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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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elle, elle s’en rit. Hier je l’ai entendue qui disait   : « Les folies de la jeunesse sont excusables, mais chez les vieillards rien n’est respectable si ce n’est la sagesse, et lorsqu’elle les abandonne, ils devraient mourir. » Ce sont là de cruelles paroles, un Romain aurait tout aussi bien pu les prononcer. Je me les suis appliquées, car moi aussi je ne tarderai point à m’affaiblir comme son père. Mais toi, Esther, tu ne diras jamais en parlant de moi   : « il vaudrait mieux qu’il fût mort. » Ta mère était une fille de Juda.
    Elle se baissa pour l’embrasser   : des larmes perlaient au bord de ses paupières et Simonide posa une de ses mains sur la tête de sa fille en murmurant   :
    – Tu es pour moi, mon enfant, ce que le Temple était pour Salomon. Quand il aura fait de l’Égyptienne sa femme, Esther, il pensera à toi avec un grand regret et beaucoup de tourment d’esprit, car il s’éveillera pour découvrir qu’elle ne l’a choisi que par ambition, Rome est le centre de tous ses rêves. Pour elle il est le fils d’Arrius, le duumvir, et non pas le fils d’Hur, prince de Jérusalem.
    Esther ne cherchait pas à cacher l’effroi que ces paroles lui causaient.
    – Sauve-le, père, il en est temps encore   ! s’écria-t-elle d’un ton suppliant.
    – On peut sauver un homme qui se noie, mais non point un homme qui aime   !
    – Cependant tu as de l’influence sur lui. Il est seul au monde, montre-lui le danger, dis-lui quelle femme elle est.
    – Et quand je réussirais à le sauver d’elle, serait-ce pour te le donner   ? Non, Esther, je suis un esclave comme mes pères, mais je ne pourrais pas lui dire   : « Vois ma fille, elle est plus belle que l’Égyptienne et elle t’aime bien mieux   ! » Ces paroles me brûleraient la langue. Les pierres même des collines que tu vois là-bas se retourneraient de honte, quand elles me verraient passer. Non, par les patriarches, Esther, j’aimerais mieux nous voir étendus tous les deux à côté de ta mère et dormant, comme elle, le dernier sommeil   !
    – Ce n’est pas ce que je voulais dire, père, s’écria Esther, devenue toute rouge. Je ne pensais qu’à lui, à son bonheur et non pas au mien. J’ai osé l’aimer, mais je resterai digne de son respect   ; cela seul excusera ma folie. Maintenant laisse-moi lire enfin sa lettre.
    – Oui, lis-la, ma fille.
    Elle se hâta de commencer sa lecture, il lui tardait de terminer une conversation qui lui était pénible.
    « Huitième jour du mois de Nizan, »
    » Sur la route de Galilée à Jérusalem,
    » Le Nazaréen s’est mis en route en même temps que moi. J’amène, sans qu’il le sache, une de mes légions. Une seconde suivra. La Pâque servira de prétexte à l’arrivée de tout ce peuple. Il ressort de toutes ses paroles que le moment est venu où les prophéties vont s’accomplir   : notre attente va finir.
    » Je t’écris en hâte. Que la paix soit avec toi, Simonide   !
    BEN-HUR. »
    Esther tendit la lettre à son père, le cœur plein d’une amère déception. Ces lignes ne contenaient pas le moindre message pour elle, elle n’avait pas même part à la salutation, quand il aurait été si facile d’ajouter   : « et avec ta fille. » Pour la première fois de sa vie elle comprit ce qu’est la jalousie.
    – Il écrivait au huitième jour, Esther, dit Simonide, et c’est aujourd’hui   ?
    – Le neuvième.
    – Ah   ! ils peuvent être déjà à Béthanie.
    – Et peut-être nous le verrons ce soir, ajouta-t-elle, oubliant tout à coup ses chagrins, dans la joie que lui causai cette perspective.
    – Cela se pourrait   ! C’est demain la fête des pains sans levain et il éprouvera peut-être le désir de la célébrer ici, ainsi que Jésus de Nazareth. Oui, oui, Esther, il se peut que nous les voyions tous les deux.
    En ce moment le domestique apporta du vin et de l’eau, et presque en même temps Iras parut sur le seuil du pavillon. Jamais la jeune Juive n’avait trouvé l’Égyptienne si belle. Ses vêtements de gaze l’entouraient comme un nuage, et les lourds bijoux, si chers à son peuple, dont ses bras étaient chargés, étincelaient au soleil. La joie éclatait sur son visage, elle marchait du pas délibéré d’une personne sûre d’elle-même. Instinctivement, Esther se serra contre son père. Iras salua d’abord Simonide, puis elle fit un signe de tête à la fille du marchand et lui

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