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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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visage d’un jeune homme de son âge, ombragé de boucles de cheveux, d’une chaude nuance brun doré, un visage éclairé par des yeux bleu foncé, si doux, si compatissants, si pleins d’amour et de sainte résolution, qu’ils exercèrent sur lui une attraction irrésistible. Son cœur, endurci par deux jours et deux nuits de souffrance, et tout occupé de projets de vengeance, se fondit sous le regard de l’étranger. Il porta la cruche à ses lèvres et but à longs traits. Pas une parole ne fut échangée entre eux.
    Quand il eut fini de se désaltérer, la main, qui n’avait pas quitté l’épaule du condamné, se posa sur sa tête poussiéreuse, comme pour le bénir, puis le jeune homme remit la cruche à sa place, ramassa la hache et vint se placer à côté de Joseph. Tous ceux qui avaient été témoins de cette scène, le décurion comme les autres, le suivaient des yeux.
    Le Romain, jugeant qu’hommes et chevaux s’étaient suffisamment reposés, donna le signal du départ, mais son humeur semblait s’être adoucie, car il aida lui-même son prisonnier à se lever et à se mettre en croupe derrière un des soldats. Ce fut ainsi que, pour la première fois, Juda et le fils de Marie se rencontrèrent.

CHAPITRE X
    La ville de Misène, qui a donné son nom au cap qu’elle couronnait, à quelques kilomètres de Naples, dans la direction du sud, n’est plus qu’un amas de ruines, mais, en l’an vingt-quatre de notre ère, c’était une des plus florissantes cités de l’Italie.
    Si la vue que l’on découvrait alors du haut de ses remparts sur la baie de Naples, sa plage sans rivale, ses îles charmantes, émergeant toutes blanches de la mer aux flots bleus, est restée la même, nul ne reverra jamais la moitié de la flotte des empereurs romains évoluant dans le port de Misène, ou s’y balançant sur ses ancres. Il se trouvait, dans la muraille de la ville, une grande porte, toujours ouverte, sous laquelle venaient se rejoindre une rue et une longue jetée, qui semblaient n’être que la continuation l’une de l’autre. Un garde veillait à toute heure au-dessus de cette porte.
    Ce garde, par une belle matinée de septembre, entendit monter vers lui un grand bruit de voix   ; il jeta un coup d’œil dans la rue et vit s’avancer un groupe d’hommes. L’un d’eux paraissait avoir une cinquantaine d’années, une couronne de feuillage entourait sa tête légèrement chauve   ; il portait, ainsi que ses amis, une ample toge blanche, bordée de pourpre. De nombreux esclaves les suivaient   ; ils agitaient des torches allumées, dont la fumée répandait un lourd parfum de nard indien. Le garde comprit que ces hommes étaient des personnages de haut rang, escortant, après une nuit de fête, un des leurs au navire sur lequel il allait s’embarquer.
    – La Fortune agit mal, Quintus, en t’enlevant déjà à nous, disait un des amis de celui qui se disposait à partir. Tu n’es revenu que hier des mers lointaines et c’est à peine si tu as eu le temps de rapprendre à marcher sur terre ferme.
    – Par Castor   ! s’écria une voix fortement avinée, n’allons pas nous lamenter. Quintus s’en va chercher à regagner l’argent qu’il a perdu cette nuit   ; les dés lui seront peut-être plus favorables à bord de son bateau que dans une salle de festin   !
    – Ne médis point de la Fortune, dit un troisième, elle n’est ni aveugle, ni capricieuse, elle accompagne Quintus partout et le rend toujours victorieux.
    – Ce sont les Grecs qui nous l’enlèvent, médisons donc d’eux plutôt que des dieux. Depuis qu’ils se sont faits marchands, ils ne s’entendent plus à la guerre.
    Tout en parlant, ils avaient passé sous la porte et gagné le môle. Devant eux s’étendait la mer, étincelant aux rayons du soleil matinal. Le bruit des vagues caressa les oreilles du marin comme celui de la voix d’un ami. Il aspira longuement l’air imprégné d’une odeur salée.
    – Le vent souffle de l’ouest, dit-il, je t’en rends grâce, ô Fortune, ma mère.
    Tous ses compagnons répétèrent son exclamation et les esclaves brandirent leurs torches.
    – Voyez-vous cette galère qui approche   ? continua-t-il en étendant la main vers le large. Quel besoin un marin aurait-il d’une autre maîtresse   ? Ta Lucrèce est-elle plus gracieuse, Caïus   ?
    Vraiment, elle avait grand air, cette fière galère. Sa voile blanche se gonflait, sous l’effort du vent, et

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