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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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Esther ne répondait pas, il continua   :
    – Cela ne t’émeut point, je vois. Le fait est, Esther, que la réalité n’est jamais aussi intolérable que nous nous la représentons d’avance   ; il en sera ainsi de l’esclavage, si l’avenir nous le tient en réserve.
    – J’ai meilleure opinion de lui que toi, père. Il sait ce que c’est que la souffrance, il nous rendra la liberté.
    – Ton instinct ne te trompe guère, Esther, et tu sais que je me suis souvent laissé guider par lui. Mais ce que j’apporterais à ce jeune homme, ce n’est pas seulement un corps brisé par la torture, oh   ! non, – c’est une âme qui a été la plus forte dans la lutte avec ces Romains cruels, des yeux qui voient l’or à des distances que les vaisseaux de Salomon n’ont pas atteintes et une intelligence assez puissante pour trouver les moyens de se l’approprier. Et je possède encore une faculté qui vaut mieux qu’un corps vigoureux, mieux que le courage et la volonté, mieux même que l’expérience, la faculté la plus précieuse de toutes celles dont un homme peut être doué   : celle de dominer les hommes, de les gagner à mes projets, de les faire agir selon mes désirs. C’est ainsi que les capitaines de mes vaisseaux sillonnent les mers et ne me trompent jamais, ainsi que Malluch, aujourd’hui même, a suivi ce jeune homme… Esther, n’entends-tu pas des pas qui s’approchent   ? C’est lui, et nous allons avoir des nouvelles. Pour l’amour de toi, ma douce enfant, mon lis blanc, je prie l’Éternel, qui n’a point oublié les brebis errantes d’Israël, de permettre que ces nouvelles soient bonnes. Nous allons savoir s’il nous laissera aller en paix, toi dans toute ta beauté, moi avec toutes mes facultés.
    – Paix te soit, mon bon maître, et à toi aussi, Esther, ô la meilleure des filles   ! dit Malluch, qui venait de s’incliner très bas devant le fauteuil du marchand.
    Il eût été difficile de dire en l’observant quelle était la nature de ses relations avec eux. Ses paroles étaient celles d’un ami, ses manières celles d’un serviteur. Simonide, après avoir répondu à son salut, s’écria   :
    – Qu’as-tu à m’apprendre, Malluch   ?
    Malluch raconta aussitôt, sans commentaires, les événements de la journée.
    – Je te remercie, dit cordialement Simonide. Personne n’aurait pu accomplir mieux la tâche dont je t’avais chargé. Quelle est, à ton avis, la nationalité de ce jeune homme   ?
    – C’est un Israélite, de la tribu de Juda, mon maître.
    – Tu en es certain   ?
    – Absolument.
    – Il me paraît qu’il t’a peu parlé de sa vie.
    – Il doit avoir appris à être prudent, je puis même dire que je le crois méfiant. Il a déjoué toutes mes tentatives pour gagner sa confiance, jusqu’au moment où nous avons quitté la fontaine Castalia, pour nous rendre au village de Daphné.
    – Un lieu d’abomination   ! Pourquoi s’y était-il rendu   ?
    – Par curiosité, je suppose, le motif auquel obéissent la plupart de ceux qui s’y rendent pour la première fois   ; mais, chose étrange, une fois là, il n’a pris intérêt à rien de ce qu’il voyait. Ce jeune homme a un chagrin qu’il voudrait cacher, et je crois qu’il s’est rendu à Daphné – comme nous nous rendons aux sépultures avec nos morts – pour l’enterrer.
    – S’il en est ainsi, c’est bien, dit Simonide, à voix basse. La malédiction de notre temps est la prodigalité. Les pauvres s’appauvrissent encore en imitant les riches, et les riches se conduisent comme des princes. As-tu remarqué chez ce jeune homme quelques signes de cette folie   ?
    – Aucun, mon maître.
    – Et dans ses discours as-tu pu discerner sa préoccupation dominante   ?
    – Là-dessus, je puis te répondre sans hésiter. Il est dévoré, en premier lieu, du désir de retrouver sa mère et sa sœur. Il a encore à se plaindre de Rome, et comme Messala, dont je t’ai parlé tout à l’heure, a été, d’une façon ou de l’autre, mêlé aux événements qui l’ont fait souffrir, le but qu’il poursuit actuellement, c’est de se venger de lui en l’humiliant. Il en aurait eu l’occasion près de la fontaine, mais il n’en a pas profité, le lieu ne lui paraissant pas suffisamment public.
    – Ce Messala a de l’influence, dit Simonide d’un air pensif.
    – Peut-être, mais leur prochaine rencontre aura lieu au cirque, et le fils

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