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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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l’Éthiopien, après avoir fait agenouiller le chameau, aida Balthasar et Iras à sortir du palanquin, après quoi le vieillard croisa ses mains sur sa poitrine et pria silencieusement, le visage tourné vers l’Orient. Iras ordonna à l’esclave de lui apporter une coupe de cristal, qu’il prit dans le palanquin, puis elle fit signe à Ben-Hur de la suivre près de la source. Il voulait puiser l’eau pour elle, mais elle s’y opposa, et après avoir rempli le gobelet elle le lui tendit, en disant   :
    – On assure dans mon pays, fils de Hur, qu’il vaut mieux être échanson d’un homme heureux que ministre d’un roi.
    – Suis-je donc un homme heureux   ? s’écria-t-il d’un ton surpris.
    – Les dieux nous accordent le succès pour nous prouver qu’ils nous sont favorables. N’as-tu pas été vainqueur aux fêtes d’Antioche   ? C’était un premier signe de leur faveur   ; mais en voici un autre   : dans un combat à l’épée tu as tué un Romain.
    Il rougit violemment à la pensée qu’elle avait suivi sa carrière avec intérêt, puis tout à coup il se demanda comment elle avait eu connaissance de ce dernier événement. Il n’ignorait pas que le bruit de ce combat s’était répandu au loin, mais Malluch, Ilderim et Simonide savaient seuls le nom du vainqueur du Romain   ? Auraient-ils donc fait de cette femme leur confidente   ? Dans son trouble il restait silencieux, oubliant de lui rendre la coupe. Elle la lui prit des mains, la remplit de nouveau, et avant d’y tremper ses lèvres elle s’écria   :
    – Ô dieux de l’Égypte   ? Je vous rends grâce de ce que vous m’avez fait découvrir un héros et de ce que la victime du palais d’Idernee n’était pas un être qui me fût cher   !…
    L’étonnement de Ben-Hur allait croissant. L’Égyptienne savait-elle donc tout ce qui le concernait   ? Connaissait-elle la nature de ses relations avec Simonide   ? Et le traité avec Ilderim   ? Ne l’ignorait-elle pas davantage   ? Évidemment quelqu’un devait avoir trahi ses secrets les plus importants et cela justement quand il se rendait à Jérusalem, où il serait si dangereux pour lui et ses associés qu’un ennemi en fût informé. Mais, était-elle une ennemie   ? Il se posait encore cette question quand elle lui rendit la coupe qu’elle venait de vider d’un trait.
    – N’aurais-tu pas aussi une parole aimable à m’adresser, fils de Hur   ? lui dit-elle en riant.
    Il prit la coupe et se baissa pour la remplir.
    – Un fils d’Israël n’a pas de dieu auquel il puisse offrir des libations   ; mais si j’étais un Égyptien, un Grec ou un Romain, voici ce que je dirais, s’écria-t-il en levant la coupe au-dessus de sa tête   : « Ô dieux, je vous remercie d’avoir laissé au monde, malgré ses erreurs et ses souffrances, le charme de la beauté et de l’amour, et je bois à celle qui les représente le mieux, à Iras, la plus belle des filles du Nil   ! »
    Elle lui posa doucement une main sur l’épaule.
    – Tu as péché contre la loi. Les dieux que tu viens d’invoquer sont des faux dieux. Qui m’empêchera de le dire aux rabbis   ?
    – Oh   ! répondit-il en riant, ce serait une chose bien minime à rapporter, pour une personne qui en sait tant d’autres réellement importantes.
    – Je ferai plus, – j’irai auprès de la petite Juive qui soigne les rosiers plantés sur la terrasse de la maison du plus riche marchand d’Antioche et je lui raconterai…
    – Quoi donc   ?
    – Je lui raconterai les paroles que tu m’as adressées, sous ta coupe levée, en prenant à témoins des dieux étrangers   !
    Il semblait attendre qu’elle en dît d’avantage et restait silencieux. Il se représentait Esther debout à côté de son père, écoutant la lecture des lettres qu’il lui envoyait, ou les lisant elle-même. Il avait raconté à Simonide, en sa présence, l’affaire du palais d’Idernee. Elle et Iras se connaissaient   ; l’Égyptienne était habile et rusée, Esther simple, affectueuse, et par conséquent facile à circonvenir. Simonide ne pouvait l’avoir trahi, Ilderim pas davantage   ; indépendamment de leur parole donnée, ils avaient autant d’intérêt que lui-même à ne rien divulguer. Il n’accusait pas Esther, mais ne pouvait s’empêcher de la soupçonner d’avoir involontairement renseigné l’Égyptienne. Avant qu’il eût le temps de répondre à Iras, Balthasar parut près de la

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