophète. Le sujet de ses discours est la venue d’un plus grand que lui. Il l’attend dès maintenant sur la rive orientale du Jourdain. J’ai été le voir et l’entendre : celui dont il parle est certainement le roi que tu attends. Viens et juges-en par toi-même. Non seulement tout Jérusalem va l’entendre, mais on vient de tant d’autres lieux que le désert où il habite est semblable au mont des Oliviers durant les derniers jours de la Pâque.
« MALLUCH. »
Le visage de Ben-Hur resplendissait de bonheur.
– Ces paroles, ô mes amis, s’écria-t-il, mettent un terme à notre attente. Le héraut du roi est apparu et proclame sa venue.
Quand ils eurent ouï le contenu de la lettre, eux aussi se réjouirent des nouvelles qu’elle renfermait.
– Préparez-vous maintenant à partir, continua Ben-Hur, et quand viendra le matin tournez vos visages vers vos demeures. Aussitôt que vous serez arrivés dans vos maisons, envoyez dire à tous ceux qui sont sous vos ordres de se tenir prêts à s’assembler, dès que je vous aurai fait parvenir l’ordre. Pour moi je vais m’assurer s’il est vrai que le roi paraîtra bientôt et je vous informerai de ce que j’aurai vu.
Il rentra dans la caverne et écrivit à Simonide et à Ilderim pour leur communiquer les nouvelles qu’il venait de recevoir et leur annoncer son départ pour Jérusalem, puis il chargea deux messagers de porter en toute hâte ces deux lettres à leur adresse. Quand les étoiles d’après lesquelles les voyageurs dirigent leur marche au désert brillèrent au firmament, il monta sur son cheval et partit avec un guide arabe pour se rendre au Jourdain, en suivant les traces des caravanes qui vont et viennent entre Rabbath-Ammon et Damas.
Le guide était sûr et Aldébaran léger à la course, aussi l’heure de minuit les trouva-t-elle hors des champs de lave et filant à toute vitesse vers le sud.
CHAPITRE XXXVII
Ben-Hur avait compté trouver vers le matin un endroit sûr où ils pourraient se reposer, mais à l’aube ils étaient encore en plein désert, aussi dut-il se résigner à continuer sa course, confiant en la parole du guide, qui lui promettait de l’amener bientôt dans un vallon abrité par de grands rochers où ils trouveraient une source, quelques mûriers et de l’herbe, en suffisance pour leurs chevaux. Il chevauchait en songeant aux grandes choses qui se préparaient et changeraient la face du monde, quand le guide attira son attention sur des étrangers qui venaient de paraître derrière eux dans le lointain. Tout autour d’eux s’étendait le désert de sable, sur lequel le soleil levant jetait une teinte jaune et où l’on eût en vain cherché la moindre tache verte. À leur gauche, mais à une
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