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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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partager toutes ses joies, ses haines ou ses craintes   :
    – À quoi songes-tu, Esther   ? reprit-il. Désires-tu quelque chose   ? Si cela est, dis-le moi, pendant qu’il est encore en mon pouvoir de t’accorder tes demandes. Le pouvoir, tu le sais, est une chose capricieuse. Il a des ailes et s’envole aisément.
    Elle lui répondit avec une simplicité enfantine   :
    – Fais-le chercher, père, fais-le chercher encore ce soir et ne lui permets pas de s’exposer dans le cirque.
    Il poussa une exclamation. Pour la première fois la jalousie lui étreignait le cœur. Se pourrait-il vraiment qu’elle aimât son jeune maître   ? Cela ne saurait être, se dit-il, elle est encore trop jeune. Trop jeune   ! Hélas   ! Elle avait seize ans, il ne le savait que trop. Ne se souvenait-il pas d’être allé avec elle aux chantiers, pour célébrer le jour de sa naissance, en assistant au lancement d’une galère qui portait sur son pavillon jaune le nom d’Esther   ? Et cependant cette constatation lui causa une surprise d’autant plus pénible qu’il réalisait en même temps cette vérité à laquelle l’homme cherche à se soustraire   : que pour lui aussi les années avaient marché et que bientôt peut-être la mort se dresserait à son chevet. Non contente de mettre au service d’un maître sa jeunesse et sa force, Esther lui donnerait-elle encore son affection, sa tendresse, toutes ces choses dont jusqu’alors il avait joui sans partage   ? Cette pensée lui causait une douleur intolérable   ; pendant un instant il en oublia ses projets relatifs au roi miraculeux   ; mais bientôt, faisant un violent effort, il reprit son sang-froid et dit d’une voix calme   :
    – Pourquoi ne se rendrait-il pas au cirque   ? Parle, enfant.
    – Ce n’est pas la place d’un enfant d’Israël, père.
    – Ce sont des idées rabbiniques, Esther. Est-ce là tout   ?
    Il semblait vouloir scruter les pensées de la jeune fille, dont le cœur battait si fort, sous l’empire de la délicieuse confusion qui l’envahissait, qu’elle essaya vainement de répondre.
    – Ce jeune homme aura notre fortune, dit Simonide en lui pressant la main, mais je ne pensais pas me sentir pauvre pour si peu, je croyais que tu me resterais et que je posséderais toujours ton amour, qui me rappelle celui de ma Rachel. Dis-moi, Esther, s’il me prendra encore cela   ?
    Elle appuya silencieusement sa joue contre l’épaule de son père.
    – Parle, Esther. Je serai plus fort quand je saurai la vérité.
    Elle se redressa en lui disant avec sincérité   :
    – Console-toi, père. Je ne te quitterai jamais   ; quand bien même il prendrait mon amour, je serai toujours ta servante. Elle s’arrêta pour l’embrasser, puis elle continua   : Il est vrai que je le trouve beau, que sa voix m’attire et que je tremble à l’idée de le voir courir des dangers. Oui, père, je l’avoue, je serais heureuse de le revoir, mais l’amour qu’on ne sollicite pas ne saurait être complet et je n’oublierai jamais que je suis ta fille et celle de ma mère.
    – Tu es vraiment une bénédiction du Seigneur, Esther, une bénédiction qui suffirait à me rendre riche, quand même tout le reste me serait enlevé. Et par son saint nom, je jure que toi, du moins, tu n’auras pas à souffrir.
    À sa requête, un domestique le ramena dans sa chambre où il resta longtemps éveillé   ; songeant à la venue du roi mystérieux, tandis qu’Esther rentrait chez elle et s’endormait du sommeil de l’innocence.

CHAPITRE XXII
    À peine Malluch avait-il quitté Ilderim et Ben-Hur, que déjà des serviteurs s’empressaient autour d’eux pour leur enlever leurs sandales poussiéreuses.
    – Assieds-toi, au nom de Dieu, et repose-toi sous ma tente, dit le cheik à son hôte, dans le dialecte en usage sur la place du marché à Jérusalem.
    Ils prirent place sur un large divan et tandis qu’une esclave lavait leurs pieds avec de l’eau fraîchement puisée dans le lac, Ilderim passait ses longs doigts dans sa barbé argentée.
    – J’espère que tu as faim, dit-il à son hôte   ; nous avons, nous autres Arabes, un proverbe qui prétend qu’un bon appétit est le gage d’une longue vie.
    – Alors, bon cheik, je vivrai cent ans, répondit Ben-Hur, je me sens aussi affamé que les loups du désert, qui rôdent le soir autour de tes troupeaux.
    – Je ne te renverrai pas à vide, comme un loup, je te donnerai le meilleur de

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