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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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mère, et Tirzah, vêtue de son costume de maison, les suivait passivement. Juda leur jeta à chacune un long regard comme pour graver leurs traits dans sa mémoire, puis il couvrit ses yeux de ses mains. Peut-être pleurait-il   ; si cela était, personne ne le vit.
    Jusqu’alors il avait vécu dans une atmosphère d’amour, qui n’avait développé que le côté tendre et affectueux de sa nature, mais les sentiments violents qui existaient en lui à l’état latent venaient de s’éveiller, et dans cet instant la grande crise de sa vie s’accomplissait. Cependant aucun signe extérieur ne trahissait ce changement, ce passage subit de l’enfance à l’âge viril, si ce n’est qu’au moment où il tendit ses bras pour qu’on les liât, le trait gracieux qui donnait à sa bouche une expression de douceur charmante s’effaça pour jamais.
    Une sonnerie de trompette retentit dans la rue. Aussitôt les soldats quittèrent les galeries et plusieurs d’entre eux, n’osant pas rentrer dans les rangs avec des preuves flagrantes de pillage entre les mains, jetaient ce qu’ils tenaient sur le sol, qui fut bientôt jonché d’objets précieux.
    On fit descendre Juda et il vit amener sa mère, sa sœur et les domestiques, dont plusieurs, nés dans la maison, poussaient des cris lamentables. On chassait également vers la brèche béante qui remplaçait la porte, arrachée par les soldats, les chevaux et tous les autres animaux qui se trouvaient dans la cour. Il commençait à comprendre que le bâtiment lui-même allait être voué à la ruine, et que rien de vivant ne devait demeurer dans ses murs. S’il se trouvait encore, en Judée, un être assez pervers pour nourrir le projet d’assassiner le gouverneur romain, le sort de la famille princière des Hur lui servirait d’avertissement, et le palais dévasté contribuerait à maintenir vivant le souvenir de leur histoire.
    Sous la surveillance de l’officier, quelques hommes s’occupèrent ensuite à refaire partiellement la porte.
    Dans la rue, la lutte avait cessé   ; les nuages de poussière qui s’élevaient au dessus des toits montraient que là elle se prolongeait encore. Cependant la plus grande partie de la cohorte attendait, l’arme au bras, et toujours superbement alignée, l’ordre de reprendre sa marche, mais Juda n’avait d’yeux que pour le groupe des prisonniers, parmi lesquels il cherchait en vain à reconnaître sa mère et sa sœur.
    Tout à coup une femme, couchée sur le sol de la rue, se leva d’un bond et s’élança vers Juda. Avant que les gardes eussent, pu s’emparer de la fugitive, elle s’était jetée à ses genoux, qu’elle entourait de ses bras.
    – Ô Amrah, ma bonne Amrah   ! lui dit-il, que Dieu te vienne en aide, moi je ne puis rien pour toi.
    Elle semblait incapable de parler, il se pencha et murmura   :
    – Vis, Amrah, pour ma mère et pour Tirzah. Elles reviendront et…
    Un soldat la saisit rudement par le bras   ; elle se redressa et, glissant entre ses mains, elle s’enfuit au travers de la porte encore entr’ouverte, puis disparut dans le passage qui conduisait à la cour.
    – Laissez-la aller, commanda l’officier, nous allons murer la maison, elle y mourra de faim.
    Les soldats reprirent leur travail et quand ils l’eurent terminé, ils se dirigèrent vers la porte de l’ouest, qu’ils murèrent également. Le palais des Hur était désormais une chose morte. Enfin la cohorte entière reprit le chemin de la tour Antonia où le gouverneur se trouvait déjà, occupé à soigner ses blessures, et prêt à juger les prisonniers.
    Le lendemain, un détachement de légionnaires se rendit au palais pour sceller de cire les portes définitivement fermées, et clouer sur chacune d’elles un placard portant ces mots, en latin   :
    Propriété de l’Empereur.
    Dans l’esprit des Romains, ces simples et hautaines paroles devaient être suffisamment explicites. Elles l’étaient en effet.
    Deux jours plus tard, vers midi, un décurion, suivi des dix cavaliers qu’il commandait, approchait de Nazareth, il venait du sud, c’est-à-dire de Jérusalem. Nazareth, alors un village insignifiant, étalait sur le versant d’une colline ses maisons irrégulièrement placées, humbles masures, couvertes de pampres d’un vert éclatant. L’unique rue qui le traversait n’était guère autre chose qu’un sentier, tracé par les troupeaux. La sécheresse qui brûlait les campagnes et les collines de

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