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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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événements, dit Ragastens.
    – Oh ! Ce n’est pas tout ! reprit l’officier d’une voix pâteuse… Tenez, voulez-vous venir avec moi ? Vous verrez quelque chose de curieux…
    – Est-ce loin que vous allez ? demanda Ragastens du ton d’un homme qui ne tient pas à interrompre son dîner.
    Un tressaillement de joie l’avait agité. Mais cette joie, il la déguisa sous un masque d’indifférence.
    – Tout près, dit l’officier, à l’église !
    – Ce n’est pas l’heure d’aller à messe, ni à vêpres !… fit Ragastens en riant.
    – Non, mais venez, vous verrez…
    – Eh bien, soit ! Pour vous tenir compagnie…
    Suivi de Ragastens, l’officier sortit de l’auberge. Devant le hangar, quatre soldats attendaient, la hallebarde au poing. La petite troupe se mit en route. La nuit était venue et déjà les maisons de Tivoli s’étaient fermées.
    Ragastens affecta de marcher près de l’officier et de lui causer familièrement, de façon que les soldats pussent bien constater cette intimité. On arriva à l’église.
    Les quatre nouveaux factionnaires prirent la place de ceux qu’ils venaient de relever, puis l’officier revint aussitôt à l’auberge en ramenant les hallebardiers dont le tour était fini.
    – Vous avez vu ? demanda-t-il à Ragastens, lorsqu’ils furent installés de nouveau à table.
    – En effet. C’est assez lugubre, ce cercueil avec ces hallebardiers. Comme si le mort devait s’enfuir !…
    L’officier éclata d’un rire épais.
    – Pas de danger ! Mais le mort est une morte… et ce n’est pas pour l’empêcher de s’enfuir que mes soldats montent la garde… c’est pour lui faire honneur.
    – Une morte, dites-vous ?
    – Chut !… Il paraît que c’est une parente du Saint-Père… une parente très rapprochée… quelque chose comme sa fille !
    – Hé ! hé ! On dit que le pape, dans son jeune temps…
    – Justement… Et même maintenant !
    – En sorte que la défunte ?…
    – C’est le fruit d’une de ses passagères amours dont le pape sanctifie parfois les dames romaines… Pauvre petite ! Seize ans à peine !
    – Vous l’avez vue ?…
    – Oui, le soir, dans le jardin. Je commençais même à en devenir amoureux !…
    – Diable ! pensa Ragastens, est-ce que cet imbécile aurait le vin idyllique ? Dans ces conditions, poursuivit-il à haute voix, je comprends la garde d’honneur. Mais, comme vous disiez, c’est une corvée pour vous !…
    – Corvée d’autant plus dure que l’obligation de me déranger toutes les deux heures va me faire manquer une occasion superbe…
    – Laquelle ? Contez-moi cela…
    – Vous voyez cette petite servante, avec son pied de marquise, sa jupe courte, et ses yeux incandescents ?… Eh bien ! Elle raffole de moi… elle vient de me le dire !… Mais la consigne avant tout !
    De minute en minute, Ragastens versait à boire à l’officier.
    – Ah ! soupira-t-il en jetant un regard sur la servante qui allait et venait dans la salle, s’il n’y avait pas cette maudite corvée !…
    – Qui vous empêche de concilier la corvée et l’amour ? fit Ragastens à brûle-pourpoint.
    L’officier le regarda d’un air hébété.
    – Que voulez-vous dire ? bégaya-t-il.
    – Eh que diable ! Entre camarades, on se doit quelque chose !… Je vous remplacerai !…
    – Vous ?…
    – Moi ! Pourquoi pas ?… Je suis du métier, camarade !
    – La consigne ! fit l’officier avec effort pour reprendre son sang-froid. Je ne veux pas…
    – Envoyez donc la consigne au diable !… Voyez la jolie fille qui tourne vers vous un œil langoureux… Morbleu ! Il vous faudrait du courage…
    – Du courage ?… Oui… j’en aurai… À boire…
    Ragastens fit signe à la servante qui s’empressa de venir verser. Il n’y avait plus personne dans l’auberge. Les maîtres s’étaient couchés. La porte principale était fermée. Ragastens se leva tout à coup et embrassa la jolie servante sur les deux joues.
    – Morbleu ! C’est frais, c’est velouté ! Ah ! Camarade, je prends votre place, puisque vous gardez la consigne.
    La servante ne se défendait qu’à peine. Ragastens la poussa sur les genoux de l’officier.
    – Ah ! la friponne, fit-il, elle ne veut pas de moi…
    – Oui, hoqueta l’autre, elle m’aime…
    – Allez donc dormir… je suis là pour la consigne !
    L’officier se leva en titubant et s’appuya au bras de

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