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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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désert d’Abilène, près d’une source à côté de laquelle ils avaient dressé la tente de l’Égyptien. C’était la seconde veille de la nuit et Ben-Hur montait la garde, sa lance à la main, à un jet de pierre du chameau endormi   ; il regardait les étoiles, quand une main se posa doucement sur son bras   : Iras était devant lui.
    – Je pensais que tu dormais, lui dit-il.
    – Le sommeil est bon pour les vieillards et les petits enfants   ; je suis sortie pour contempler mes amies, les étoiles du sud qui brillent en ce moment au-dessus du Nil. Confesse que tu t’es laissé surprendre   ?
    Il prit sa main dans la sienne, en disant   :
    – Cela est vrai, mais est-ce par l’ennemi   ?
    – Oh   ! non. Être l’ennemi de quelqu’un, ce serait le haïr et la haine est une faiblesse qu’Isis ne laisserait pas approcher de moi   : sache qu’elle a déposé un baiser sur mon cœur, lorsque j’étais encore au berceau.
    – Tes discours ne ressemblent pas à ceux de ton père, ne partages-tu pas sa foi   ?
    – Je le ferais peut-être, répondit-elle avec un rire étrange, si j’avais vu les mêmes choses que lui. Je le ferai peut-être, lorsque je serai vieille comme lui. La jeunesse n’a pas besoin de religion, mais de poésie et de philosophie, et encore lui faut-il la poésie inspirée par le vin, la joie et l’amour, la philosophie excusant les folies qui ne durent qu’une saison. Le Dieu de mon père est trop terrible pour moi. Je ne l’ai pas rencontré dans les bocages de Daphné, et à Rome personne n’a entendu parler de lui. Mais j’ai un désir, fils de Hur.
    – Un désir   ! Où donc est celui qui voudrait te le refuser   ?
    – Si je te mettais à l’épreuve   ?
    – Nomme-le-moi donc, je te prie.
    – Il est bien simple   : je voudrais t’aider.
    – Tu viens du pays des sphynx, ô Égyptienne, et tu en es un. Sois miséricordieuse et parle plus clairement. En quoi ai-je besoin d’aide et comment pourrais-tu m’en donner   ?
    Elle lui répondit en riant   :
    – Pourquoi les hommes refusent-ils d’admettre que les femmes ont l’esprit plus prompt qu’eux   ? J’ai eu toute la journée ton visage sous les yeux et je n’ai eu qu’à t’observer pour voir que tu as un sujet de préoccupation   ; pour comprendre sa nature, je n’ai eu qu’à me rappeler ce que tu disais à mon père. – Elle baissa la voix et s’approcha si près de lui qu’il sentait son souffle sur sa joue. – Fils de Hur, celui à la rencontre duquel tu vas ne doit-il pas être le roi des Juifs   ?
    Le cœur de Ben-Hur se mit à battre à coups précipités.
    – Un roi des Juifs, comme Hérode, mais bien plus grand que lui, continua-t-elle.
    Il détourna la tête, ses regards semblaient interroger les profondeurs du ciel, mais il se taisait toujours.
    – J’ai eu une vision, dit-elle, si je te la raconte, me confieras-tu les tiennes   ? Comment, tu ne me réponds pas   ?
    Elle se détourna comme pour s’en aller, mais il la retint par la main en s’écriant   :
    – Reste   ! reste et parle encore   !
    – Ma vision, reprit-elle, la voici   : Je voyais éclater une guerre immense, on se battait sur terre et sur mer, j’entendais le cliquetis des armes, on eût dit que César et Pompée, Octave et Antoine étaient revenus à la vie. Un nuage de poussière et de cendres enveloppa la terre et voilà, Rome n’était plus. La domination du monde fut rendue à l’Orient, une race de héros sortit du nuage et de grandes provinces furent fondées, qui attendaient leurs satrapes. Fils de Hur, pendant que la vision s’évanouissait, je me disais   : À quoi ne pourra pas aspirer celui qui servira le roi le premier, et le plus fidèlement   ?
    Ben-Hur poussa une exclamation. Cette question, il se l’était posée plusieurs fois durant la journée.
    – Tu trouveras le roi, dit-elle doucement en posant une de ses mains sur sa tête, qu’il inclinait vers elle. Tu iras vers lui et tu le serviras. Tu gagneras, à la pointe de ton épée, ses dons les plus précieux et son meilleur soldat sera mon héros.
    Il releva la tête et vit son visage tout près du sien. Il n’y avait pas, en ce moment, dans toute l’étendue du ciel, quelque chose d’aussi brillant que ses yeux, malgré l’ombre qui s’étendait autour d’eux. Il la saisit dans ses bras et l’embrassa avec passion en s’écriant   :
    – Ô Égyptienne   ! Si le roi a des couronnes à

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